Le tombeau d'Alexandre
récupéra la Kalachnikov. Tuer une fille, c’était une chose. Tuer Knox en était une autre. Il épaula et visa.
— Attendez ! cria Knox en levant les bras en signe de reddition. Je peux vous sortir de là. Je peux vous sortir d’Égypte.
— C’est ça, se moqua Nicolas, le doigt sur la détente. Tu vas déployer tes ailes et nous emmener sur ton dos.
Mais Leonidas abaissa le canon de la Kalachnikov.
— Comment ? demanda-t-il.
— C’est moi qui pose les questions ! s’écria Nicolas, furieux.
Il se tourna vers Knox et le visa à nouveau. Il se sentit ridicule, tout à coup.
— Comment ? répéta-t-il.
— J’ai des relations, répondit Knox.
— Oh, vous avez des relations. Nous avons tous des relations.
— Je connais Hassan al-Assyuti.
— L’agent maritime ?
— Je lui ai sauvé la vie. Un accident de plongée. Je lui ai fait du bouche-à-bouche. Il m’a dit que si j’avais besoin de quoi que ce soit...
— Vous mentez !
— Emmenez-moi jusqu’à lui. À Suez. Demandez-lui. Il vous le dira lui-même.
— Vous emmener jusqu’à lui ? C’est votre meilleur ami et vous ne connaissez pas son numéro de téléphone ?
— Je n’ai jamais eu de faveur à lui demander jusqu’à aujourd’hui.
De toute évidence, Knox avait quelque chose derrière la tête, mais si ce qu’il disait était vrai... Nicolas hésita. Finalement, il ouvrit son portable et appela Katerina pour lui demander de trouver le numéro d’al-Assyuti. Puis il attendit qu’elle le rappelle en trépignant et en faisant les cent pas. Quand son portable finit par sonner, il nota le numéro et le composa lui-même. Il ne faisait pas confiance à Knox. Il demanda Hassan al-Assyuti et fut mis en attente. Il ne quitta pas Knox des yeux, s’attendant à ce qu’il pâlisse, se dégonfle, admette qu’il avait tout inventé. Une femme répondit et essaya de se débarrasser de lui avec le baratin habituel. Hassan était en réunion. Pouvait-elle prendre un message, qu’elle lui communiquerait dès que...
— Je dois lui parler immédiatement, la coupa Nicolas. Dites-lui que c’est Daniel Knox.
— Daniel Knox ? répéta-t-elle visiblement interloquée. Bien, euh, eh bien... je vous le passe tout de suite.
Nicolas ne put dissimuler son étonnement. Il tint le téléphone devant Knox, de façon à entendre la conversation. Hassan prit la ligne.
— Knox ? Est-ce vraiment vous ?
— Oui, s’empressa de répondre Knox. Écoutez, je voudrais venir vous voir.
Hassan marqua un temps d’arrêt.
— Venir me voir ? demanda-t-il, incrédule.
— Oui. J’ai besoin d’expédier quelque chose hors d’Égypte. Si je me déplace personnellement, est-ce que vous vous en chargerez ?
Hassan garda le silence un instant.
— Vous viendrez en personne ?
— Si vous acceptez de transporter ma cargaison.
— Quel genre de cargaison ? Quelle destination ?
— Je vous le dirai quand on se verra.
— Très bien. Pouvez-vous venir jusqu’à Suez ?
— Bien sûr. Donnez-moi six heures.
— À dans six heures, alors. À mon terminal.
Hassan donna quelques indications, que Nicolas nota avant de refermer son téléphone.
— Alors ? demanda Leonidas.
— Il a accepté de nous aider, admit Nicolas avec réticence.
Il y avait quelque chose là-dessous, mais il ne savait pas quoi. De toute façon, c’était l’unique issue de secours. Il n’avait pas d’autre choix que de jouer le jeu.
— Vous resterez dans le camion jusqu’à Suez ! lança-t-il à Knox. Un bruit et vous êtes mort. Compris ?
— Oui, répondit Knox.
— Si vous parvenez à nous sortir d’Égypte, la fille et vous aurez la vie sauve. Vous avez ma parole.
En disant cela, il sourit et regarda Knox droit dans les yeux. Il ne pouvait décemment pas lui faire comprendre qu’il ne laisserait jamais deux témoins d’une situation aussi compromettante s’en tirer aussi facilement.
Chapitre 41
I
Knox et Gaëlle étaient bâillonnés et attachés à la rampe du camion, derrière la cabine, sous la surveillance d’Eneas. Lorsque les portes étaient fermées, ils étaient dans l’obscurité totale. Il faisait une chaleur étouffante. Eneas alluma une cigarette ; la flamme brûla les yeux de Knox. Puis il écrasa son mégot et but une grande gorgée d’eau avant de s’asperger généreusement les cheveux et le front. Knox était au supplice. Il ferma les yeux et imagina une cascade et de la glace
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