L'énigme de l'exode

j’étais loin derrière eux. Et puis, j’ai vu des flammes. Je les ai rejoints le plus vite possible. C’était affreux. L’un d’eux, Knox, était encore dans la voiture. J’ai eu peur qu’il ne soit asphyxié, mais j’ai réussi à détacher sa ceinture. Et c’est là que les hommes de la voirie sont arrivés, Dieu merci.
    Un médecin aux traits tirés frappa à la vitre et entra.
    — Mauvaise nouvelle, annonça-t-il. L’homme de Borg, l’Égyptien...
    — Il est mort ? demanda Farouq d’un air sombre.
    Le médecin acquiesça.
    — Je suis désolé.
    — Et l’autre ?
    — Commotion cérébrale de troisième ou quatrième degré, inhalation de fumée, brûlures mineures. Les lésions dues à la fumée et les brûlures devraient se résorber, mais la commotion est plus problématique. On ne peut encore rien dire. Tout dépend des lésions d’impact, de l’évolution de la pression intracrânienne, du...
    — Quand vais-je pouvoir lui parler ?
    — Laissez-lui deux ou trois jours. Il devrait...
    — Il est peut-être responsable de la mort de l’autre homme, coupa Farouq sèchement.
    — Ah... fit le médecin en se grattant la joue. Je vais supprimer la morphine. Avec un peu de chance, il se réveillera au matin. Mais ne vous faites pas trop d’illusions. Il souffrira probablement d’amnésie rétrograde et antérograde.
    — Est-ce que j’ai l’air d’un médecin ?
    — Excusez-moi. Il risque de ne pas se souvenir de ce qui s’est passé juste avant et juste après l’accident.
    — Ça m’est égal. Il faut que je lui parle.
    — Comme vous voudrez.
    Le médecin fit un signe de tête à l’inspecteur et se retira.
    — Quelle terrible nouvelle, soupira Peterson après que Farouq lui eut traduit l’essentiel de la conversation. J’aurais aimé pouvoir faire davantage.
    — Vous avez fait ce que vous avez pu, déclara Farouq.
    — Oui. Avez-vous d’autres questions à me poser ?
    — Pouvez-vous me laisser vos coordonnées ?
    — Bien sûr.
    Peterson prit le bloc de Farouq et nota un numéro de téléphone, ainsi qu’un itinéraire menant au site. Puis il se leva, salua l’inspecteur et sortit.
    Farouq le regarda partir. Il y avait quelque chose d’anormal, mais il était trop fatigué pour réfléchir. Il avait besoin de dormir. Il bâilla bruyamment et se leva à son tour. Il lui restait tout de même une précaution à prendre avant de rentrer chez lui. S’il était vraiment responsable de la mort du directeur du CSA d’Alexandrie, Knox devait être mis sous surveillance. Farouq décida de poster un homme devant la porte de sa chambre. Demain, il aurait les idées plus claires et tenterait de démêler cette affaire.

    II
    Gaëlle, qui était en train de sombrer dans le sommeil, se réveilla brusquement et s’assit pour allumer la lumière. Les deux livres de Stafford se trouvaient sur sa table de nuit. Elle prit celui qui traitait des trésors perdus de Salomon et le feuilleta jusqu’à ce qu’elle retrouve une photo du rouleau de cuivre, le plus mystérieux des rouleaux de la mer Morte : une carte au trésor. Écrite en hébreu, celle-ci comportait une singularité que personne n’avait jamais pu expliquer de façon satisfaisante : sept groupes de lettres grecques.
    KεN XAΓ HN Θε ΔI TP ΣK.
    Gaëlle ralluma son ordinateur portable et afficha la photo de la mosaïque. Les groupes de lettres étaient identiques. Ils étaient disposés différemment mais, dans la mosaïque, le personnage semblait désigner le KεN et le tracé de l’étoile à sept branches suivait les six autres groupes de lettres dans le même ordre.
    Gaëlle se rassit à son bureau, à la fois abasourdie, troublée, et électrisée. Le rouleau de cuivre était un document essénien. Pourtant, il avait un point commun avec le site de Knox... Elle prit son téléphone. Elle devait mettre Knox au courant, même s’il était tard. Mais il ne répondait pas. Elle lui laissa plusieurs messages en lui demandant de la rappeler immédiatement. Puis elle resta à son bureau, le livre de Stafford entre les mains et tenta d’analyser les photos, l’esprit enflammé par l’excitation de cette découverte.
     
    III Peterson déplaça son Toyota vers une zone sombre du parking et se mit à fixer la porte de l’hôpital. Il n’osait pas partir avant d’avoir récupéré le téléphone portable de Knox.
    Il avait l’impression d’attendre depuis une éternité lorsque Farouq sortit enfin. L’inspecteur