Le Tombeau De Jésus
crucifixion de Jésus, selon laquelle les soldats romains chargés de garder le tombeau auraient vu ses disciples enlever secrètement le corps pendant la nuit. Matthieu (28,13-16) ajoute que ce récit perdura très longtemps dans le monde juif.
Si les disciples ont enlevé le corps de Jésus, il a bien fallu l’inhumer dans un autre tombeau. Ensuite, sa famille a dû attendre que sa chair se décompose puis placer ses os dans un ossuaire, scellé pour toujours dans les profondeurs du caveau.
***
Printemps 1980.
Il était environ 11 heures, ce matin du 28 mars 1980 – on approchait de la fin du Carême –, quand la lumière pénétra pour la première fois dans le tombeau, sous les coups de boutoir d’un bulldozer. En ce magnifique vendredi, toute la paroi sud de la salle s’effondra, révélant ce qui ressemblait à un portail surmonté d’un symbole gravé que personne parmi les ouvriers n’avait vu auparavant.
Ce n’est que le lendemain, jour du Shabbat, après la disparition des nuages de poussière soulevés par le bulldozer et la dynamite, que l’on comprit la portée de cette découverte. Entre-temps, une bande de gamins avait entamé une partie de football avec des « choses » bizarres jonchant le sol.
Voilà comment tout a commencé et comment tout a failli finir.
Sans Rivka Maoz et un entrepreneur de travaux passionnés d’histoire, les dommages occasionnés à ces vestiges auraient été sans doute irrémédiables, et personne n’aurait jamais soupçonné l’ampleur de cette perte.
La famille de Rivka vivait à quelques pas du site. A l’époque, elle étudiait l’archéologie dans le cadre de sa formation de guide touristique à Jérusalem, et chaque soir elle lisait à son fils Uriel, âgé de onze ans, des histoires sur la Vieille Ville, son Temple et ses tombeaux.
Ce vendredi-là, l’enfant entra en courant à la maison, suppliant sa mère de venir voir ce qui – il en était certain – était un tombeau ancien, récemment mis au jour. Mais quand Rivka appela le Département des antiquités (qui deviendrait plus tard l’Autorité des antiquités israéliennes, ou AAI), on lui répondit que l’après-midi était déjà bien entamé et que tous les bureaux s’apprêtaient à fermer en prévision du Shabbat.
Rivka insista auprès de son interlocuteur en lui signalant qu’elle avait vu l’entrée d’un tombeau. Il n’y avait aucun doute dans son esprit : il s’agissait d’une découverte importante et le Département devait au minimum envoyer quelqu’un pour surveiller le site, de crainte que des trafiquants d’antiquités ne viennent de nuit dérober le contenu de la sépulture. Mais tout ce qu’on put lui promettre fut que l’ordre serait donné de cesser les dynamitages près du tombeau ; des archéologues viendraient sur le site le dimanche matin, après la fin du Shabbat.
Le samedi matin, Uriel se précipita de nouveau chez lui.
— Maman, cria-t-il, viens vite ! Des gosses ont trouvé des crânes et ils jouent au foot avec !
C’en était trop ! Tout ce flanc de colline était devenu un immense chantier de construction où les dynamitages étaient fréquents. Il était impossible de savoir combien de tombes avaient d’ores et déjà été détruites par les explosions ou les bulldozers. Rivka n’avait qu’une certitude ; des ossements et des dents provenant d’ossuaires millénaires étaient tous les jours perdus dans les terrassements. Un quart de siècle plus tard, Rivka évoque le miracle que fut la sauvegarde du « Tombeau aux dix ossuaires », alors que tant d’autres devaient disparaître à jamais.
Quand ils virent approcher Rivka et son mari avec de grands sacs en plastique noirs, les enfants qui jouaient avec les crânes s’enfuirent comme une volée de moineaux, laissant derrière eux le sol jonché d’arcades sourcilières et de morceaux de mâchoire. Au moins deux des crânes avaient volé en éclats comme des poteries sous les coups de pied des gamins.
Rivka et sa petite famille ramassèrent les ossements et les mirent dans les sacs en plastique puis rentrèrent chez eux pour les mettre à l’abri, en attendant les archéologues. Des années plus tard, Rivka devait raconter à des historiens qu’elle avait trouvé « plutôt amusant » de passer tout un week-end avec ces restes anciens dans sa cave. Uriel et elle éprouvaient une certaine fierté d’avoir protégé ces crânes et d’avoir honoré ces ancêtres
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