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L’élixir du diable

L’élixir du diable

Titel: L’élixir du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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m’avait travaillé au tuyau métallique. Une douleur terrible, qui m’arracha un grognement. Cela sembla requinquer Munro, qui entreprit de me bourrer de coups de genou au même endroit, apparemment inconscient des coups dont je lui martelais le visage…
    Un spasme me secoua le bas du dos. Je crus que j’allais m’évanouir. Tout en me tortillant sur lui pour l’empêcher de m’expédier un nouveau coup, je lui saisis la tête à deux mains, la soulevai et l’écrasai contre le sol. Encore, et encore…
    Le hurlement assourdissant de l’hélico m’arracha à ma transe, me faisant comprendre qu’il était en train de décoller.
    La seule chose qui me vint à l’esprit, c’était que j’allais perdre mon fils pour toujours.
    Hors de question.
    Comme c’est le cas pour toutes les décisions importantes qu’on prend dans sa vie, mon cerveau avait envoyé ses instructions à mon système nerveux central avant de daigner m’en informer. Avant de réaliser ce que j’étais en train de faire, j’avais ramassé mon Glock, l’avais fourré dans mon pantalon, m’étais projeté vers l’oiseau qui décollait et avais bondi en l’air pour me hisser sur un des patins…
    Ma main gauche toucha le tube métallique et glissa, mais la droite l’avait saisi et tenait bon. Tandis que l’hélico s’élevait en prenant de la gîte et malgré la violence de l’air autour de moi je balançai la jambe droite par-dessus le patin et m’y accrochai.
    Ma pensée soudainement réactivée allait de « Je n’y crois pas ! Qu’est-ce que j’essaie de faire ? » à « Et maintenant ? », lorsqu’une pluie de balles vint frapper l’hélicoptère. Munro s’était relevé, le visage en bouillie et le MP-4 à la main. Finalement, il avait décidé qu’il valait mieux tuer tout le monde qu’en rester là.
    Une autre rafale saupoudra l’hélico, perça dans le fuselage une série de trous horribles, le moteur faisant aussitôt entendre un gémissement suraigu. Je me hissai sur le patin, bloquai ma jambe gauche par-dessus la droite et entrepris de vider le chargeur de mon Glock sur la silhouette qui diminuait rapidement à ma vue mais qui semblait toujours aussi résolue à nous abattre.
    Munro sursauta soudain, tituba et s’écroula. Je venais d’épargner au cartel qui l’employait la peine de le découper à la machette.
    Navarro et son pilote savaient maintenant qu’ils avaient un passager clandestin, mais ils ne semblaient pas pressés de me remercier de leur avoir sauvé la mise. Pendant ces quelques instants d’accalmie, Alex regarda par la fenêtre de l’hélico et la surprise éclaira son visage quand il découvrit ma présence. Nos regards se croisèrent, et le plaisir qui brillait dans ses yeux rechargea mes batteries.
    Le pilote se mit alors à exécuter une série de tonneaux latéraux dans le but évident de me faire lâcher prise… Au bout d’un moment, le moteur fit entendre un grincement aigu, s’arrêta pendant une épouvantable seconde, toussota… et redémarra.
    Je savais que nous n’allions pas rester longtemps en l’air.
    Je me redressai sur le patin, jetai un coup d’œil dans le cockpit, en me demandant pourquoi le pilote n’essayait pas de se poser. Penché en avant, Navarro lui criait ses instructions, visiblement – sans doute lui interdisait-il d’atterrir. Au moins n’essayaient-ils plus de me déloger de mon patin. Tout à coup, Navarro me vit, sortit son arme et tira à travers la vitre de l’hélico.
    Je me baissai pour m’écarter de sa ligne de mire. Je me recroquevillai le plus loin possible, sous le fuselage, en espérant que Navarro n’était pas assez suicidaire pour essayer de m’avoir à travers le plancher de l’hélico.
    Nous foncions au-dessus de la jungle, quasiment au niveau du couvert des arbres, et nous allions de plus en plus vite. Le moteur, apparemment, avait trouvé son second souffle. Une minute plus tard, l’océan était en vue. Même depuis ma position, très précaire, il était d’une beauté à couper le souffle. Le genre de tableau dont j’ai toujours pensé qu’il était peint à la perfection – sauf qu’il était là, en vrai, en couleurs vives. Si ce devait être la dernière chose que je verrais avant de mourir, ce serait beaucoup mieux que de fixer le bout d’un tube enfoncé dans mon estomac.
    L’océan m’avait entendu. Dès que nous fûmes au-dessus de l’eau, le moteur émit une série de crachotements, puis s’arrêta.

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