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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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signe.
    Surpris, Nicolas fit volte-face.
    — Il sait choisir ses amis. Je lui fais toute confiance, c'est mon lieutenant général à moi. Mais qu'est-ce qui vaut à la Paulet la visite d'un aussi beau jeune homme?
    Nicolas, qui s'attendait à tout, n'aurait pu imaginer la maquerelle telle qu'elle s'offrait à son regard. D'un volume presque monstrueux, accru par sa taille courte et ramassée, elle l'emportait de beaucoup sur la bonne Catherine, déjà forte femme. Ce ragot 18 de graisse accumulée possédait un visage enflé dans lequel les yeux paraissaient enchâssés. Une palette de fards violents le couvrait en couches épaisses sous le foulard noué. Le corps disparaissait dans une robe informe de mousseline violette à raies rouges. Le collier de pierres noires tenait plus de la ceinture que de la parure. Les doigts boudinés éclataient hors des mitaines de soie. Enfin, les flots de tissus laissaient, par instants, entr'apercevoir des pieds d'hydropiquedébordant de vieux souliers de castor usés et distendus comme des savates. Cette caricature était animée, quand les chairs laissaient passer le regard, par des yeux sans cesse en mouvement, froids comme ceux d'un reptile sur le qui-vive. Le perroquet, irrité du peu d'attention qu'on lui prêtait, se mit à pousser des cris stridents et à battre violemment des ailes.
    — Coco, la paix ou j'appelle le guet, dit la Paulet en ricanant.
    Nicolas, qui n'avait pas préparé de plan, et qui, pour une fois, était parvenu à ne pas imaginer à l'avance sa rencontre avec la Paulet, envisagea, en un éclair, une ouverture possible. La chose était risquée, mais il n'avait pas le choix. Avec un sourire charmant, il s'écria:
    — Madame, vous voulez la police, elle est à vos pieds.
    La réaction de la maquerelle dépassa tout ce que Nicolas aurait pu espérer.
    — Foutre! Camusot est bien pressé pour son petit cadeau du mois. Il précède le terme. Mais il a voulu se faire pardonner en vous envoyant et je ne perds pas au change. Le gaillard habituel, ce Mauval d'enfer, a un regard qui me glace, et il en faut beaucoup pour m'effrayer! Il est si mal disant que je me retiens des quatre fers pour ne pas rompre en visière avec lui. Quand il vient, il s'impatronise, lutine les filles, boit mon vin et dérange la pratique. Toute bonne fille que je sois, il faut que j'aime la police pour supporter ce tiercelet de maquereau!
    Elle lui décocha une œillade grimaçante qui lui rappela celle de la vieille Émilie dans le fiacre qui les conduisait à Montfaucon.
    — Je sais, madame, ce que nous vous devons. Et la police vous le rend bien.
    — Ouais, ouais, j'aime mieux les preuves! Il faut vivre, rien n'est parfait. Je rends service, j'écoute, je m'informe, je rapporte, je préviens et je prête la main. On me protège. C'est un très honnête marché pour moi, où je trouve mon compte et vous aussi. Un peu cher cependant !
    — Mes chefs vous tiennent en haute estime. Vous connaissez d'autres commissaires, madame?
    La pointe était un peu directe et la feinte sans finesse. Il comptait sur son air innocent et son pouvoir de séduction pour endormir la méfiance de la Paulet. Elle le fixa un moment sans répondre, mais le visage du jeune homme ne reflétait qu'un air de candeur naïve et elle s'y laissa prendre.
    — De vieux amis, nous sommes tous de vieux amis, Cadot, Thérion, ce sacré Camusot et ce coquin de Lardin, un sacré numéro celui-là!
    — Un client à vous aussi?
    — À moi ? Vous êtes bien urbain. Moi, je suis une bête de réforme, encore qu'à l'occasion... Non, Lardin, c'est un joueur, vous le savez, vous êtes de la Maison Camusot.
    — Certes, mais comment tout cela est-il arrivé? Je n'ai eu que le gros du récit sans les détails, et vous êtes si aimable...
    — Je veux bien vous le conter, il faut instruire les jeunes gens, mais auparavant faites-moi l'honneur de vous asseoir. Je fatigue vite debout, c'est mauvais pour mon teint.
    Nicolas se demanda ce que le teint venait faire là; sous la couche de blanc plâtreux qui recouvrait ce visage, sa couleur naturelle ne devait d'ailleurs pas transparaître souvent. Paulet se carra dans une large bergère qu'elle emplissait toute et l'invita à s'asseoir près d'elle, sur une ottomane. Elle attira d'une mainun petit cabaret en bois des îles, placé sur un guéridon, et l'ouvrit. Plusieurs carafes de liqueurs apparurent, flanquées de leurs petits verres.
    — Le récit va être long. Je prends des

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