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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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« Opum contemptor, recti pertinax, constans adversus metus 43 », cita avec satisfaction le magistrat. Vous ne pouvez, en effet, rester rue des Blancs-Manteaux.

    — Je l'ai quittée ce matin même et j'étais venu vous demander conseil, incertain de ce que...
    — Mon cher Nicolas, je partage l'opinion de M. de Sartine sur l'excellence de vos qualités et sur la distinction de votre éducation. Je vous avais déjà proposé de prendre ici vos quartiers. Soyez mon hôte et ne me remerciez pas, c'est un plaisir que je me fais à moi-même. Marion, Marion !
    Il frappa dans ses mains, déclenchant une crise d'allégresse chez Cyrus qui se mit à tourner comme une toupie dans la chambre, avant de filer dans le logis à la recherche de la gouvernante.
    — Monsieur, votre bonté m'accable et je ne sais comment...
    — Allons, allons... Voici les règles de la maison. C'est une annexe de l'Abbaye de Thélème où sont révérées la liberté et l'indépendance. Vous logerez dans la chambre du deuxième. Je sais que vous ne craignez pas les livres, les murs en sont couverts ; ma bibliothèque, déjà pleine, y a débordé. Vous disposerez d'une entrée particulière, une porte donne sur le petit escalier qui descend aux communs. Marion et Poitevin vous serviront. Vous souperez et vous dînerez avec moi quand vous le souhaiterez, ou quand vous le pourrez : je connais trop bien, pour les avoir éprouvées moi-même, les servitudes de votre état. Que cette demeure soit votre havre. Où est votre bagage ?
    — En bas, monsieur. Croyez que je ferai tout pour éviter de vous déranger trop longtemps. Je vais me mettre en quête...
    — Monsieur, cela suffit, vous allez m'encolérer. Ne voilà-t-y pas que l'ingrat veut déjà abandonner la place ! Je requiers votre obéissance. Consacrez-vous sans remords à votre tâche et ne répliquez pas.
    Marion apparut, guidée par un Cyrus piaffant qui était allé la quérir dans l'office.
    — Marion, M. Nicolas sera désormais des nôtres. Préparez la chambre bleue. Demandez à Poitevin d'y monter le bagage de notre ami. Secundo, j'offrirai, dimanche, un souper. Nous ferons aussi un peu de musique. Nous serons cinq, avec Nicolas et ses amis, le père Grégoire des Carmes et ce jeune séminariste, M. Pigneau, que vous me présentâtes un jour au concert spirituel ; enfin nous aurons M. Balbastre, l'organiste de Notre-Dame 44 . Je vous donnerai des billets à faire porter. Quant au repas, Marion, je compte que vous me ferez honneur. Il n'y a pas plus fines gueules que les prêtres et les musiciens, sauf, peut-être, les magistrats.
    Marion avait écouté son maître, avec une satisfaction visible, en joignant ses mains de contentement. Elle disparut aussi vite que le lui permettaient ses vieilles jambes, afin d'apprendre la bonne nouvelle à Poitevin.
    Nicolas découvrit avec ravissement la chambre qui lui était destinée. L'alcôve, qui abritait un petit lit, était entourée de deux bibliothèques installées dans l'épaisseur du mur et pleines de la plinthe jusqu'à la corniche. Les livres paraissaient toujours monter une garde silencieuse autour de lui. Enfant, il avait passé bien des heures en leur compagnie, dans le grenier de la maison de Guérande, et plus tard dans la bibliothèque du marquis, à Ranreuil. Rien ne pouvait advenir de mauvais, lorsqu'on était protégé par des alignements de reliures fraternelles. Il suffisait d'ouvrirun volume pour que s'élève une petite musique toujours émouvante et jamais semblable. Un secrétaire à cylindre, un fauteuil, une table de toilette et une petite cheminée complétaient l'ensemble de l'ameublement de la chambre tapissée d'un papier bleu à motif fleuri. Jamais Nicolas n'avait vécu dans un tel luxe. Il n'y avait pas de comparaison possible avec la mansarde des Blancs-Manteaux.

    Après l'heureuse conclusion de sa visite rue Montmartre et le beau temps aidant, Nicolas rejoignit le Châtelet tout attendri de contentement. Il inspecta cependant les alentours du sombre monument, mais l'objet de sa recherche, le sagace Tirepot, ne parut pas. Sans doute ses recherches n'avaient-elles pas encore abouti. Il est vrai qu'elles exigeaient beaucoup de prudence. Nicolas savait que ce type de démarche aventurée mettait souvent en danger la vie des informateurs. On ne pouvait leur reprocher de prendre leur temps et de multiplier les précautions lorsque leur enquête les conduisait au cœur des ténèbres du Paris criminel.
    Dès son

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