Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
jugement est parfait et je ne demanderais pas mieux qu’y souscrire… si seulement c’était possible.
    — Et pourquoi ne le serait-ce pas ? fit Marie-Antoinette avec hauteur.
    — Pour une raison qu’il me faut bien vous apprendre à présent : la prisonnière n’est jamais arrivée à Vincennes. Lorsque les soldats en garnison à Melun sont arrivés à Sainte-Assise avec la voiture fermée commandée par le comte de Castellane qui ne pouvait détacher alors aucun des gardes du corps, ils ont appris que d’autres soldats et une autre voiture étaient déjà venus prendre livraison de la coupable. À présent, quels soldats, quelle voiture ? Voilà ce qu’il faudrait savoir…
    — Moi, je les ai vus, sire, intervint Gilles. Une voiture peinte en rouge sombre, des soldats bleus et rouges montés et armés de carabines. Je me suis lancé à leur poursuite et l’un d’eux m’a tiré dessus. Mon cheval a été abattu sous moi et j’ai dû cesser toute poursuite…
    — Quelle route ont-ils prise ?
    — Celle qui va vers Nandy et rejoint, à Lieusaint, la grande route menant de Melun à Paris… celle qui va vers Vincennes le plus directement…
    Louis XVI haussa les épaules avec un petit rire totalement dépourvu de gaieté.
    — … et qui longe le parc de Brunoy ! dit-il en conclusion. Allons, nous sommes des enfants et la stratégie de Monsieur est sans défaut ! Il n’a sans doute rien voulu laisser au hasard et, voyant le coup manqué, il s’est arrangé pour empêcher son envoyée de parler. La tuer au milieu de ses gardes c’était proclamer que quelqu’un pouvait en avoir peur, donc que ce quelqu’un était derrière elle. L’enlever était plus simple, moins dangereux car il ne reste plus de trace, très certainement, à l’heure qu’il est…
    Un terrible silence tomba sur les trois personnages. Assommé par ce que sous-entendaient les dernières paroles du roi, Gilles, oubliant tout ce qui l’entourait, venait de se laisser tomber sur le banc occupé précédemment par la reine et, la tête dans ses mains, essayait désespérément de retrouver un semblant de sang-froid, une once de lucidité car il se sentait devenir fou. La vérité, à présent, lui apparaissait dans toute son horreur aveuglante : les hommes qui avaient enlevé Judith devant ses yeux, à la barbe d’un prince du sang, d’une foule et entre les murs mêmes d’un château appartenant aux Orléans n’étaient pas de ceux qui reculent devant un crime. N’avaient-ils pas tiré sur lui sans une hésitation ? Il n’y avait plus aucun doute possible : à cette heure, Judith était morte…
    Une main appuyée sur son épaule le rappela à la réalité. Ce fut en relevant sur le roi son visage inondé de larmes qu’il s’aperçut qu’il pleurait.
    — Mon ami, dit Louis XVI avec bonté, ne vous désolez pas ainsi. J’ai dit qu’à cette heure sans doute il ne restait plus de trace mais j’entendais parler du carrosse et des soldats que l’on a dû escamoter. Je n’ai jamais dit que la jeune femme eût été abattue et, croyez-le, je ne le pense pas… À présent qu’elle est de nouveau en son pouvoir, Monsieur n’a plus à craindre qu’elle parle. En outre, c’est une arme précieuse qu’une femme à ce point déterminée. On ne se sépare pas d’une collaboratrice de cette valeur quand on a les ambitions… et la froide détermination de mon frère…
    — Votre frère ! coupa la reine avec indignation. Vous continuez à lui donner ce titre ? Enfin, sire, ce misérable continue de tendre sous nos pieds des chausse-trapes telles qu’on pourrait douter de votre commune origine ! Vous êtes la bonté même tandis qu’il ne rêve qu’asseoir son règne dans votre sang et celui de vos enfants. En vérité, si l’on ne savait quelle sainte créature était votre auguste mère…
    — Là… là ! Madame ! Tout beau ! Dans un instant vous allez mettre en doute la pureté de sa naissance et m’offenser à travers mes parents. Non, croyez-moi, il n’y a aucun doute, Monsieur est bien mon frère.
    — Alors qu’il se comporte comme tel ! Et puisqu’il s’y refuse, c’est à vous d’agir, non plus comme un frère, mais comme le maître que vous devriez être ! Frappez, que diable ! Envoyez à Brunoy votre capitaine des gardes avec ses quatre compagnies, vos cent-suisses, vos gendarmes, vos chevau-légers, vos grenadiers, vos gardes-françaises et la garnison de Paris tout

Weitere Kostenlose Bücher