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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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vous y répondez tout ira bien, sinon… il est possible que je me mette en colère et que je devienne désagréable. L’homme que vous voyez ici, en face de vous, assure qu’il n’a besoin que de quelques minutes et d’un beau feu bien flambant pour rendre bavards les gens les plus secrets.
    Tout en parlant, le comte avait déroulé la cravate de Gilles, examiné sa blessure qui était profonde et entamait la paume jusqu’à l’os puis fouillait dans un coffre où il prit de la charpie et un flacon.
    — Voulez-vous dire ? fit le chevalier horrifié, que vous allez soumettre cet homme à la question ? Comme au Moyen Âge ?
    — Pourquoi comme au Moyen Âge ? La question est de tous les temps. Il y a bien peu d’années que le roi Louis XVI l’a abolie en France mais, croyez-moi, elle existe toujours dans presque toute l’Europe.
    — Vous me décevez ! Je croyais, monsieur, que vous saviez lire dans le cerveau des hommes ? Je croyais que vos pouvoirs sur leur volonté n’avaient pas de limites ?
    — C’était une erreur. Mes pouvoirs sont limités par la stupidité et la méchanceté des hommes. Quant à lire dans leur esprit, je ne peux le faire que par l’entremise d’un médium…
    — Allons donc ? Ne savez-vous plus provoquer ce sommeil artificiel qui vous était d’une si grande utilité… Seigneur ! ajouta-t-il avec une grimace douloureuse, que me mettez-vous là ?
    — Une liqueur souveraine qui fermera votre blessure en trois jours avec la complicité de certain baume dont je vais vous enduire. Mais je reconnais que cela n’est pas fort agréable. Tenez je suis certain que cela va déjà mieux, ajouta-t-il en constatant qu’un peu de couleur revenait au visage, devenu blême, du chevalier. Quant au sommeil artificiel, ajouta-t-il baissant le ton, outre qu’il représente pour moi une grande dépense nerveuse que mon état de santé supporte mal actuellement, je ne désire pas m’en servir ici, en terre bretonne où les esprits, facilement superstitieux et influençables, ne verraient peut-être guère d’inconvénients à m’envoyer au bûcher, même en notre siècle des Lumières ! Voilà qui est fait. À présent, occupons-nous de notre ami…
    Il allait s’éloigner en direction de la cheminée devant laquelle Morvan claquait visiblement des dents en dépit de la chaleur mais Tournemine le retint.
    — Encore un mot, comte ! J’ai, moi aussi, une question importante à poser à cet homme, une question qui touche de tout près Judith, pour qui vous aviez de l’amitié et qui est, à présent, ma femme.
    Cagliostro fronça le sourcil.
    — Ainsi, vous l’avez épousée ? En dépit de ma mise en garde ?
    — Oui. Mais peut-être n’est-elle pas réellement ma femme et c’est cela que je veux savoir. Me permettrez-vous, s’il répond de bonne grâce, d’intercéder pour lui ?
    Le sorcier réfléchit un instant, scrutant son interlocuteur de son œil noir étincelant d’intelligence.
    — Peut-être… Savez-vous où se trouve Judith en ce moment ?
    — Oui, je le sais.
    — À coup sûr ?
    — À coup sûr !
    — En ce cas allez-y ! Je ne vous cache pas que c’est elle, initialement, que je souhaitais retrouver mais elle semble avoir entièrement disparu. Personne n’a pu me dire ce qu’elle était devenue. Sa clairvoyance… si le mariage ne la lui a pas fait perdre, pourrait m’être plus utile que des aveux arrachés par la souffrance. D’autant que cet homme ne sait peut-être pas tout et n’est peut-être pas mon seul voleur…
    Sans répondre, Gilles se dirigea vers Morvan dont le regard se chargea d’épouvante à son approche et se pencha sur lui.
    — Écoute-moi, Morvan ! Tu mérites cent fois la mort dans les tourments de l’enfer, tu mérites cent fois que l’on te jette ainsi tout vivant, dans ce brasier…
    — Non !… râla l’autre. Non ! Pas ça !… Pas ça !…
    — Peut-être pourrai-je te l’éviter si tu réponds franchement à la question que je vais te poser. Rassure-toi, c’est une question qui n’a rien à voir avec ton affaire de vol mais qui a, pour moi, tant d’importance, que je suis prêt à me battre pour t’éviter la torture si tu y réponds.
    Les yeux injectés de sang de Saint-Mélaine se levèrent sur lui, incertains, méfiants.
    — Qu’est-ce que j’en ai comme garantie ?
    — Ma parole ! Jamais je n’y ai manqué.
    Le prisonnier poussa un profond soupir.
    — Ça va,

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