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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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suggérer des œuvres d’art érotiques. Et les grognements poussifs qui parvenaient à nos oreilles n’avaient rien de musical. Nous vîmes un client se laver à l’aide d’une aiguière. L’hygiène était limitée. Il y avait des portemanteaux pour suspendre les capes, et une grande flèche indiquait la direction des latrines. Pour ceux qui avaient le nez bouché.
    Un petit esclave nous dépassa en courant. Il portait plusieurs bouteilles sur un plateau, et nous le vîmes entrer dans une pièce qui ressemblait à la salle commune d’une auberge. Des hommes de basse classe étaient à demi vautrés sur des tables, en train de jouer ou de conspirer. Petronius fut tout de suite tenté d’y jeter un œil inquisiteur, mais le jeune esclave lui claqua la porte au nez. Il s’agissait peut-être tout simplement de la réunion hebdomadaire de la guilde des éleveurs de poulets. Qui sait ?
    Après avoir gravi un escalier étroit, nous nous retrouvâmes dans un couloir bordé de portes qui s’ouvraient sur des chambres plus grandes, réservées aux clients dont la bourse était mieux remplie. Le son d’un tambourin agité frénétiquement parvenait distinctement à nos oreilles, et une fumée insidieuse à l’odeur caractéristique nous chatouillait les narines. L’Académie de Platon était bien plus vaste que sa façade modeste le laissait supposer. Et elle pouvait satisfaire les goûts de clientèles variées. J’étais également persuadé qu’elle possédait plusieurs issues.
    L’odeur de feuilles brûlées, bien distincte de celle de l’encens, me fit tousser. Petro ne toussait pas, mais je le voyais grimacer. À la suite de Macra, nous traversâmes une vaste salle de banquet au plancher affaissé. Seuls les dieux pouvaient savoir quelles orgies avaient coutume de s’y dérouler. Des pétales de fleurs fanés jonchaient encore le sol. La pièce était décorée d’une statue représentant deux silhouettes enlacées. Deux silhouettes dotées d’organes reproducteurs très appréciables. Et une chèvre complétait le tableau.
    Le couloir devenait de plus en plus sombre. En provenance d’une pièce encore lointaine, nous parvenait le son d’une flûte maniée par une vraie professionnelle. Macra frappa, puis se contenta d’entrouvrir la porte pour nous empêcher de voir à l’intérieur de la pièce. Après avoir formulé des excuses, elle expliqua le motif de son intrusion. Tout de suite, une voix de femme exprima des regrets à son tour :
    — Je suis désolée, dit-elle. Macra va s’occuper de toi : tu peux lui faire confiance.
    Suivirent des mouvements brusques. Une adolescente à moitié nue passa devant Macra armée de sa flûte et disparut. Puis un magistrat que nous n’eûmes aucun mal à reconnaître sortit à son tour de la pièce.
    Il ne se donna pas la peine de nous saluer, mais Petronius ne se gêna pas pour s’incliner ironiquement devant lui. Quant à moi, je me collai contre le mur pour ne pas risquer de salir la toge bordée de pourpre de Son Honneur. Ce très important patricien ignora notre courtoisie. Nous ne pûmes nous empêcher de nous demander si ce n’était pas à cause de la dévotion qu’il affichait en public pour sa femme, un peu plus âgée que lui, mais jouissant de hautes relations et d’une immense fortune.
    Macra nous adressa un rictus éloquent et ouvrit la porte en grand. Nous fûmes surpris d’être accueillis par la lumière du jour et des senteurs de violettes et d’hydromel. Sans attendre, Macra se hâta à la suite du magistrat. Petro et moi franchîmes le seuil pour aller à la rencontre de Lalage.
    On pouvait deviner que son visage avait été très beau. Mais tout juste, tellement son maquillage était épais. Elle était en train de rajuster sa tunique de soie jaune sans hâte excessive. Nous eûmes tout le temps d’apercevoir un corps huilé et parfumé qui laissa les deux honnêtes citoyens que nous étions bouche bée. Sa coiffure était ornée de perles orientales qui auraient pu pousser une impératrice les convoitant à la faire assassiner. Son collier était un magnifique assortiment de saphirs et d’améthystes. Des bracelets grecs en filigrane d’or s’enroulaient autour de ses bras. La colère se lisait dans ses yeux. Elle oublia de nous souhaiter la bienvenue dans son établissement et se garda bien de nous offrir à boire.
    L’oreille gauche, délicate, de la célèbre Lalage s’ornait d’une cicatrice très visible. La

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