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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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au-dessus des plis sombres du vêtement une tête fière dont la haute coiffure blanche scintillait de diamants et irradiait sa propre lumière. D’autres diamants cousus au tissu neigeux de la robe jetaient leurs feux par instants lorsque le mouvement de la marche écartait davantage les pans de la mante déjà étalés par la largeur des paniers.
    Derrière cette lumineuse apparition une autre venait, sacrifiée… car les deux hommes ne virent que la reine.
    Lorsqu’elle approcha d’eux, Gilles, lentement, ôta son chapeau et mit un genou en terre tandis que Fersen se pliait en deux et balayait de son tricorne noir le sable de l’allée. Ce fut à lui que Marie-Antoinette s’adressa en premier : lui désignant du bout de son éventail sa compagne restée respectueusement en arrière, elle ordonna :
    — Monsieur de Fersen, voilà Mme de Polignac qui meurt d’envie de faire quelques pas le long de ce bel étang que nous aimons autant l’une que l’autre. Voulez-vous l’accompagner ?… Sans toutefois vous éloigner par trop. Ce ne sera pas très long.
    Avec un nouveau salut, Fersen s’éloigna et rejoignit l’amie de la reine. Leur double silhouette disparut instantanément derrière les arbres. La reine, qui les avait regardés s’éloigner, se tourna alors vers Tournemine toujours à demi agenouillé.
    — Relevez-vous, chevalier ! Cette pose de suppliant ne saurait convenir à l’homme qui a sauvé le bonheur de son roi et l’espoir du royaume.
    — Madame, murmura-t-il sans obéir, le crime de celle dont je viens implorer la grâce est de ceux qui ne permettent d’approcher la reine qu’à genoux. M’y voici donc !
    — Votre délicatesse vous honore mais je vous prie cependant de vous relever afin que nous puissions faire quelques pas. Outre l’inconfort de cette posture, comme dirait mon beau-frère d’Artois qui se pique d’anglomanie, elle pourrait éveiller des curiosités intempestives si d’aventure on nous voyait. Allons jusqu’à cette charmille, voulez-vous ?
    Elle y alla, suivie à trois pas par Gilles qui ne savait trop comment augurer de la suite. La reine semblait infiniment gracieuse mais cela ne signifiait nullement qu’elle se laisserait fléchir. Parvenue à destination, elle s’assit sur un banc de pierre disposé non loin des grands bassins qui fermaient le Parterre vers le sud.
    — Si je ne me suis pas contentée de ce que m’a dit le comte de Fersen et si j’ai voulu vous voir, chevalier, dit-elle en relevant vers le jeune homme sa tête scintillante, c’est afin que vous éclairiez pour moi certains points fort obscurs de cette triste affaire, points que le comte était parfaitement incapable d’expliquer.
    — Que la reine daigne interroger ! Je ferai de mon mieux pour lui répondre.
    Elle approuva d’un hochement de tête qui alluma plusieurs étoiles dans ses cheveux.
    — Je n’en doute pas. Eh bien, dites-moi donc, pour commencer, comment il se fait que vous soyez là, devant moi, bien vivant alors que l’on vous croit mort ? J’ai su que l’on vous avait arrêté… pour complicité avec ce misérable prélat traître et félon à ses souverains ce qui, je ne vous le cache pas, m’a beaucoup surprise et un peu peinée car je croyais à votre dévouement. Non ! laissez-moi parler ! On vous arrête donc, on vous jette à la Bastille d’où vous tentez de vous évader. Malheureusement pour vous, tandis que vous descendez le long d’une tour, une sentinelle vous surprend, tire sur vous et vous abat. On retrouve dans le fossé votre cadavre assez défiguré d’ailleurs, que l’on renvoie en Bretagne afin que vous y dormiez dans la terre de vos ancêtres… et brusquement, quelques semaines plus tard vous surgissez de la mort pour révéler à M. de Fersen, qui d’ailleurs ne rêvait que de vous tuer, le plus noir complot jamais ourdi contre une femme et ses enfants. Il y a là quelque chose d’inexplicable, vous en conviendrez… un secret sans doute ?
    — Un secret, oui, madame, et qui ne m’appartient pas.
    — À qui donc alors ? On peut tout dire à la reine.
    — Certes, madame… Sauf peut-être ce qui est au roi ! La reine sait, depuis longtemps, que je lui suis dévoué corps et âme, que…
    — Que vous l’aimez beaucoup, je sais… bien plus que vous n’aimez la reine, n’est-ce pas ? ajouta-t-elle avec une pointe de mélancolie.
    — Comment pourrait-on ne pas aimer la reine ? dit Gilles doucement.

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