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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Votre Majesté se trompe et mon dévouement est aussi grand envers elle…
    — Vous venez de le prouver amplement, ne fût-ce qu’en sortant de votre cachette ce qui a mis vraisemblablement vos jours en péril, j’imagine…
    — Plus ou moins… mais bien moins que ceux de ma femme. Si je demeurais vivant, c’était elle qui devait mourir. Voilà pourquoi j’ai accepté de passer pour mort.
    — Et qui donc la menaçait ?…
    — Celui qui menace tous ceux qui se dévouent pour que vivent le roi et la reine…
    — Monsieur !… Tenez, chevalier, vous disiez à l’instant comment peut-on ne pas aimer la reine ? Vous devriez demander à Monsieur. C’est une chose qu’il fait en perfection. Bien, soupira-t-elle. Voilà un premier point éclairci. À présent… j’ai une autre question à vous poser : On ma dit que cette malheureuse folle, cette femme qui s’est dressée devant moi l’autre matin, l’insulte à la bouche et qui devait faire sauter mon bateau était votre épouse…
    — En effet !
    — Mais… en êtes-vous bien certain ? Êtes-vous sûr de ne pas être victime d’une ressemblance ?…
    — C’est à mon tour de ne plus comprendre. La reine veut-elle me faire la grâce de s’expliquer ?
    — Je vais essayer. Écoutez… je me suis crue, à cette minute, l’objet d’une hallucination. La femme que j’ai vue était jeune, belle, élégante. Elle avait de magnifiques cheveux roux mais son visage… ah ! son visage était celui d’une autre femme, d’une femme dont vous êtes venu un jour, à Trianon, me dire qu’il fallait me défier.
    — Je comprends à présent pourquoi, en la voyant, Votre Majesté a crié, dit Gilles tristement. C’est vrai, Mme de Tournemine ressemble un peu à Mme de La Motte et, la première fois que j’ai vu cette dernière dans le parc de Versailles, je m’y suis trompé un moment. J’avoue à la reine que j’avais oublié cette circonstance et j’imagine, avec chagrin, que cette ressemblance constitue une charge de plus ?
    — J’ai cru un instant… Dieu sait quoi ! Que la comtesse s’était enfuie de la Bastille… ou même que j’étais en train de perdre la raison. Je crois que, d’une pareille femme, on peut attendre n’importe quel méfait, n’importe quelle diablerie… Ainsi donc, sur votre honneur, vous m’assurez que vous ne vous trompez pas, qu’il s’agit bien de votre femme ?
    — Sur mon honneur, oui, madame, fit le chevalier avec une lourde tristesse… sur cet honneur dont il ne restera rien lorsque la hache du bourreau sera passée si la reine refuse de faire grâce. Je serai, pour jamais, l’époux d’une régicide.
    — Non pas. Cette femme, quand on l’a arrêtée, a refusé de dire son nom, elle mourrait peut-être sans le dire… mais, à présent, j’ai une troisième question à vous poser : ce sera la dernière : l’aimez-vous ?
    — Si je l’aime ? Oh, madame ! Est-ce que Votre Majesté ne le devine pas à mon angoisse, à mon chagrin ? Si Judith meurt, je disparaîtrai…
    Mais la reine ne l’écoutait que distraitement, préférant suivre le cheminement capricieux de sa propre pensée.
    — Judith ?… Ainsi, c’est là son nom ? Il lui va bien. C’est celui de la vengeance, celui d’une héroïne sans pitié, sans faiblesse et, en l’occurrence, d’une femme qui me hait. Pourquoi donc me hait-elle à ce point ?
    Gilles bénit le faible éclairage qui cacha la brusque rougeur qui était montée à son visage.
    — Parce qu’elle me croit mort à cause de Votre Majesté… et aussi parce qu’elle croit que j’aime trop la reine…
    Il y eut un petit silence puis Marie-Antoinette murmura tristement :
    — En d’autres termes, elle vous croit mon amant, n’est-ce pas ? Pourquoi pas, après tout ? On m’en prête déjà tellement !… Coigny, Vaudreuil, Lauzun, Dillon, Liancourt, l’ambassadeur anglais Dorset, le russe Romantzoff, lord Seymour, le duc de Guines ; d’autres encore ! Pourquoi donc pas vous ? Vous êtes beau et vaillant : tout ce qu’il faut pour séduire une reine, n’est-il pas vrai ?
    — Madame, madame ! supplia Gilles inquiet de la voir s’aigrir mais qui n’avait pu s’empêcher de constater tout de même qu’un seul nom n’était pas venu et que c’était justement celui de Fersen, j’implore la reine de ne pas ajouter à ma confusion…
    — Je le veux bien. À une condition pourtant ! Vous me direz très

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