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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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avare.
    — Awa aurait-elle pu en couper un morceau ?
    — Impossible, elle ne sait pas lire, et considérez l'ensemble ; les pliures coïncident, y compris avec les traces de pain à cacheter.
    — C'est vrai. Quelle fut votre première réaction à la lecture de ce billet ? L'écriture de Descart ne vous était pas étrangère.
    — En effet, du temps où nos relations étaient plus suivies, il m'envoyait certaines pratiques indignes de sa science. J'ai donc parfaitement reconnu son écriture. À vrai dire, le laconisme de lalettre m'a intrigué, mais le personnage était étrange et j'ai pris l'invitation pour ce qu'elle paraissait être, une demande d'entretien. Je me suis creusé la tête pour deviner son objet. Notre dernière rencontre, vous étiez là, avait tourné court. Au fond, je ne m'attendais guère à une offre de réconciliation.
    — Vous avez dit à Bourdeau que seule une raison grave, touchant à l'exercice de votre état, pouvait justifier cette convocation.
    — Certes, je pouvais imaginer qu'il tînt à m'informer de l'état de la procédure qu'il avait engagée visant à m'interdire l'exercice de la médecine, à moi, chirurgien de marine. Ce genre de provocation l'aurait rempli d'aise.
    — Pour quelle raison êtes-vous arrivé en avance à Vaugirard ?
    — Je devais déposer un herbier de plantes tropicales au Jardin des Plantes. J'avais vu large dans mon horaire ; le temps était menaçant. Je suis donc rentré à Vaugirard et n'ai pas cru pendable de me présenter chez Descart avec un peu d'avance.
    — Lorsque vous avez découvert le corps de Descart, rien ne vous a frappé ?
    — J'étais hors de moi, ayant compris aussitôt dans quel piège j'étais tombé et que j'allais faire un suspect sur mesure. J'ai constaté le décès. J'ai vu la lancette. Elle m'a rappelé notre controverse sur la saignée et qu'ainsi l'instrument du crime allait témoigner aussi contre moi ! Je n'ai rien vu d'autre. N'oubliez pas que je n'avais qu'un bout de chandelle pour m'éclairer.
    Nicolas fit durer le silence qui s'était établi. Semacgus se tenait la tête entre les mains.
    — Mon ami, dit le jeune homme, des éléments, de moi seul connus, m'incitent à considérer votrerécit comme véridique. Mais, maintenant, il va falloir me répondre sur ce que je suis fondé à estimer être une suite de mensonges. À quelle heure avez-vous quitté l'établissement de la Paulet, vendredi dernier ?
    — Vous me posez la question et vous savez la réponse.
    — Je voulais vous l'entendre confirmer de votre propre bouche. Cela n'explique pas que vous me l'ayez dissimulé la première fois que je vous l'ai demandé. Pourquoi toute cette comédie avec cette fille?
    — Vous me contraignez, Nicolas, à admettre ce que je voulais vous cacher pour ne pas compromettre une tierce personne...
    — Avec laquelle vous n'avez pas rompu et que vous continuiez à fréquenter...
    Semacgus fixait Nicolas.
    — Je ne m'étonne plus que M. de Sartine vous ait confié cette enquête. Vous pensez et déduisez avec un temps d'avance. Vous serez un redoutable adversaire pour les criminels.
    — Pas de flatteries, Semacgus. Expliquez-moi plutôt pourquoi vous êtes allé retrouver Mme Lardin cette nuit-là, alors que son mari venait de quitter en fureur le Dauphin couronné et que vous pouviez juger plus que probable son retour au logis ?
    — Vous m'obligez à entrer dans des détails humiliants, Nicolas. Il avait toujours été convenu entre Louise et moi que la voie était réputée libre quand elle plaçait une chandelle allumée à la croisée de sa chambre. Et, connaissant Lardin, il y avait gros à parier que sa fureur l'engagerait à errer, de tripot en tripot, jusqu'à l'aube. Aussi, je ne risquais pas grand-chose.
    — Jusqu'à quelle heure êtes-vous resté rue des Blancs-Manteaux ?
    — Six heures. J'ai bien failli me heurter à Catherine qui venait prendre son service.
    — Avez-vous revu Mme Lardin depuis ce jour ?
    — Non, à aucun moment.
    — Vous saviez que Descart était son amant, vous me l'aviez dit. Cela ne vous gênait pas un peu ?
    — Vous êtes cruel, Nicolas. La passion fait admettre bien des choses que la morale réprouve.
    — Vous m'avez dit aussi que Catherine savait pour Descart. Pensez-vous qu'elle se soit confiée à Marie Lardin ?
    — Sans nul doute, tout ce qui pouvait porter préjudice à Louise, Catherine en faisait son pain blanc. Elle confiait tout à Marie, qui haïssait sa belle-mère. Sous

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