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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Il était clair que l'assassin voyait en elle un danger. Kathryn se jura de réfléchir à tout ce que grand-mère
    Croul lui avait narré et se demanda si l'assassin les avait épiées, la veille, à Gallows Point.
    — Que s'est-il passé ?
    Le père Clement, larmoyant à cause de la fumée, le visage souillé de cendres, s'approcha, Amabilia à son bras. Derrière lui se pressaient les membres du conseil paroissial.

    —
    Je l'ignore, répondit la jeune femme, décidée à en dire le moins possible. J'étais au castel quand on a donné l'alarme.
    Le prêtre se retourna, toussa et cracha.
    —
    Je célébrais les funérailles. Nous descendions les cercueils en terre. Je jetais une motte de terre et donnais la dernière bénédiction quand Amabilia nous a alertés. N'est-ce pas, Amabilia ?
    Sa sœur, le visage blême, acquiesça.
    —
    J'ai aperçu de la fumée au-dessus des arbres. J'ai d'abord cru que c'était le feu d'un forestier, puis j'ai vu les flammes.
    —
    Assistiez-vous tous à l'enterrement ? interrogea Kathryn. L'un d'entre vous en est-il parti ?
    Seuls des regards vides lui répondirent.
    —
    L'un d'entre vous a-t-il quitté la cérémonie, soit la messe, soit l'inhumation ?
    —
    Bien sûr que non ! répliqua le sergent. Nous y étions tous et pouvons nous porter garants les uns des autres. Qu'insinuez-vous ?
    L'incendie était peut-être accidentel.
    —
    Si le trépas de grand-mère Croul a été accidentel, rétorqua Kathryn, alors autant dire que les fleurs ne poussent pas, que les pigeons ne volent pas.
    Elle désigna le coffre à flèches déposé à présent juste au-delà du tapis de cendres.
    — Qui priera pour elle ?
    —
    Moi, intervint Amabilia, et mon frère dira une messe.

    Kathryn ouvrit son escarcelle et en sortit deux pièces d'argent. Le prêtre voulut les refuser mais elle les lui fourra dans la main.
    — Dites-en trois. Récitez la messe des morts, mon père. Chantez le Requiem pour elle. Assurez-vous qu'elle ne sera pas enterrée dans ce coffre mais dans une bière décente, en bon bois, avec une croix d'argent dessus. Et une pierre tombale. Je vous promets de vous payer avant de partir.
    Le pasteur accepta et serra la main de son interlocutrice avec chaleur en la remerciant de sa générosité.
    Kathryn et Colum s'éloignèrent et regagnèrent le village où, sur les seuils, les habitants s'entretenaient à voix basse des horribles événements de la journée. Dans la grand-rue s'avançait une troupe de mimes ambulante. Leurs biens s'entassaient en hautes piles sur des chariots chamarrés décorés de visages grossièrement esquissés en couleurs criardes. Un grand cheval gris à la crinière en brosse et au harnais clinquant tirait la carriole de tête. Il était mené par un homme arborant un masque de gargouille. De petits garçons aux cheveux teints en jaune, des banderoles attachées à leurs haillons bigarrés, couraient de-ci de-là. Une femme au masque de démon, assise dans la voiture, tenait les rênes. Elle leur jeta un coup d'œil et, sous son déguisement, ses lèvres peintes s'ouvrirent sur des dents noires. Macabres, d'autres membres de la troupe étaient vêtus de noir et de vert. Des clochettes de bouffon avaient été cousues à leurs pourpoints en peau d'agneau teinte et en cuir usé. Sur le second chariot se dressait un faux gibet. Des cadavres empaillés de chats et de rats se balançaient à ses trois branches. Au-dessus, une bannière où était inscrit à la peinture blanche « Timor Mortis Conturbat Me » - la peur de la mort m'inquiète - flottait au vent.
    Kathryn dissimula son sourire. Cette bande de mystérieux baladins errants avec leurs chevaux aux étranges caparaçons, leurs charrettes clinquantes et leurs costumes de diable, semblait résumer l'atmosphère du village - la mort marchant dans ses rues, hantant ses ruelles, frappant soudain, mais pourquoi ?
    Kathryn et Colum s'écartèrent pour libérer le passage. Des villageois criaient des salutations, d'autres riaient, quelques-uns lancèrent des injures auxquelles les mimes répondirent de bon cœur sans pourtant cesser un seul instant de cabrioler au son de la flûte ou au roulement du tambour. Des gamins, chargés de paniers, passaient en courant, mendiant piécettes et rogatons, mais ils étaient le plus souvent repoussés sans ménagement. Kathryn et Colum regardèrent s'éloigner les mimes et les villageois retourner sur le pas de leur porte.
    — Ils ne resteront pas ici quand ils

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