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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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avait évidemment pris la poudre d'escampette par cette voie. Restait à savoir où conduisait cette issue.
    Ils descendirent encore des marches. L'odeur ignoble de la charogne s'alourdissait dans l'air raréfié du souterrain. Après quelques pas, ils durent tourner deux fois sur la gauche et franchir à nouveau quelques degrés. Nicolas entendit Bourdeau qui armait son pistolet. Ils parcouraient un de ces boyaux immémoriaux dont le sol de Paris était truffé. Des compagnies de rats semblaient naître sous leurs pieds. Ils semblaient faire la queue en files pressées, les plus gros sautant par-dessus les autres. Leurs petits cris perçants et leur excitation devaient bien avoir une cause. La voie finit par aboutir à une salle voûtée. Nicolas s'arrêta, effaré devant le spectacle qu'il avait sous les yeux. De même que les lambeaux du sanglier étaient animés d'une vie indépendante, une forme mouvante gisait à quelques pas d'eux. Derrière lui, Bourdeau ne put retenir un cri. Pour s'approcher, ils durent se défendre à coups de bottes contre des rongeurs de plus en plus agressifs qui montraient les dents en couinant. Ils voyaient luire les centaines de points rouges des regards tournés vers la lueur de la chandelle. Bourdeau bousculaNicolas. Il avait saisi une fiasque d'alcool dans sa poche. Il en vida le contenu sur son mouchoir, y mit le feu et le jeta sur les premiers rangs. Quelques bêtes se mirent à grésiller, déclenchant l'effroi dans la troupe immonde. En quelques instants, la panique fut générale et la place provisoirement nette.
    Nicolas se demanderait longtemps si la vision de la marée des rats n'était pas préférable à celle qui, emplissait leurs yeux. Un corps était là, celui d'un être humain, mais qui n'en avait plus l'aspect. Les théâtres de corruption de M. de Noblecourt n'étaient que pâles fantaisies auprès de la vision de ce cadavre décomposé et à demi dévoré. La cage thoracique éclatée laissait entrevoir les côtes. La tête était méconnaissable, mais sans cheveux. Bourdeau et Nicolas reconnurent en même temps le commissaire Lardin. Il n'y avait aucun doute sur l'identité du cadavre. Bourdeau poussa Nicolas du coude.
    — Regardez, ces deux dents cassées sur le devant. Et son crâne chauve. C'est bien Lardin.
    — Il y a quelque chose d'étrange, dit Nicolas. Regardez le ventre, et voyez ces rats morts depuis plusieurs jours. Tout autour des entrailles répandues. Malades ?
    — Ou empoisonnés.
    — Alors, empoisonnés par les viscères d'un homme mort par poison.
    — Et qui manipule du poison ? La cuisinière contre la vermine et les rongeurs. Le jardinier contre les taupes, et les médecins ou les apothicaires qui en usent dans leurs remèdes.
    — Catherine ne ferait pas de mal à une mouche, observa Nicolas. Je ne dis pas contre Louise Lardin, mais pour le commissaire, elle était l'une des rares personnes à en dire du bien.
    — Il faudrait tout d'abord savoir à quand remonte le décès, ce qui peut fournir un alibi à certaines personnes.
    — Vu l'état du corps, ce ne sera guère facile. Il y a encore la possibilité du suicide.
    Bourdeau réfléchissait.
    — Avez-vous remarqué que tous les vêtements du mort ont disparu ? demanda-t-il. Il n'est pas très fréquent que les désespérés se suppriment avec ce manque de tenue.
    — Inutile d'épiloguer, il nous faut d'abord savoir où conduit ce souterrain.

    Au bout de la crypte, de nouveaux degrés remontaient pour aboutir à un couloir en pente douce, étroit et bas de plafond. Une faible clarté apparaissait dans le fond. Ils tombèrent sur un amoncellement de planches qu'ils dégagèrent sans difficulté. Ils se trouvaient maintenant dans une bâtisse de pierre, sorte d'ancienne chapelle désaffectée dans laquelle la lumière du jour pénétrait par d'étroites meurtrières. Ils durent encore se dépêtrer de fagots amoncelés pour découvrir finalement une réserve de cierges. D'un côté s'amoncelaient des paquets réunis en brassées et, de l'autre, un tas de cierges à demi consumés. La porte poussée ouvrait sur un jardin qu'ils reconnurent aussitôt pour être celui des Blancs-Manteaux. Ainsi, tout s'expliquait. Les mouches avaient beau écarquiller les yeux et redoubler de vigilance, le passage permettait de jeter un voile épais sur tout ce qui entrait ou sortait de la demeure des Lardin. Voilà pourquoi un informateur avait cru voir le commissaire s'enfuyant vers l'église. Il

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