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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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profonde? « Elle l'est plus que vous le croyez, car elle va jusqu'au cœur. » Il m'a également cité son aïeul en me confiant « que l'on n'était plus heureux à son âge ». Il est pourtant beaucoup plus jeune que Louis le Grand, lors des revers de la fin du dernier règne. Enfin, il a longuement évoqué Saint-Denis; « que ne voient jamais les rois, car seuls leurs cercueils les y conduisent le jour de leur pompe funèbre ». Il m'a, bien sûr, pressé sur ce que vous savez...
    — La bonne dame a sa responsabilité dans tout cela. Sous le prétexte de divertir le roi de ses idées noires, elle multiplie les occasions de distractions,quand elle ne les organise pas elle-même, dans un certain domaine.
    — L'esprit public la prendra en horreur, si nos malheurs continuent. La guerre, la lutte avec les parlements et nos affaires religieuses, tout cela fait beaucoup.
    — Pour en revenir à nos affaires, fit l'inconnu, y-a-t-il du nouveau? Je suis perclus d'angoisse à l'idée que... Pouvez-vous me donner espoir?
    Un long silence suivit. Nicolas n'osait plus respirer.
    — J'ai mis un de mes gens sur l'affaire. Il ne sait pas ce qu'il cherche. Il est à la fois mon chien et mon lièvre. Il a surtout l'avantage de n'être point connu et de ne pas connaître.
    Nicolas sentit ses jambes se dérober sous lui, il se rattrapa de justesse, mais sa main heurta le sol. Ce faible bruit fit l'effet de la foudre tombant dans la pièce. En deux mouvements inversement symétriques, M. de Sartine se retourna et découvrit Nicolas pétrifié, tandis que son hôte tournait le dos tout en dissimulant son visage derrière un chapeau. Puis, le lieutenant général fit un geste impérieux, désignant une bibliothèque derrière son bureau. Le visiteur y courut en sautillant, appuya sur les moulures dorées du meuble. Les rangées de livres pivotèrent ouvrant un passage dans lequel l'homme s'engouffra et disparut. La scène n'avait pas duré trois secondes.
    Maintenant, bras croisés, M. de Sartine considérait Nicolas en silence.
    — Monsieur, je ne voulais pas...
    — Monsieur Le Floch, ce que vous venez de faire est sans excuses! Moi qui vous faisais confiance... Sur votre vie, vous n'avez rien entendu. Mais dans quel état êtes-vous? Voilà ce qu'il en coûte de se vautrerchez les filles. Eh bien, monsieur, qu'avez-vous à dire?
    M. de Sartine se redressa, avec ce petit air vainqueur que lui donnait toujours la satisfaction de prouver qu'il demeurait l'homme le mieux renseigné de France.
    — Monsieur, puis-je vous dire très humblement que je ne mérite ni votre colère ni votre ironie. Vous me voyez au désespoir de ce qui vient d'arriver. Je ne l'ai ni cherché ni voulu. L'huissier m'a fait entrer, me disant que vous me cherchiez et aviez ordonné de m'introduire sans désemparer. Étourdi par ma blessure et quasiment en faiblesse, j'ai cru votre bureau vide, et quand je me suis aperçu que vous étiez là avec votre visiteur, je n'ai pas cru devoir me manifester, je ne savais que faire.
    Le lieutenant général demeurait silencieux, manifestant ce laconisme dont on disait à Paris qu'il faisait parler les muets et trembler les plus décidés. Nicolas n'en avait jamais éprouvé les effets, son chef ayant toujours été, jusque-là, disert et courtois, avec certains accès de brusquerie ou d'impatience.
    — Vous êtes mal renseigné, monsieur...
    Nicolas attendit, en vain, une réaction à sa pointe.
    — Je n'étais pas chez les filles, comme vous le dites. Hier, mon enquête sur la disparition du commissaire Lardin m'a conduit dans une maison de plaisir tenue par une maquerelle appelée la Paulet. Vous connaissez, sans doute, le Dauphin couronné ? Au sortir de cette maison, un fiacre a tenté m'écraser. Renversé sur le pavé, j'ai perdu connaissance. Une fille m'a secouru et m'a conduit dans sa chambre pour me panser.
    Nicolas ne crut pas nécessaire d'allonger et decompliquer son récit par des détails particuliers qui ne regardaient que lui.
    — Ce matin, j'ai gagné en toute hâte le Châtelet où j'espérais avoir l'honneur de vous parler. Gravissant le grand escalier, j'ai été attaqué une nouvelle fois par un spadassin, qui m'a menacé et blessé, et que j'ai tout lieu de supposer être M. Mauval. Voilà, monsieur, ce qui explique ma tenue et l'égarement dans lequel je me trouvais en entrant chez vous.
    Il s'animait de plus en plus et haussait le ton. Sartine demeurait impénétrable.
    — Cela étant,

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