Le Tombeau De Jésus
inconnus pendant le Shabbat.
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Depuis l’époque lointaine où le tombeau fut décoré puis scellé, les grands prêtres du Temple, les Romains et le Temple lui-même avaient disparu. En cette fin de XX e siècle, une nouvelle civilisation jaillissait autour du mont du Temple et s’étendait vers la colline de Talpiot-Est. Le quartier fut plus tard rebaptisé Armon Hanatziv.
L’année 1980 fut marquée à Jérusalem par un essor du tourisme, de l’immigration et de la construction. A cette époque, les entreprises du bâtiment découvraient accidentellement de nouveaux sites archéologiques partout en Israël, au rythme d’une dizaine par mois, parfois même d’une dizaine par semaine. Selon la loi (rarement respectée), toute découverte devait être signalée immédiatement et les travaux interrompus jusqu’à la fin des fouilles archéologiques, des jours ou des semaines plus tard, selon la taille et l’importance de la découverte. D’après certaines estimations, il y aurait en Israël des milliers de sites archéologiques non encore répertoriés sur les cartes de l’Autorité des antiquités israéliennes, les plus anciens remontant à plus de quatre mille ans. En outre, l’AAI estime que la construction d’une tranchée d’irrigation, d’une cave ou des fondations d’un immeuble comporte à chaque fois un risque important de destruction de vestiges archéologiques.
Ce site, qui serait plus tard classé sous la cote IAA 80/500-509, selon l’année de sa découverte et l’ordre dans lequel ses objets les plus importants furent catalogués, commençait à causer quelques soucis à Efraym Shochat, maître d’œuvre, qui dirigeait les travaux de terrassement pour le compte de l’entreprise Solel Boneh. Naturellement, la destruction par explosif d’une vieille crypte oubliée n’avait rien d’inhabituel pour une société chargée de déblayer un terrain en vue de la réalisation d’un nouveau quartier. Bon nombre des collègues de Shochat, soucieux d’éviter des retards coûteux dans les travaux, avaient pris l’habitude de détourner les yeux quand ils découvraient une cavité intéressante, allant parfois jusqu’à sacrifier un tombeau, surtout s’il était petit et ne contenait qu’un ou deux ossuaires. Mais Shochat, lui, était incapable d’un tel comportement, même s’agissant d’un petit tombeau, et celui que l’un de ses bulldozers avait failli détruire était tout sauf minuscule.
Il y avait une petite cour devant la façade du tombeau, creusée dans la roche calcaire et ensevelie depuis des siècles sous une masse de terre rouge et de végétation sauvage. Elle mesurait près de cinq mètres de large. Juste au nord des vestiges de cette cour, un mur et une partie d’une salle s’étaient effondrés sous les assauts combinés de la dynamite et du bulldozer.
Quand Shochat pénétra à l’intérieur, il découvrit ce qu’il crut être à première vue une salle souterraine pas trop endommagée, mais qui n’était en réalité qu’une antichambre, avec un tunnel creusé au bas de la paroi nord et en partie fermé par une grosse pierre. Derrière, un passage conduisait jusqu’à une salle nettement plus grande. Manifestement, IAA 80/500-509 était un tombeau plus grand que la moyenne. Shochat n’était pas même sûr qu’il s’agissait d’un tombeau. Il y avait bien des morceaux de crâne mélangés aux gravats de l’antichambre, mais pas le moindre fragment d’ossuaire en pierre, si nombreux dans la région. Contrairement à ceux des ossuaires, les individus dont les crânes avaient été découverts dans l’antichambre n’avaient pas été inhumés selon les pratiques funéraires juives du I er siècle. Quand Shochat ressortit au grand jour, il annonça d’une voix où perçaient autant le regret que l’enthousiasme :
— Il faut interrompre les travaux. Je crains qu’on ne soit tombé sur quelque chose d’intéressant, et même de très important.
Alors qu’Uriel se ruait à la maison, Shochat suspendait le chantier d’excavation dans un rayon de cinquante mètres autour du tombeau, puis téléphonait aux autorités compétentes, presque en même temps que Rivka Maoz. C’est ainsi, que, à 13 heures environ ce vendredi-là, les archéologues entendirent parler pour la première fois de IAA 80/500-509.
L’Autorité des antiquités israéliennes, installée dans le musée Rockefeller, assura à Shochat et à Rivka Maoz que des
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