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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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même où la cloche de la forteresse se mettait à sonner, annonçant que l’évasion était découverte. En se retournant, Gilles put voir qu’une troupe armée agitant des lanternes et des torches avait envahi la galerie de la contrescarpe… Les gardes avaient, en effet, montré beaucoup de diligence…
    Sans ralentir l’allure, les quatre hommes continuèrent la rue Saint-Antoine jusqu’à l’église Saint-Paul qu’ils atteignirent au moment même où l’horloge sonnait trois heures. Mais ils remirent leurs chevaux au pas pour s’engager dans la rue de la Couture-Sainte-Catherine 1 , beaucoup plus étroite, et qu’ils suivirent en évitant, autant que faire se pouvait, d’éveiller les échos endormis. Des profondeurs de cette rue, on entendait encore un peu la cloche de la Bastille mais pas assez pour éveiller ceux qui y dormaient sagement derrière volets clos et façades muettes.
    — Les chevaux étaient utiles parce qu’il fallait disparaître très vite, confia l’inconnu à Tournemine, et aussi pour transporter le personnage qui a pris votre place dans le fossé, sinon nous aurions très bien pu aller à pied. Nous sommes presque arrivés.
    — Où allons-nous donc ?
    — Chez moi. Personne n’aura l’idée de venir vous y chercher.
    Il avait rejeté son épais manteau que la pluie ne justifiait plus d’ailleurs car elle avait brusquement cessé, comme si, ayant rempli son office dans les plans du roi, elle n’avait plus de raison d’être. Il avait aussi ôté son masque, montrant sous l’éclairage d’une lanterne un visage ouvert et souriant, animé par des yeux vifs et bien fendus, un nez assez long, plutôt pointu, une grande bouche sinueuse mais spirituelle et meublée de belles dents. Grand, bien découplé et de belle prestance, l’inconnu n’était plus très jeune mais il avait un charme indéniable et devait aimer la vie.
    Passé l’hôtel de Carnavalet et celui des Lepeletier de Saint-Fargeau, on tourna dans la rue des Francs-Bourgeois que l’on suivit jusqu’à la rue Vieille-du-Temple.
    — Nous y voilà ! dit l’inconnu en désignant l’imposant portail arrondi d’un vieil hôtel dont le domestique, un Noir athlétique, se hâta d’aller ouvrir les portes. Les trois cavaliers pénétrèrent alors dans une grande cour pavée entourée de bâtiments aux fenêtres desquels ne se montrait aucune lumière.
    On mit pied à terre et le domestique rassembla les guides dans sa main pour ramener les chevaux à l’écurie.
    — Je vous montre le chemin, dit son maître. Prenez seulement garde à ne pas trébucher. Cette maison est l’ancien hôtel des ambassadeurs de Hollande et cette cour aurait besoin de quelques réparations. Certains pavés sont un peu démis.
    À sa suite, Gilles et Pongo franchirent un passage voûté, un peu éclairé d’ailleurs par le faible reflet d’une flamme qui devait brûler quelque part. Ils débouchèrent dans une seconde cour, plus grande que la première, et découvrirent des bâtiments dont l’ornementation semblait aussi riche qu’élégante. Sur la gauche, un petit portique ouvrait sur une terrasse. Et, cette fois, plusieurs fenêtres montraient que, derrière leurs rideaux tirés, les pièces du rez-de-chaussée étaient éclairées.
    Au bruit de pas, d’ailleurs, la porte s’ouvrit et une jeune femme en négligé de mousseline parut, tenant à la main une chandelle qui éclairait son joli visage inquiet.
    — Enfin, vous voilà ! soupira-t-elle. Je ne vivais plus tant je me tourmentais pour vous…
    — Vous avez eu bien tort, ma chère Thérèse. Tout s’est fort bien passé et nous voici tous trois sains et saufs… Souffrez, ma chère amie, que je vous présente le chevalier de Tournemine de La Hunaudaye qui sera votre hôte quelque temps ainsi que son serviteur…
    — J’aimerais mieux « compagnon », corrigea Gilles en souriant et en s’approchant pour saluer la jeune femme. On ne saurait faire un serviteur du grand sorcier des Onondagas et c’était la fonction que remplissait mon ami Pongo sur les rives du fleuve Delaware. Si vous voulez bien permettre que je vous le présente, madame, vous pourrez voir qu’il est tout à fait ce que nos ennemis anglais nomment un gentleman.
    Tandis que Tournemine débitait son petit discours et que Pongo saluait avec une grande dignité, le visage de leur hôte s’était illuminé tandis qu’il esquissait même le geste de tendre les bras à son invité. Mais il

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