Le tombeau d'Alexandre
accueillera de nouveau à bras ouverts et sera favorable à toute demande de fouilles de votre part.
Knox éprouva une envie presque irrésistible de lui renvoyer cette offre à la figure. Cinq ans plus tôt, lorsqu’il était plus jeune et plus têtu, il n’aurait pas hésité à le faire. Mais les épreuves l’avaient assagi.
— Si j’accepte, ce ne sera qu’à une condition.
— Laquelle ?
— La création d’un nouveau prix au sein du CSA : le prix Richard Mitchell, décerné chaque année à un jeune archéologue talentueux par le secrétaire général en personne. Le premier sera attribué à Rick à titre posthume.
Umar s’autorisa un petit sourire.
— Veuillez m’excuser une minute, dit-il.
Une fois Umar sorti, Knox étendit sa jambe. Sa blessure lui faisait mal. La balle n’avait touché que la chair, lui avait-on assuré. Dans une semaine, ce ne serait plus qu’un mauvais souvenir et une vilaine cicatrice.
Umar revint peu de temps après.
— Pas le prix Richard Mitchell, annonça-t-il, juste le prix Mitchell, en signe de reconnaissance envers la contribution de toute la famille. Mon contact m’affirme qu’il ne peut pas faire plus. Et je le crois.
Knox prit acte de cette proposition. À vrai dire, il était même surpris que Yusuf soit allé si loin. C’était incontestablement une façon d’admettre l’innocence de Richard. Or, si celui-ci était innocent, qui d’autre pouvait être coupable, à part Yusuf lui-même ? Le secrétaire général devait vraiment être en mauvaise posture. Sachant cela, Knox eut de nouveau envie de rejeter l’offre. Mais il ne voulait pas que Rick soit considéré comme un vulgaire pilleur de tombe.
— Très bien. Mais il vous faut également l’accord de Gaëlle.
— Je l’ai déjà. Apparemment, elle ne souhaite pas non plus vous voir croupir en prison.
— Puis-je la voir ?
— Pas encore. Lorsque nous aurons réécrit vos dépositions, vous participerez tous deux à une conférence de presse en compagnie de Yusuf. Vous expliquerez aux médias que le secrétaire général et vous avez travaillé en étroite collaboration pour contrecarrer les plans de ces abominables Grecs. Ensuite, vous aurez tout le loisir de bavarder ensemble.
— Une fois que nous serons irrémédiablement compromis, vous voulez dire.
Umar s’était contenté de sourire.
Yusuf Abbas mit un terme à la conférence de presse. Il remercia les journalistes et les pria de le contacter directement s’ils avaient d’autres questions, sans passer par Knox ou Gaëlle. Puis il posa les mains à plat sur la table, serra les dents, rassembla ses forces et se propulsa hors de sa chaise. Une fois debout, il sourit en balayant la salle du regard dans l’espoir d’être applaudi. Face à l’absence de réaction de son public, il demanda à Gaëlle et à Knox de s’approcher de lui pour une dernière photo de groupe et les prit par les épaules, comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde. Les flashs jaillirent de toutes parts, puis on éteignit les projecteurs. Les journalistes sortirent leur portable pour téléphoner à leur bureau en se rassemblant dans le calme en direction de la sortie. L’attention du monde était déjà ailleurs. Knox éprouva un étrange sentiment d’abandon. Il n’avait jamais cherché à se mettre en avant mais la célébrité avait quelque chose d’indéniablement enivrant.
Yusuf garda les bras autour des épaules de Knox et Gaëlle et les conduisit vers la porte arrière de la salle de conférences sans manquer de s’enquérir avec sollicitude de leurs projets. Mais dès que la porte se referma derrière eux, il se renfrogna, recula d’un pas et secoua les mains avec dégoût, comme si Knox et Gaëlle étaient atteints d’une maladie contagieuse.
— Ne vous avisez pas de parler à la presse sans mon autorisation, maugréa-t-il.
— Nous avons donné notre parole, lui rappela Knox.
Yusuf hocha la tête d’un air suspicieux pour montrer le peu de valeur qu’il attachait à cette parole. Puis il tourna les talons sans plus attendre et s’éloigna d’un pas lourd.
Knox respira profondément en regardant Gaëlle.
— On se tire d’ici ? demanda-t-il. J’ai réservé un taxi.
— Alors qu’est-ce qu’on attend ? répondit-elle.
Ils s’engagèrent dans un dédale de couloirs.
— Je n’arrive pas à croire que Yusuf s’en soit sorti cette fois encore ! s’écria Knox.
— Nous n’avions pas
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