Le Testament Des Templiers
bêtises. »
Gatinois s’approcha lentement de Luc, suffisamment près pour qu’ils puissent se battre. Il le regarda fixement pendant une bonne quinzaine de secondes sans dire un mot.
« Vous savez, professeur, j’ai lu votre dossier. Vous êtes un homme honnête, et je sais toujours distinguer quand un homme honnête ment. Je crois que vous me dites la vérité.
– Évidemment », répliqua Luc.
Gatinois secoua la tête et leva les yeux au ciel.
« Dans ce cas, je propose que nous trouvions une solution. Une solution qui me convienne, qui vous convienne, mais, surtout, qui convienne à la France. Êtes-vous prêt à conclure un accord, professeur ? »
Luc plongea son regard dans les yeux froids de l’homme.
Le téléphone de Gatinois sonna. Il le sortit de sa poche.
« Oui, dit-il. Oui, j’en prends la responsabilité, allez-y. »
Il remit le téléphone dans sa poche et s’adressa de nouveau à Luc.
« Attendez un instant, professeur. »
Il y eut d’abord un éclair.
Il était tellement brillant qu’on se serait cru en plein jour, comme si le soleil s’était levé avant l’heure, flamboyant et incandescent.
Puis vint le bruit. Et la sensation de grondement.
L’onde de choc se répercuta à travers le sol, secoua le gravier et, l’espace d’une seconde, fit osciller tout le monde.
« Cela a toujours fait partie des éventualités, se contenta de dire Gatinois. Le moment était venu d’y mettre fin. Notre travail se poursuit, mais Ruac a disparu. »
38
D ans la bruine matinale, le cratère où se trouvait précédemment le village de Ruac rappelait à Luc les images de Lockerbie après le crash de la Pan Am.
Il n’y avait plus de rue principale. Il n’y avait plus de maisons, de café, rien qu’un immense gouffre plein de murs en ruine et de voitures qui laissaient échapper une fumée noire. Les pompiers braquaient leurs lances sur les endroits en flammes tout le long de la tranchée, mais, compte tenu des risques d’instabilité, ils n’étaient pas autorisés à s’approcher suffisamment pour être vraiment efficaces. Les feux finiraient par s’éteindre d’eux-mêmes.
Une bonne partie des services d’urgence de la Dordogne se trouvaient sur le site. Les points d’accès au village étaient encombrés de véhicules de gendarmerie, de voitures de police, d’ambulances, de fourgonnettes de télévision et d’équipement de pompiers. En temps normal, Bonnet aurait été là, arpentant les lieux dans ses lourdes bottes et son uniforme serré, en train de donner des ordres à ses hommes. Ils devaient maintenant se débrouiller sans lui.
Le colonel Toucas était chargé de l’opération, mais il était énervé par les hélicoptères qui tournaient dans le ciel, rendant difficile l’usage de son téléphone mobile.
Aux premières lueurs de l’aube, il avait dit à Luc qu’à son avis des explosifs datant de la Seconde Guerre mondiale, accumulés dans une cave par Bonnet et ses complices, avaient dû exploser accidentellement et provoquer une réaction en chaîne avec d’autres réserves d’explosifs cachées dans d’autres caves.
Il ajouta à voix basse qu’il tenait de source sûre que Bonnet était un trafiquant d’objets anciens volés, et que certaines agences gouvernementales clandestines le surveillaient. On parlait de centaines de millions d’euros en or et en butin nazi qui seraient enfouis sous les ruines.
Luc le regarda d’un air absent en se demandant s’il croyait vraiment à l’histoire que Gatinois lui avait racontée.
Toucas ne pouvait pas imaginer qu’il y aurait le moindre survivant ; l’état de mutilation et de calcination des corps attendant d’être relevés semblait le confirmer. Mais cela prendrait des jours avant qu’ils puissent raisonnablement passer d’une mission de secours à une mission de récupération.
Toucas résuma la catastrophe à sa façon.
« Cela va m’occuper toute l’année prochaine, et peut-être la suivante, dit-il à Luc. Vous et moi allons passer beaucoup de temps ensemble. Bien sûr, vous avez reconnu avoir tué deux hommes hier soir, mais je ne m’inquiéterais pas si j’étais vous. Vous vous en sortirez sans problème. Ces hommes voulaient protéger Ruac du monde extérieur, protéger leurs affaires. Ils n’hésitaient pas à tuer. Ils avaient l’intention de faire disparaître votre grotte. Vous ne faisiez que vous protéger, protéger un trésor national. »
L’abbé
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