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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mort quand j’ai accepté de vous épouser…
    — À qui ferez-vous croire cela ? Peut-être êtes-vous folle mais pas au point, tout de même, de confondre le vrai Kernoa avec celui-ci. Au fait, mon garçon, qui êtes-vous ?…
    Ayant réussi à se débarrasser de Judith, l’autre se leva, un sourire goguenard aux lèvres.
    — Qui suis-je ? Mais cette chère enfant se tue à vous le dire : je m’appelle Kernoa…
    — C’est faux ! Répondez et répondez la vérité, sinon je vous loge une balle dans le genou… pour commencer.
    — Que voulez-vous que je vous dise ? Il y a votre vérité à vous et il y a la mienne. Je m’appelle bien Kernoa.
    — Vous soutenez que vous êtes le docteur Kernoa… alors que je sais bien qu’il repose au fond d’un trou dans la lande de Lanvaux…
    L’homme ne répondit pas mais, à la petite flamme qui s’alluma dans son œil, Gilles comprit qu’il allait se passer quelque chose et, sans cesser de tenir son ennemi sous le feu de l’un de ses pistolets, il tourna légèrement la tête et aperçut les deux colosses suisses qui approchaient, sur la pointe des pieds venant du salon des laques. Ils n’allèrent pas loin. À peine l’un deux eut-il franchi le seuil qu’il s’abattit de tout son long, victime de la jambe que Pongo avait étendue sur son chemin. Instantanément, l’Indien fut à cheval sur son dos et, lui relevant la tête en la tirant par les cheveux, plaça sous sa gorge un long coutelas. Kernoa devint vert et eut un mouvement pour aller vers lui, mouvement qui se heurta au canon du pistolet de Gilles. L’homme était le plus jeune des deux Suisses et le chevalier comprit qu’il était celui dont la vie devait être la plus chère à son maître. L’autre avait déjà été proprement assommé par le poing de Winkleried et Malavoine s’occupait activement à le ligoter.
    — Un instant, Pongo ! dit Gilles, négligemment. Tu pourras trancher la gorge de ce gentilhomme si monsieur que voici ne se montre pas compréhensif…
    — Non ! Non !… Je vous en prie ! gémit Kernoa, décomposé. Je vous en supplie, ne lui faites pas de mal ! Je… je ne pourrais pas le supporter…
    — Je le sais bien !
    Puis, se tournant vers Judith qui, les yeux exorbités, avait suivi sans rien y comprendre cette scène, hermétique pour elle, Gilles ajouta, impitoyable :
    — Voyez-vous, ma chère, vous ignorez beaucoup de choses parmi toutes celles qui se passent chez vous… entre autres les tendres relations… beaucoup trop tendres et trop intimes qui unissent votre prétendu mari et cet homme que Pongo tient sous son genou.
    Blanche jusqu’aux lèvres, elle tourna vers lui des yeux qui semblaient aveugles.
    — Tendres… relations ? Je… je ne comprends pas.
    — C’est difficile à comprendre et, surtout difficile à admettre quand on a votre orgueil, mademoiselle de Saint-Mélaine. Mais cela signifie simplement ceci : les nuits que cet homme ne passait pas dans votre lit, il les passait dans celui de son valet, un valet qui était à la fois son amant et sa maîtresse ! Au surplus, vous n’avez pas à vous en soucier outre mesure : jamais vous n’avez été mariée avec lui. Vrai ou pas ? ajouta-t-il en s’adressant au faux docteur.
    — Vrai ! fit l’autre, l’œil sur le tranchant du couteau de Pongo.
    — Qui es-tu ?
    — Le secrétaire de M. le comte de Modène. Son secrétaire et son élève. Je me nomme Carlo Mariani…
    — Son élève ? C’est de lui que tu tiens l’art d’endormir les femmes trop nerveuses ?
    Les yeux de Mariani s’effarèrent.
    — Il faut que vous soyez le Diable pour savoir cela…
    — Que je sois le Diable ou quelqu’un d’autre, peu importe ! C’est bien cela ?
    — C’est bien cela ! M. le comte avait pris l’habitude depuis qu’elle était revenue chez Monsieur, d’endormir… Mlle de Latour. C’est un excellent sujet. C’est ainsi qu’il a appris toute la vérité sur elle, sur sa vie d’autrefois et sur son mariage avec un certain docteur Kernoa dont elle a fait un assez bon portrait pour qu’il soit possible de le ressusciter. J’ai bien appris mon rôle et, ensuite, il n’a pas été difficile de la persuader de mon retour à la vie. À présent, je vous en supplie, retirez ce couteau ! Je… je ne pourrais pas supporter de le voir mourir.
    — Tu l’aimes à ce point ? fit Gilles, sarcastique. Accepterais-tu de mourir à sa place ?
    — Oui… oui,

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