Le tombeau d'Alexandre
appréhension, mais le moteur démarra au quart de tour. Il en eut les larmes aux yeux. Quelle merveille de voiture ! Il s’empressa de retourner au lac. Mohammed respirait peu profondément mais régulièrement, bien qu’il n’ait pas repris conscience. Il avait beau devoir s’occuper de Gaëlle, Knox ne pouvait pas le laisser là. L’homme était corpulent et semblait peser une tonne. Knox fit de son mieux pour le hisser à l’arrière de la jeep et prit la direction de Siwa et de l’hôpital général. Il aurait tout le trajet pour réfléchir à ce qu’il allait faire ensuite.
III
Ce fut en fin de matinée que Nicolas arriva suffisamment près de la côte pour que son portable capte un signal. Il appela immédiatement Ibrahim, puis Manolis et Sofronio. Pas réponse. Il téléphona à Thessalonique, mais Katerina ne répondait plus non plus. La peur lui brûla l’estomac. Manolis et Sofronio étaient son pilote et son copilote. Sans eux, il serait coincé dans ce trou. Alexandrie était encore à six heures de route, mais il devait savoir ce qui se passait pour pouvoir organiser la suite des opérations. Il appela Bastiaan dans l’autre 4 x 4 et lui ordonna de passer devant pour aller éclaircir cette affaire.
IV
Knox arriva devant l’hôpital général de Siwa et klaxonna frénétiquement. Une infirmière sortit sur le pas de la porte, la main en visière pour se protéger du soleil du matin. Knox ouvrit la portière arrière et lui montra Mohammed, qui avait toujours les menottes autour du poignet.
— Que s’est-il passé ? demanda-t-elle.
— Son cœur s’est arrêté. Il a failli se noyer.
Elle retourna à l’intérieur de l’hôpital en courant et réapparut quelques secondes plus tard avec un médecin et une civière.
— La police va demander à vous voir, prévint le médecin.
— Bien sûr.
— Venez avec nous. Vous devez nous expliquer ce qui s’est passé.
— Un instant, je vais chercher mes papiers dans ma jeep.
Et Knox rebroussa chemin. Que la police aille se faire voir ! Les Égyptiens avaient la réputation d’avoir la détente facile lors des prises d’otages et il ne voulait pas mettre la vie de Gaëlle en danger. Partout ailleurs dans le monde, il n’aurait pas eu la moindre chance de rattraper Nicolas après l’avance que celui-ci avait prise. Mais ils étaient à Siwa. Et à Siwa, tout était différent. Il n’y avait qu’un itinéraire possible. Il était inconcevable que le camion puisse traverser le désert. Nicolas avait à coup sûr pris la route du nord et longé la côte vers l’est pour regagner Alexandrie. Une fois à Alexandrie, il pourrait aller n’importe où en Égypte, mais il en était encore loin. Pour Knox, il n’était pas trop tard. Il posa la main sur le tableau de bord.
— Encore un trajet, implora-t-il. Juste un.
Et il accéléra.
V
Nicolas entendit son portable sonner au moment où il arrivait à El-Alamein.
— Oui ?
— Bastiaan à l’appareil. Nous sommes à la villa.
— Alors ?
— Elle a brûlé. Les gars ne sont plus là. Il y a des uniformes partout. Pompiers, policiers, médecins.
Nicolas garda le silence lorsqu’il saisit l’étendue du désastre. Leur alibi ne tenait plus. Ils avaient tous été filmés à leur arrivée à la villa par les caméras de surveillance. Et même si l’incendie avait, par miracle, détruit l’enregistrement, les voitures de location garées dans la cour conduiraient inévitablement la police à l’aéroport, à leur avion et à leur identité. En se dirigeant vers Alexandrie, ils se jetaient directement dans la gueule du loup. Nicolas ordonna à Bastiaan de revenir et lui donna rendez-vous en périphérie d’Alexandrie. Puis il rappela Katerina à Thessalonique. Cette fois, elle répondit, mais à peine avait-il eu le temps de prononcer un mot qu’elle lui coupa la parole. Elle n’était pas habilitée à prendre des décisions pour les polices d’assurance, disait-elle, mais pouvait lui passer quelqu’un qui...
— Vous n’êtes pas seule ?
— Non.
— C’est la police ?
— Oui.
— On nous écoute ?
— Non.
— Les communications sont enregistrées ?
— Pas encore.
— Pouvez-vous me rappeler d’un autre endroit ?
— Pas pour le moment, monsieur.
— Le plus tôt possible.
Nicolas attendit en se mordant les doigts. Vingt minutes passèrent avant qu’elle ne rappelle.
— Je suis désolée, monsieur,
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