Le Troisième Reich, T2
Sudètes, de la Bohême et de la Moravie. Tout
cela a été en vain.
Dans des conversations avec des hommes d’État polonais… j’ai
formulé enfin les propositions allemandes, et il n’est rien qui soit plus loyal
et plus modeste que ces propositions. En ce moment, je voudrais dire ceci au
monde : moi seul, j’étais à même de faire de telles propositions, car je
sais en toute certitude que je me suis trouvé à ce moment en contradiction avec
l’opinion de millions d’Allemands. Ces propositions ont été rejetées…
Deux journées pleines, mon gouvernement et moi avons
attendu pour savoir s’il convenait ou non au gouvernement polonais de nous
envoyer enfin un plénipotentiaire… Mon amour de la paix et ma longanimité
infinie ne doivent pas être confondues avec la faiblesse et, à plus forte
raison, avec la lâcheté… Je ne puis déceler chez le gouvernement polonais aucun
désir d’engager avec nous des pourparlers vraiment sérieux… Je me suis donc
résolu à employer maintenant, vis-à-vis de la Pologne, le langage même que, depuis
des mois, la Pologne emploie vis-à-vis de nous…
La Pologne, cette nuit, pour la première fois, et sur notre
territoire, a fait ouvrir le feu par ses soldats réguliers. Depuis cinq heures
quarante-cinq du matin, nous tirons de notre côté. A partir de maintenant à
toute bombe répondra une bombe.
Ainsi, pour justifier son agression préméditée contre la Pologne,
Hitler utilisa son simulacre d’attaque contre le poste allemand de radio de
Gleiwitz, opération qui, nous l’avons vu, fut l’œuvre de S. S. en uniformes
polonais sous la direction de Naujocks. Et en fait, dans ses premiers
communiqués, le Haut-Commandement allemand qualifia de « contre-attaques »
ses opérations militaires. Weizsaecker lui-même contribua de tous ses efforts à
cette lamentable escroquerie. Au cours de la journée, il adressa, de la
Wilhelmstrasse, un télégramme circulaire à toutes les missions diplomatiques
allemandes à l’étranger pour leur indiquer les grandes lignes de l’attitude à
adopter.
Pour se défendre contre les coups de main polonais, les
troupes allemandes sont entrées en action ce matin à l’aube. Cette action, présentement,
ne peut être considérée comme un acte de belligérance, mais simplement comme
une riposte aux attaques des Polonais (1).
Les soldats allemands eux-mêmes, bien placés pourtant pour
constater d’où étaient venues les attaques sur la frontière polonaise, subirent,
eux aussi, le bombardement des mensonges d’Hitler. Le 1er septembre, le Führer adressa, en effet, une grandiose proclamation à l’armée :
L’État polonais a rejeté le règlement pacifique recherché
par moi. Il préfère en appeler aux armes… Une série de violations de frontières
insupportables pour une grande puissance démontre que les Polonais ne veulent
plus respecter la frontière du Reich.
Pour mettre fin à ces folles menées, il ne me reste pas d’autre
moyen que d’opposer dès maintenant la force à la force.
Une seule fois, ce jour-là, Hitler devait dire la vérité :
Je n’exige d’aucun homme allemand autre chose que ce que j’ai
été prêt à faire moi-même pendant quatre ans… Dès maintenant, je ne veux plus
être autre chose que le premier soldat du Reich allemand. J’ai
ainsi repris la tenue qui m’était la plus chère et la plus sacrée. Je ne la
quitterai qu’après la victoire, ou bien je ne verrai pas cette fin.
Pour une fois, il devait se montrer fidèle à sa parole. Mais
aucun des Allemands que je rencontrai à Berlin ce jour-là ne remarqua que le Führer avait tout simplement voulu dire qu’il ne pourrait
affronter ni accepter une défaite éventuelle.
Dans son discours, Hitler désigna Gœring comme son premier
successeur au cas où quelque chose lui arriverait. Le camarade Hess, ajouta-t-il,
viendrait en second. « Et, pour le cas où il arriverait aussi quelque
chose au camarade Hess, je décrète immédiatement une loi qui confiera au
conseil des Anciens du parti le soin de choisir en son sein le plus digne, c’est-à-dire
le plus brave. » Quelle loi ? Quel conseil ? Personne n’en avait
jamais entendu parler.
L’attitude relativement modérée d’Hitler au Reichstag fit place à une humeur fort différente et beaucoup plus menaçante dès qu’il
fut de retour à la Chancellerie. L’omniprésent Dahlems, qui
était à la remorque de Gœring, le trouva « dans un état
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