Le Tombeau De Jésus
le confiai un jour à Simcha, je n’aurais jamais pu imaginer un tel scénario.
Je n’avais pas de compétences particulières en matière d’études bibliques, mais je tenais absolument à rejoindre l’équipe. Je réalise des films documentaires, et il s’agissait d’une enquête archéologique tout autant que policière – deux angles sous lesquels j’avais déjà abordé mon travail. Je m’informai donc sur le sujet afin d’être utile à l’équipe. En fin de compte, je crois que j’ai apporté à mes camarades un certain bon sens populaire. Simcha et Charles connaissaient la question en profondeur tandis que je n’avais plus en mémoire que quelques bribes de catéchisme. Finalement, mon rôle a consisté à leur rappeler sans cesse que la grande majorité des lecteurs et spectateurs ne connaissent pas grand-chose au judaïsme du I er siècle ou au christianisme primitif, avec tous les conflits entre les diverses sectes ; beaucoup, d’ailleurs, n’ont sans doute jamais entendu parler des Évangiles gnostiques.
Si j’étais le « conseiller » de notre équipe, Simcha en était le « pivot ». La volonté farouche de notre « Indiana Jones » à résoudre ce mystère entraîna le reste de l’équipe. Véritable moteur de toutes les activités, Simcha conduisit l’enquête sur le site et réalisa également le film, les deux entreprises étant financées par Discovery Channel aux États-Unis, Channel 4 en Grande-Bretagne et Vision TV au Canada. Le budget alloué a permis de lancer plusieurs expéditions à la recherche du tombeau perdu, de réaliser des tests ADN, d’analyser la composition chimique de diverses patines, de louer des caméras-robots, etc. – des moyens scientifiques que les archéologues ont très rarement à leur disposition. J’ai découvert en Simcha un homme drôle, passionné, d’une grande culture, et animé d’une volonté inlassable de traquer la vérité. Nous sommes tout de suite devenus amis.
Cette aventure nous faisait peur. L’ambition du projet susciterait inévitablement des controverses. Certains, trop ébranlés dans leurs certitudes, réagiraient sûrement avec violence. Étais-je vraiment prêt à vivre cela ? D’un autre côté, comment aurais-je pu refuser de prendre part à la plus grande découverte archéologique de tous les temps ? Comment prétendre être un réalisateur de documentaires en esquivant un tel sujet ? Je décidai de me lancer dans l’aventure, quelles qu’en soient les conséquences, mais sous certaines conditions, : je savais que je devrais assumer le projet jusqu’au bout. Si l’expertise médico-légale était limitée par le budget inhérent à un documentaire de deux heures, il n’était néanmoins pas question de faire l’économie de la rigueur concernant la provenance des échantillons et les procédures d’analyse. Il nous faudrait suivre à la lettre des protocoles stricts pour contrôler la fiabilité des données, faire appel à des chercheurs impartiaux, à la réputation indiscutable, et enfin soumettre nos résultats à un comité d’évaluation pour certifier nos conclusions, tout comme pour une revue scientifique. Charles, qui avait déjà publié dans de telles revues, en respecterait les exigences. Quant à Simcha, avec ses nombreux contacts dans les milieux de l’archéologie et des études bibliques, il pourrait mobiliser une équipe de conseillers de niveau international.
Certains des experts les plus réputés dans ce domaine ont apporté leur contribution à cette enquête. Cela n’empêchera pas nos résultats d’être mis en question, ce qui est légitime. C’est ainsi que la science peut aboutir à une vérité acceptée. Notre travail demande à être poursuivi par d’autres, afin que l’on puisse examiner les preuves plus en détail et avec des budgets plus conséquents. Cette étude plus approfondie prendra des années, voire des décennies. Quoi qu’il en soit, je crois que les résultats des investigations de Simcha et de Charles sont d’ores et déjà extrêmement convaincants.
J’écris ces lignes la veille de Noël. Le monde est affligé de nombreuses guerres, et plusieurs conflits traversent les contrées bibliques comme jamais depuis le temps des croisades. Il y a quelques mois, nous avons dû retarder la réalisation de la dernière partie de notre documentaire en raison du conflit israélo-libanais (des roquettes tombaient trop près de Nazareth, notre lieu de
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