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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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des marins qui, d’après leur démarche, venaient tout juste de quitter leur navire, des esclaves, des affranchis, de petits hommes d’affaires à l’air pressé. Quelques marins se croyaient obligés de faire du tapage. De temps à autre, nous avions remarqué un personnage important pénétrant furtivement dans l’établissement après avoir jeté un regard inquiet autour de lui. Un ou deux que nous avions pu reconnaître ressortirent de l’établissement assez vite, donnant l’impression d’être simplement passés saluer leur vieille mère.
    — Je suppose qu’il y a une différence, commenta Petro, de la voix sombre qu’il prenait pour philosopher, entre les hommes qui viennent chez Platon parce qu’ils ne le devraient pas, et ceux qui n’ont aucun interdit.
    — Je ne te suis pas très bien, admis-je.
    — Ce qui excite surtout une partie de ceux qui fréquentent les prostituées, c’est le sentiment de culpabilité. Ce n’est pas le cas chez Platon. Ici, on vient acheter une putain après avoir choisi un poulet pour le dîner et avant d’aller récupérer ses bottes chez le cordonnier.
    — Crois-tu que la tenancière te laisse d’abord tâter les filles pour t’assurer qu’elles sont mûres ?
    Il m’enfonça son coude dans les côtés en riant.
    — On pourrait nous prendre pour deux nouvelles recrues qui se demandent ce qui peut bien se passer dans le canabæ à côté du fort d’Isca !
    Impossible de déterminer si mon vieux copain Petronius trouvait cette comparaison agréable ou répréhensible.
    — Moi, je sais exactement ce qui se passait dans le canabæ, dis-je gravement. Et je me ferai un plaisir de te l’expliquer un jour. Quand tu auras beaucoup de temps pour m’écouter.
    Je parvins à me reculer à temps, empêchant Petro de me fêler une côte.
    Nous étions si proches de l’entrée béante de chez Platon que nous entendions le marchandage des clients. Il était facile de repérer les étrangers à leurs yeux écarquillés, et aussi les gogos romains, dont la bourse contenait trop de sesterces. Des maquereaux efficaces les avaient ramassés comme des fleurs dans le forum et ramenés ici pour y être dépouillés et probablement victimes de chantages ultérieurs. En revanche, il était impossible de reconnaître qui venait seulement là pour jouer quelques parties avec les soldats en dépit des lois anti-jeux. D’autres n’étaient probablement que de petits escrocs venus échanger les derniers potins courant dans le milieu.
    Peu de femmes étaient visibles. Curieusement.
    — Trop occupées ? suggérai-je.
    — La direction ne les encourage pas précisément à se balader pour acheter des rubans.
    Petronius insinuait que les prostituées de l’Académie de Platon étaient de véritables esclaves.
    Nous avions terminé notre repas dégoûtant. Nous réglâmes l’addition en laissant un pourboire misérable. Le serveur fit l’effort de se lever pour exprimer son mépris en crachant.
    — Recommence, lui lança Petronius par-dessus son épaule, et je te fais supprimer ta licence pour vendre la nourriture.
    L’homme grommela quelque chose d’inaudible.
    Après avoir traversé la rue, nous nous consultâmes du regard. Nous avions beau avoir une mission précise, nous nous sentions des âmes de conspirateurs.
    — Si jamais ma mère entend dire que j’ai mis les pieds ici, je dirai que c’est toi qui m’as entraîné ! proclamai-je.
    — Falco, c’est pas au sujet de ta mère que tu devrais t’inquiéter.
    Il avait tort là-dessus, mais ce n’était pas le moment de bloquer l’entrée en nous disputant. Nous entrâmes donc d’un pas décidé.
     
    Un morceau de choix, dans une toge écarlate symbole de sa profession, récoltait l’argent à l’entrée du bordel et satisfaisait aux demandes diverses. Il n’était pas obligatoire que la toge fût d’un vermillon aussi agressif et elle n’était pas davantage tenue de la porter à l’intérieur. La dame aimait vraisemblablement défier la loi en l’appliquant d’une façon ostentatoire. Les autres filles que nous pûmes apercevoir ne portaient pas beaucoup de vêtements. La réceptionniste écarlate bénéficiait de l’assistance d’un homme qu’elle ignorait à juste titre. Son aspect physique ne plaidait pas en sa faveur. Il ne serait sans doute pas d’un grand secours. La donzelle ne paraissait pas anxieuse pour autant. Il faut dire qu’elle semblait avoir un bon uppercut.
    — Salut,

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