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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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me croyait mort…
    — Non : tuer sa rivale pour qu’au moins la victoire finale lui appartienne jusque par-delà la mort ! Monsieur de Tournemine, cette femme-là ne vous mérite pas.
    — Peut-être… Oui, peut-être Votre Majesté a-t-elle raison, peut-être ne m’a-t-elle jamais aimé vraiment. Mais il n’empêche, madame, que je l’aime et que je ne peux pas supporter l’idée de sa mort prochaine.
    — Aussi ne mourra-t-elle point.
    — Vrai ? Ah, madame !… Ah, majesté ! Quelle joie ! Quel merveilleux soulagement ! Comme la reine est bonne !…
    Un élan venait de le rejeter à genoux auprès du banc où était assise la reine, prêt à baiser l’ourlet de la fastueuse robe blanche mais elle l’en empêcha.
    — Attendez, chevalier ! Je n’ai pas fini. Elle ne mourra pas et même, demain j’obtiendrai du roi qu’on lui fasse quitter Vincennes… mais pas pour vous la rendre. Vous êtes vous-même en danger et plus encore à présent que l’attentat a échoué. Vous devez vivre caché. Si elle vous sait vivant, elle vous mettra tôt ou tard en péril car, de femmes qui savent se taire, je n’en connais pas.
    — Mais nous pouvons partir très loin, nous expatrier…
    — En effet. Mais alors, chevalier, vous sacrifierez peut-être votre roi, votre roi sur lequel vous avez juré de veiller, à une femme qui, je le répète, ne vous mérite pas et en qui, moi, je n’ai pas confiance. Elle devra donc continuer de vous croire mort et vous, vous devrez me donner votre parole de ne pas chercher à la revoir jusqu’à ce que je vous en donne permission…
    La condition était rude mais c’était déjà un magnifique résultat qu’avoir obtenu vie sauve et libération pour la régicide en puissance. Gilles s’inclina sans oser protester davantage.
    — Je rends grâce pour ce généreux pardon, madame, … mais la reine consent-elle à me dire quel sort elle réserve à Mme de Tournemine ?
    — Aucun à Mme de Tournemine que je ne connais pas, qui n’est pas encore née. Quant à cette jeune femme que vous nommez Judith, elle quittera la prison pour un couvent de mon choix… rassurez-vous : un excellent couvent, peut-être un chapitre de chanoinesses où elle mènera une vie convenable. Je veux voir comment elle supportera son veuvage… et si, enfin, elle se décidera à devenir digne de l’amour d’un homme tel que vous. Car elle sera surveillée de près. Alors, peut-être vous rendrai-je un jour, de ma main, celle qui sera vraiment Mme de Tournemine… Ah ! mon Dieu que vous m’avez fait peur…
    Ces derniers mots s’adressaient à un homme qui venait de sortir de derrière l’arbre auquel s’appuyait le banc de la reine, un homme qu’elle avait reconnu instantanément et qui n’était autre que le roi.
    — Ma foi, ma chère Antoinette, je vous en demande bien pardon, dit Louis XVI en faisant entendre ce gros rire qui lui était particulier quand il était gêné ou qu’il ne savait quoi dire. Mais j’étais là depuis un moment et j’ai pensé qu’il était temps que je me mêle de cet entretien plein d’intérêt. Le bonsoir, monsieur de Tournemine ! Je suis charmé de vous revoir en si bonne forme après tant d’aventures… et de vous dire l’extrême gratitude du roi, du père et de l’époux…
    — Mais, s’écria la reine scandalisée, vous espionniez ?
    — Mon Dieu… oui ! Ce n’est pas d’hier que je sais tout le profit que l’on peut tirer à écouter les conversations qui ne vous sont pas particulièrement destinées. Demandez plutôt à Monsieur mon frère. Il fait cela à merveille… Mais revenons à vous, ma chère amie, qui me regardez comme si je passais mon temps l’oreille collée à vos serrures. Voyez-vous, quand on veut tenir ses audiences secrètes, on les donne au fond d’un bois parfaitement obscur, non dans un jardin où il y a quelque lumière et surtout pas en grand habit de cour avec le Sancy dans les cheveux et une douzaine de Mazarins autour du cou. Je vous ai aperçue d’assez loin et j’ai voulu savoir qui vous retenait ainsi au fond du jardin.
    — Bien ! fit la reine avec un mouvement d’épaules agacé. Voilà l’explication. À présent, sire, me direz-vous pour quelle raison vous avez jugé utile, à cet instant, d’intervenir ? Le jugement que je viens de rendre n’aurait-il pas votre agrément ? Je vous préviens…
    — Là, là, là ! Ne montez pas sur vos grands chevaux ! Votre

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