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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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précieuse poulette s’efforçait de jouer le rôle d’une élégante courtisane orientale, mais je savais exactement d’où elle sortait. Nous nous étions déjà rencontrés.

20
    — Vous pensez en avoir pour longtemps ?
    Sa voix était aussi agréable à entendre que des galets agités dans le vinaigre pour nettoyer une poêle à frire trop noircie.
    Comme nous ne répondîmes pas immédiatement, elle ajouta :
    — Nous attendons des invités.
    — Des invités venant de Lycie, peut-être ? suggéra Petronius.
    — Tu as un sacré culot ! éructa-t-elle.
    Elle continuait de draper sa tunique autour d’elle avec des broches et s’intéressait beaucoup plus à cette occupation qu’à nous. Ce fut encore une fois elle qui reprit la parole en relevant brusquement la tête :
    — J’espère que vous avez de bonnes raisons pour venir me déranger. Heureusement que nous avions terminé, ou j’aurais été capable de vous tuer. J’étais en compagnie de mon meilleur client.
    — Il a droit à des faveurs spéciales ? s’enquit Petronius.
    — Il sait qu’il n’existe aucun endroit où il sera mieux traité qu’ici, ironisa-t-elle.
    Là-dessus, elle nous dévisagea d’une manière effrontée. D’abord Petronius, solide et visiblement hostile, puis moi, moins grand mais aussi costaud, et l’air tout aussi malveillant.
    — Il a laissé son licteur à la maison, c’est ça ? demandai-je d’un ton insultant.
    Cet officier se devait de le précéder partout en portant un faisceau de verges qui enserrait une hache.
    — T’occupe ! On sait aussi comment traiter les licteurs dans cette maison.
    — Ils sont censés savoir quoi faire de leurs verges ! ironisai-je. Et puis laisser son licteur à la maison serait le meilleur moyen d’éveiller les soupçons de sa femme.
    — Tu as tort de t’inquiéter pour ça, assura Petro. Les magistrats sont généralement futés. Celui-là doit savoir comment jeter de la poudre aux yeux de sa rombière qu’il laisse se morfondre dans l’atrium. Et si son licteur est aussi bien traité ici que Lalage le prétend, c’est pas lui qui va aller vendre la mèche.
    — Si vous arrêtiez votre numéro de duettistes qui ne m’amuse pas ! trancha la matrone en posant ses pieds nus par terre.
    Puis elle resta assise au bord de sa couche, un meuble tarabiscoté surchargé d’enjolivures de bronze et croulant sous les coussins. Une décoration soi-disant féminine. Je connaissais pourtant plusieurs femmes qui auraient joyeusement balancé Lalage par la fenêtre et toutes ses fanfreluches après elle. Pas à cause de l’activité à laquelle elle se livrait sur cette couche – la morale n’avait rien à voir là-dedans. Simplement pour la punir de son mauvais goût.
    Elle croisa les bras en faisant tintinnabuler ses bijoux et attendit, le visage fermé.
    Mon vieux complice et moi avions pris soin de nous planter chacun dans un coin différent de la pièce, ce qui l’obligeait à tourner la tête pour regarder celui de nous deux qui s’exprimait. Pour le commun des mortels, cette tactique s’avérait déstabilisatrice, mais allez savoir pourquoi, je soupçonnais Lalage de s’être beaucoup entraînée à affronter deux hommes à la fois. En bonne professionnelle, cependant, elle participa sans broncher à notre petit jeu.
    — On a quelques questions à te poser, commença Petro.
    — Tu veux dire, encore d’autres questions ? demanda-t-elle ironiquement. Je croyais que l’épisode avec les Lyciens, c’était du passé.
    Elle s’imaginait que nous étions venus lui reparler du meurtre du touriste ayant servi de motif principal au procès de Balbinus Pius.
    — On ne s’intéresse plus aux Lyciens.
    — Alors, je ne peux rien pour vous !
    — Je crois que si, et il vaudrait mieux que tu coopères, assura Petro. Ou tu préfères qu’on perquisitionne ton établissement de la cave au grenier ? Je suis persuadé qu’on trouverait plus d’une mineure kidnappée en train d’être abusée dans tes alcôves. Ou des femmes libres pas déclarées. Et es-tu absolument certaine d’appliquer à la lettre toutes les lois sur l’hygiène ? Dis-moi aussi : est-ce qu’on sert des repas ici ? Si oui, c’est que tu as obtenu la licence qui convient… Et puis, j’aimerais savoir qui sont exactement ces personnages suspects qui se pressent autour des tables dans une grande salle du bas ?
    Petronius s’en tenait strictement à la loi, ce qui

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