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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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dernière st fort jolie, grande et bien faite, car il semble qu'elle que sa vue vous fera plaisir car, de surcroît, elle a beaucoup d'entretenir par sa conversation. Aussi, j'attends votre visite pour endredi et vous prie de tenir ci-joint le déguisement nécessaire en arnaval. Je suis, monsieur, votre humble servante.
    La Paulet

    Bourdeau, au comble de l'excitation, se mit à sauter sur place, en criant:
    — La preuve, la voilà la preuve! C'est le papier qui était dans la poche de Descart, lorsqu'il en est venu aux mains avec Lardin au Dauphin couronné.
    Nicolas jeta un œil sur la pièce métallique. Elle était un peu oxydée et il dut la frotter sur sa manche pour qu'apparaisse le dessin d'un poisson surmonté d'une couronne.
    — Curieuse monnaie de singe! Encore le Dauphin couronné!
    — Il s'agit d'une tout autre volaille, monsieur. Ceci est un jeton de maison galante. Vous entrez, vous payez à la mère maquerelle, en échange elle vous donne un jeton que la fille vous réclamera une fois... une fois... la bouteille vide. Je vous l'apprends ?
    Nicolas rougit et ne répondit pas à cette question directe.
    — Il paraît donc bien que ce jeton provient du Dauphin couronné. Les présomptions s'accumulent, les preuves nous sont offertes. Le destin nous est par trop propice.
    — Plaît-il ?
    — Je vous dis que la voie facile n'est pas la voie de la vérité et que le destin nous fait des cadeaux douteux. Il reste que tout cela doit être précisément vérifié.Bourdeau, faites libérer la vieille Émilie; elle ne peut rien nous apprendre de plus, pour le moment. Remettez-lui cette petite somme de ma part. Ensuite, courez rue des Blancs-Manteaux et tâchez de retrouver Catherine Gauss, la cuisinière des Lardin. Elle veut me parler et, comme elle a été chassée, je n'ai pu la voir ce matin. Quant à moi, je file de ce pas, rue du Faubourg-Saint-Honoré faire connaissance de La Paulet.
    — Doit-on annoncer à Mme Lardin la mort de son époux?
    — Provisoirement.
    — Provisoirement?
    — Oui, mais je m'en chargerai. Quant aux pièces — et il désignait ce qu'il y avait sur la table — faites-les enfermer dans un endroit frais. Je garde le billet et le jeton. À bientôt, Bourdeau.
    Nicolas décida de se rendre à pied rue du Faubourg-Saint-Honoré. La promenade serait longue, mais le temps froid se maintenait au beau. Le gel avait de nouveau durci le sol et le jeune homme arpentait gaillardement le pavé inégal et les fondrières gelées des rues de la capitale. Il avait toujours aimé marcher; cet exercice était, pour lui, inséparable de la réflexion. Dans sa Bretagne natale, il aimait, sur les grèves désertes, voir se profiler à l'horizon les pointes des plages perdues dans les brumes. Il s'agissait de les atteindre et d'en découvrir une nouvelle qu'il faudrait à son tour rejoindre. Cette marche matinale lui fit du bien. Elle lui nettoyait l'âme. L'image des restes présumés du commissaire Lardin hantait son esprit et se mêlait au récit terrible de Sanson.
    Quelque chose n'allait pas. Pourquoi ce corps tronçonné, ces vêtements dispersés, ce dépôt à Montfaucon,alors qu'il eût été si facile de le jeter à la Seine? Pourquoi le, ou les assassins, n'avaient-ils pas soigneusement fouillé les poches du pourpoint de cuir, afin d'en retirer ce qui pouvait constituer des indices et les faire accuser? Indices qui semblaient au contraire avoir été placés là pour qu'on les découvre aisément. Pourquoi cette mâchoire volontairement brisée et cette tache inexplicable sur le crâne ? Et, pour faire bonne mesure, que se passait-il rue des Blancs-Manteaux? Quels desseins poursuivait Mme Lardin? La haine de Catherine avait-elle pour seule raison le rejet d'une marâtre ayant usurpé la place de la mère de Marie ? Et ce cavalier insistant et omniprésent auquel répondait, plus lointaine, l'image menaçante du commissaire Camusot ? Et par-dessus tout cela, M de Sartine, proche et inaccessible, dont il sentait la volonté de le pousser dans des chemins de traverse incertains...
    Nicolas avait atteint un espace immense sur lequel commençait à s'organiser, en lieu d'un ancien marécage, une place sur laquelle les échevins de Paris souhaitaient ériger une statue équestre du monarque régnant. L'endroit était toujours animé comme une fourmilière, mais la rigueur de l'hiver avait interrompu les travaux. Au bord du fleuve, et tout autour du périmètre, commençait à prendre

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