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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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n’attraperez
jamais une truite avec ça, cria Culhwch, essayez plutôt une lance de pêche ! »
Les lanciers s’esclaffèrent et les prêtres se renfrognèrent en continuant à
chanter d’un air morne. Certaines femmes de la ville les avaient rejoints au
bord de la rivière pour chanter avec eux.
    « C’est
une religion de femme, lâcha Culhwch avec mépris.
    — C’est
ma religion, cher Culhwch », murmura Galahad. Tous deux n’avaient cessé d’en
discuter tout au long de la guerre de Benoïc, et leur dispute, comme leur
amitié, était sans fin.
    Le prêtre
finit par trouver un endroit assez profond, si profond, en vérité, qu’il se
retrouva avec de l’eau jusqu’à la taille. Il essaya alors d’enfoncer son bâton
dans le lit de la rivière, mais la force du courant ne cessait de faire tomber
la croix, et chaque nouvel échec provoquait un chœur de quolibets dans les
rangs des lanciers. Il y avait bien quelques chrétiens parmi les badauds, mais
ils ne firent aucun effort pour arrêter les moqueries.
    Le prêtre
parvint enfin à planter sa croix, qui demeura dans un équilibre précaire, et
sortit de la rivière. Les lanciers sifflèrent et huèrent à la vue de ses jambes
blanches et décharnées. Le malheureux s’empressa de laisser retomber sa robe
toute trempée pour les cacher.
    Puis parut un
second cortège, dont la vue suffit à imposer le silence sur notre rive. Ce
silence était une marque de respect, car une douzaine de lanciers escortaient
un char à bœufs tendu de linges blancs et dans lequel se tenaient deux femmes
et un prêtre. L’une d’elles était Guenièvre, l’autre la reine Elaine, la mère
de Lancelot, mais le plus stupéfiant dans tout cela, c’était l’identité du
prêtre : l’évêque Sansum. Il était revêtu de tous les insignes de sa
charge : un monceau de chapes éclatantes et de châles brodés, avec une
grosse croix rouge et or autour du cou. Son front tonsuré était rosi par le
soleil ; au-dessus de ses cheveux noirs se dressaient comme des oreilles
de souris. Lughtigern, le surnommait toujours Nimue, le Seigneur des Souris.
    « Je
croyais que Guenièvre ne pouvait pas le souffrir, dis-je, car Guenièvre et
Sansum avaient toujours été les ennemis les plus implacables, et pourtant notre
souriceau rejoignait la rivière dans la voiture de Guenièvre. Et je le croyais
en disgrâce ? ajoutai-je.
    — Ça
flotte parfois, la merde, grogna Culhwch.
    — Et
Guenièvre n’est même pas chrétienne, protestai-je.
    — Et vois
un peu l’autre merde qui l’accompagne ! » ajouta Culhwch, montrant du
doigt un groupe de six cavaliers qui suivaient le char imposant. C’est Lancelot
qui les conduisait, monté sur son cheval noir, vêtu d’un simple pantalon et d’une
chemise blanche. Il avançait flanqué des jumeaux d’Arthur, Amhar et Loholt,
dans leur accoutrement de guerre, avec des casques à plume, des cottes de
mailles et de longues bottes. Derrière eux se trouvaient trois autres
cavaliers, l’un en armure, les deux autres avec la longue robe blanche des druides.
    « Des
druides ? fis-je. À un baptême ? »
    Galahad haussa
les épaules, bien incapable d’y trouver la moindre explication. Les deux
druides étaient des jeunes hommes bien charpentés, avec de beaux visages bruns,
de longues barbes noires épaisses, des cheveux noirs brossés avec soin qui
mettaient en évidence leur tonsure. Ils portaient des bâtons noirs surmontés de
gui et, fait inhabituel pour les druides, ils avaient l’un et l’autre un
fourreau. Le guerrier qui chevauchait avec eux, je m’en rendis compte, n’était
pas un homme, mais une femme : une grande rousse à la nuque raide, dont
les tresses d’une longueur extravagante descendaient en cascade de son casque d’argent
jusqu’à l’échine de sa monture.
    « Elle s’appelle
Ade, me dit Culhwch.
    — Qui
est-ce ?
    — À ton
avis ? Sa boniche ? Elle lui tient chaud dans son lit, ajouta Culhwch
hilare. Elle ne te rappelle personne ? »
    Elle me
faisait penser à Ladwys, la maîtresse de Gundleus. Était-ce le destin des rois
de Silurie que d’avoir toujours une maîtresse qui montait à cheval et portait l’épée
comme un homme ? Ade avait en effet une longue épée à la hanche, une lance
à la main et un bouclier orné d’un pygargue à la main.
    « La
maîtresse de Gundleus, répondis-je à Culhwch.
    — Avec
ces cheveux roux ? fit-il en secouant la

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