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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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transit, reconnaît le professeur Chaumerliac :
    — J’avais xlv été arrêté dans son laboratoire et il est en train de payer l’admirable accueil qu’il a fait aux Strasbourgeois repliés, en particulier au professeur Waitz qui, lui, est déjà à Auschwitz ; je trouve Francis Rohmer le neurologue et le professeur Vlès : en dehors de l’admiration que j’avais pour lui, tant pour ses travaux scientifiques que pour sa droiture et son courage dans la Résistance c’est le patron de ma fiancée, qui était sa secrétaire. Je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis la fusillade d’Eysses, où elle avait appris que j’étais exécuté. Nous parlons longtemps… Le professeur Vlès ne pense pas qu’il sera un jour professeur au Muséum, poste qu’il espère à la Libération. Prescience de sa fin prochaine ?
    — Un magistrat se joint à nous. C’est le président Théron arrêté pour Résistance. J’engage un réquisitoire contre ses collègues magistrats, trop indulgents pour l’occupant. Alors ce grand monsieur prend la défense difficile de certains de ses confrères, alors que son attitude récente est un démenti à leur soumission. Il devait mourir le lendemain. Je suis persuadé que peu conservent pour lui une admiration comme la mienne.
    23 heures  – Compiègne . Camp de Royallieu .
    Près de René Prungnaud un détenu âgé murmure :
    — Maintenant nous cessons d’être des hommes.
    Autour d’Henri Lambert, maire de Sainte-Pezenne, sont regroupés les Niortais :
    — Ceux xlvi qui arrivent à se coucher sont piétinés par ceux qui, au cours de la nuit, sont obligés de se déplacer pour des nécessités qui ne connaissent pas de loi. Car il faut ajouter que beaucoup de détenus sont atteints de dysenterie, de sorte qu’au cours de la nuit s’établit un continuel va-et-vient pour essayer de rejoindre les W. C. qui sont constitués par deux ou trois gros bidons de carbure défoncés par un bout et placés dans le couloir latéral du bâtiment.
    — Ce couloir est lui-même occupé par les détenus groupés ou couchés côte à côte jusqu’aux abords immédiats des tinettes. Si bien que ceux qui ont la chance, à travers les ténèbres épaisses, de pouvoir s’approcher des récipients, trompés par l’obscurité, laissent « tomber la marchandise » sur le plancher, la piétinent et, en regagnant leur place, essuient involontairement leurs pieds aux vêtements des camarades couchés à même le sol.
    — D’autres n’ont pas la force de se retenir et « lâchent » tout dans le fond du pantalon ou bien « déposent » où ils se trouvent l’excédent qui les embarrasse. C’est alors de véhéments reproches de la part du voisin qui se trouve gratifié d’un pareil présent et qui, en se remuant dans l’obscurité, y plonge la main ou qui, en se tournant, se roule sur l’emplacement où un pauvre malheureux vient de « lâcher » malgré lui ce que ses entrailles ne pouvaient plus contenir.
    Le petit gros n’a toujours pas réussi à échanger sa chevalière contre un couteau. Il insiste.
    *
    * *
    Un xlvii homme jeune chante dans la nuit :
    Nous voulons que la France
    Dans l’honneur garde sa liberté.
    Avec cœur et vaillance
    Jusqu’au bout nous saurons résister.
    Oui nous sommes toujours prêts
    À tenir la Résistance
    Nous voulons la France aux Français.
    Cette chanson dont je n’ai retenu que ces quelquesvers sera reprise plusieurs fois dans la nuit, ainsi que la Marseillaise au grand dam de certains qui ont peur des représailles.
    *
    * *
    — Pas xlviii un d’entre nous ne dormit dans mon coin., les dispositifs et les méthodes d’évasion furent mis au point. Les volontaires désignés, les caches choisies pour dissimuler le matériel aux dernières fouilles du lendemain. Les conversations sur le passé d’hier se poursuivirent. Les uns lisaient la Bible, d’autres priaient. L’un de mes camarades, ancien portier chef du Negresco de Nice, nous récita des vers de Victor Hugo… j’étais bien triste, au fond de moi-même, de n’avoir que vingt ans.
    — Avec xlix Pierre Germaine de Pont-Sainte-Marie nous démontons la tige d’une crémone de la fenêtre, pour arracher, si l’occasion s’en présente, des planches du wagon et tenter l’évasion.
    Victor Michaut distribue aux Eyssois des couteaux « de prison » fabriqués avec un couvercle de boîte en fer blanc.
    Les amis de Marcel Gaillard « tapent » la carte :
    — Le

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