Le Tombeau De Jésus
les croyants, ils transmettent directement la parole divine, rapportée par des hommes d’une grande sainteté. Les historiens, toutefois, les considèrent aujourd’hui comme des œuvres composites, rédigées par plusieurs auteurs et fondées sur des traditions orales transmises durant des décennies après la mort de Jésus. Rien ne prouve que les auteurs des Évangiles aient entendu les paroles de Jésus de sa bouche même.
Je ne suis pas historien de formation, mais j’aime l’histoire et l’archéologie depuis mon enfance. J’ai grandi dans l’illusion que l’histoire, telle qu’on me l’enseignait, était gravée dans la pierre. Mes premières incursions dans l’investigation historique et archéologique me montrèrent qu’il n’en était rien.
Pour préparer mon film Titanic , j’ai mené une enquête approfondie sur ce désastre qui s’est déroulé il y a à peine un siècle. Il fut décrit en détail par des centaines de témoins oculaires et rapporté par une presse déjà abondante à l’époque. En dépit de tout cela, je me suis aperçu que les témoignages étaient sujets à caution et que certains récits, orientés pour des raisons d’ordre personnel ou commercial, étaient même tendancieux. C’est pourquoi des séquences entières du déroulement exact du naufrage restent floues aujourd’hui encore. L’océanographe Robert Ballard a surpris les historiens en révélant que le Titanic s’était brisé en deux parties, alors que l’histoire « officielle » affirmait qu’il avait coulé d’un seul tenant. Malgré trente-trois plongées sur le site et cinquante heures de prises de vue avec des caméras-robots à l’intérieur du paquebot, je ne suis toujours pas en mesure de reconstituer l’enchaînement exact des faits. Ces douze années d’investigation m’ont conduit à penser que l’histoire est une sorte de récit consensuel. C’est un mythe que nous accréditons. La « vérité » est une cible mouvante : il faut sans cesse prendre en compte de nouveaux éléments pour la mettre à jour, à défaut de la mettre complètement au jour. Les sources historiques doivent toujours être questionnées, le contexte de leur production pris en compte et la position des témoins resituée.
Nous avons découvert beaucoup d’éléments surprenants sur l’épave, certains confirmant des faits « historiques », d’autres les infirmant. La coque et les indices matériels qui gisent à quelque 4 000 mètres au fond de l’océan ne mentent pas. Leur objectivité ne soulève pas les questions que posent les témoignages humains. L’histoire que nous racontent Simcha et Charles est fondée sur des données dont la solidité est comparable à celle de l’acier du Titanic. Elles doivent néanmoins être reliées à leur contexte d’origine et interprétées. Or cette interprétation est fortement tributaire des rares détails que nous livre le Nouveau Testament. Ces nouvelles données corroborent-elles ou contredisent-elles le récit biblique ?
Les Évangiles tels que nous les connaissons aujourd’hui ont été retranscrits et récrits à de nombreuses reprises. Ils ont été traduits d’une langue à une autre — de l’araméen au grec, du grec au copte, puis du copte au latin, et enfin dans diverses langues. Ils ont été remaniés par les Pères de l’Église, des siècles plus tard, pour les mettre en conformité avec les nouveaux dogmes. Pourtant, en l’absence de la moindre preuve matérielle, les Évangiles ont jusque-là constitué les seules sources sur la vie de Jésus.
Les évangiles apocryphes, par exemple les textes gnostiques trouvés en 1945 à Nag Hammadi, en Égypte, offrent un tout autre tableau de Jésus et de ses compagnons. Découverts par des paysans dans une jarre cachée sous un amas rocheux – sans doute pour les mettre àl’abri de l’Église orthodoxe du IV e siècle, qui entendait éradiquer toutes les « hérésies » –, ces étonnants codex de papyrus montrent la diversité du christianisme primitif et livrent des éléments absents de l’Écriture officielle.
Dans l’Évangile de Marie, les Actes de Philippe ou l’Évangile de Philippe, par exemple, Marie Madeleine est présentée comme l’« apôtre des apôtres », un serviteur important du ministère de Jésus, que ce dernier préférait même à Simon-Pierre. Elle apparaît comme la « compagne » de Jésus, que celui-ci « embrassait souvent sur la
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