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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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franchissant la porte les nouveaux venus eurent-ils l’impression d’entrer dans une fournaise. C’était l’une des pièces les plus pénibles de la prison. Mais, entre ce carcere duro et la plate-forme de la tour, il n’y avait que trois serrures à ouvrir : la double porte de la geôle et celle qui ouvrait la terrasse.
    L’ameublement en était des plus succincts : un lit logé entre les intervalles des arcades et une chaise percée.
    — Je suis navré, monsieur, de vous loger si mal, murmura d’un ton où perçait une vague pitié le chevalier de Saint-Sauveur qui avait de nouveau surveillé le transfert, mais ce sont les ordres du roi…
    — Que sa volonté s’accomplisse ! soupira Gilles en s’efforçant à une convenable contrition. J’ai dû l’offenser plus gravement que je ne le pensais… Ai-je néanmoins la permission de demander certains objets de première nécessité ? Il n’y a rien ici.
    — Demandez, monsieur, demandez. En dehors du fait que le roi exige de vous voir enfermer ici, ses ordres ne disent pas que l’on doive vous priver du nécessaire. Que voulez-vous ?
    — Un lit pour mon serviteur, des draps, des couvertures…
    — Des couvertures ? fit l’officier abasourdi. Par cette chaleur ?
    — Il fait chaud le jour mais, à cette hauteur, les nuits sont souvent froides et mon serviteur, comme moi-même, sommes habitués à de grandes chaleurs… En outre, s’il était possible d’avoir de l’eau, du savon et des serviettes, je voudrais me laver…
    — C’est trop naturel. Désirez-vous aussi que je vous envoie le barbier ?
    Gilles passa sa main sous son menton râpeux, hésita puis déclara finalement :
    — Il est déjà tard. Demain matin, de bonne heure, si vous le voulez bien…
    — Entendu. On va vous apporter tout cela avant le souper. Mais pensez-vous qu’il y aura place pour deux lits ?
    — Pongo se contentera d’un simple matelas, mais avec des draps et des couvertures…
    — Comme vous voudrez…
    À peine l’officier eut-il tourné les talons que Gilles se ruait sur le lit, qui était tout prêt, en ôtait vivement le drap de dessous, en faisait un gros bouchon qu’il allait enfouir dans la chaise percée, avant de refaire le lit en rabattant seulement la couverture afin que l’on pût voir qu’un drap manquait. Cela lui permit, quand apparut son nouveau porte-clefs, un gros garçon aux cheveux filasse et à la face blême qui ressemblait irrésistiblement à un fromage blanc et devait en avoir la vivacité d’esprit, de lui faire remarquer qu’il manquait un drap à son lit et qu’il importait de lui en donner un autre dans les plus brefs délais.
    L’homme souleva une lourde paupière, découvrant un œil d’une couleur indéfinissable qui ne tranchait guère avec le reste de sa figure, considéra un moment le lit ouvert d’un air perplexe, mit un doigt dans sa bouche, l’en ressortit et, finalement, articula :
    — J’ croyais pourtant ben avoir fait c’ lit convenablement, hier ?
    — Il faut croire que non, dit Tournemine. Un drap ne s’envole pas tout seul…
    — C’est ben vrai ! C’est ben vrai !… Eh ben, j’ai plus qu’à en chercher un autre. V’s’ êtes sûr qui vous le faut pour ce soir ? ajouta-t-il pensant sans doute à la hauteur de la tour et au fait qu’il avait déjà fait deux voyages.
    — Bien sûr qu’il le faut pour ce soir ! Mais vous n’aurez qu’à l’apporter en même temps que le souper ! fit Gilles magnanime. Il est inutile de faire un voyage exprès.
    L’homme approuva de la tête.
    — V’s’ êtes bien aimable, mon gentilhomme ! fit-il, reconnaissant.
    Il le fut plus encore quand Gilles lui dit que son serviteur se chargerait de faire les lits et assurerait tout le service intérieur de la chambre. Transpirant comme une gargoulette, le gardien se hâta de remercier et de redescendre vers des contrées plus respirables.
    Quand il reparut, une heure plus tard, titubant sous le poids d’une pyramide de plats et du grand pot de café que le chevalier avait réclamé à chaque repas, Gilles et Pongo avaient usé abondamment du grand seau d’eau qu’il leur avait apporté pour se laver… et mis de côté quelques-unes des serviettes qui l’accompagnaient.
    Avec la nuit venue, la chaleur était un peu tombée. Les deux captifs firent honneur au menu qui était excellent comme d’habitude puis, tandis que sur l’ordre de son maître, Pongo, qui avait passé sa

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