L'énigme de l'exode

que le site ne soit pas envahi par les chasseurs de souvenirs. N’est-ce pas, messieurs ?
    — En effet, répondit un des policiers.
    Khaled monta à l’arrière de la première voiture et indiqua la direction à prendre.
    — Alors, cette enquête, ça avance ? demanda-t-il.
    — Pas beaucoup, avoua le conducteur. Pour l’instant, les preneurs d’otages se font petits, mais ils ne se doutent certainement pas de l’ampleur du processus qu’ils ont déclenché.
    — À ce point-là ? s’étonna Khaled, tandis que les premières gouttes de pluie tambourinaient sur le toit et le capot.
    — Je n’ai jamais vu ça. Assiout croule sous les uniformes. On fait du porte-à-porte. Nous avons déjà placé un certain nombre de fortes têtes en garde-à-vue. Ils ont balancé quelques noms. Vous savez ce que c’est... Croyez-moi, nous aurons récupéré ces otages sains et saufs d’ici une semaine.
    — Ah, ça me rassure ! prononça Khaled avec le plus grand sérieux.

    III
    Knox, haletant encore, entendit un coup de feu et vit de l’eau gicler, sur sa gauche. En plongeant, il s’était écorché la poitrine contre le fond du lac. De plus, l’eau polluée lui brûlait les yeux, et il distinguait à grand-peine ce qui se trouvait autour de lui.
    La rive nord du lac Mariout se trouvait à quelques centaines de mètres de là. Elle était bordée de roseaux derrière lesquels Knox pourrait se cacher. Il ne voyait pas la rive sud mais savait que le lac s’étendait sur au moins deux kilomètres.
    Un autre coup de feu. Un autre jet d’eau. Il ne pouvait plus attendre. Il se mit à nager. Le lac était très peu profond. Par endroits, il n’y avait pas plus d’un mètre d’eau. Le fond était jonché de blocs de maçonnerie, vestiges d’anciennes jetées qui s’étaient accumulés au fil des millénaires. Knox saisit une pierre et la tint contre sa poitrine pour se lester pendant qu’il reprenait de l’air.
    Farouq s’attendait sûrement à le voir réapparaître sur la rive nord. Mais la terre était si nue que Knox serait à découvert et retomberait entre ses mains en moins d’une heure. Et il ne s’agissait pas uniquement d’éviter de retourner en cellule. Il devait retrouver la mosaïque, prouver son innocence et venir en aide à Gaëlle. Et pour ça, il fallait qu’il aille vers le sud, et non vers le nord.
    Il s’orienta grâce au soleil, serra la pierre contre son ventre comme une ceinture lestée, et se dirigea vers le sud-ouest avec des battements de pieds réguliers en s’arrêtant toutes les trente secondes pour respirer.

Chapitre 37

    I
    Augustin s’apprêtait à enfourcher sa moto lorsque son portable sonna.
    — Augustin Pascal ? demanda une voix d’homme.
    — Lui-même, répondit Augustin. Qui est à l’appareil ?
    — Je m’appelle Mohammed. J’étais en cellule avec un ami à vous la nuit dernière. Un certain Daniel Knox.
    — Il vous a dit de m’appeler ?
    — Oui, il voulait que je vous transmette un message concernant votre amie Gaëlle, celle qui a été prise en otage.
    — Quel message ?
    — Quand il l’a vue, il est devenu fou. Je lui ai demandé ce que je pouvais faire pour l’aider et, ce matin, avant de partir à Borg el Arab avec l’inspecteur Farouq, il m’a donné votre numéro.
    — Quel est le message ?
    — Je vous aurais bien téléphoné plus tôt, mais ils viennent juste de me laisser sortir. Tout le monde est en effervescence, ici. Tous les flics...
    — Dites-moi ce putain de message ! cria Augustin.
    — D’accord, d’accord.
    L’homme respira profondément, comme s’il s’efforçait de se rappeler mot pour mot ce qu’on lui avait demandé de dire.
    — Dans la vidéo, annonça-t-il, votre amie Gaëlle était assise exactement comme le personnage de la mosaïque. Exactement pareil. Daniel a dit que vous comprendriez.
    Le corps d’Augustin se figea tout entier. Bien sûr ! Comment ne l’avait-il pas remarqué ?
    — Où est Knox en ce moment ? s’enquit-il. Il faut que je lui parle.
    — C’est ce que j’essayais de vous dire. Il est parti à Borg avec Farouq afin de retrouver cette mosaïque. Mais on raconte qu’ils n’ont rien trouvé du tout. Et lui, il s’est fait la belle.
    — Quoi ?
    — Je n’aimerais pas être à sa place. Farouq est vicieux, et il n’aime pas avoir le mauvais rôle.
    — Merci, dit Augustin avant de raccrocher.
    Il resta assis sur sa moto quelques instants, à se demander ce qu’il pouvait faire. Il envisagea