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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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générations en arrière,
ainsi que le lignage de tous leurs septs et de toutes leurs tribus. Et cela,
assuraient ses admirateurs, n’était qu’une infime parcelle de ses
connaissances. À les en croire, il était le juvénile parangon de la science, la
fine fleur de la rhétorique bretonne. A mes yeux, il n’était qu’un prince qui
avait hérité de toute l’intelligence de son père, mais pas de sa sagesse. C’est
lui, plus qu’aucun autre, qui avait persuadé le Gwent d’abandonner Arthur avant
Lugg Vale. Pour cette seule raison, je ne l’aimais pas. Mais je mis docilement
le genou à terre lorsque Meurig descendit de sa monture.
    « Derfel,
fit-il de sa voix curieusement haut perchée, je me souviens de vous. » Il
ne m’invita pas à me relever mais se contenta de passer devant moi pour s’engouffrer
dans la tente.
    Agricola me
fit signe de le suivre, m’épargnant ainsi la compagnie des quatre prêtres
haletants qui n’avaient rien d’autre à faire ici que de rester à la proximité
de leur prince  – lequel, vêtu d’une toge et portant autour du cou une
grosse croix de bois suspendue à une chaîne d’argent, parut s’irriter de ma
présence. Il me regarda de travers avant de se répandre en récriminations à l’adresse
d’Agricola, mais comme ils parlaient en latin je n’avais aucune idée de ce qui
les occupait. Meurig appuyait sa démonstration sur une feuille de parchemin qu’il
agitait sous les yeux d’Agricola, qui supporta patiemment la harangue.
    Meurig finit
par abandonner la partie, roula le parchemin et le fourra dans sa toge avant de
se tourner vers moi.
    « Vous ne
comptez pas sur nous pour ravitailler vos hommes ? me demanda-t-il, s’exprimant
de nouveau en breton.
    — Nous
avons nos provisions, Seigneur Prince, dis-je, puis je m’enquis de la santé de
son père.
    — Le roi
souffre d’une fistule à l’aine, expliqua Meurig de sa petite voix aiguë. Nous
lui avons appliqué des cataplasmes et les médecins le saignent régulièrement,
mais hélas Dieu n’a pas jugé bon d’améliorer son état.
    — Faites
donc venir Merlin, Seigneur Prince », suggérai-je.
    Meurig me
regarda en clignant des yeux. Il était très myope et peut-être était-ce sa
mauvaise vue qui lui donnait cet air perpétuellement fâché. Il laissa échapper
un petit rire moqueur. « Naturellement, si vous me pardonnez la remarque,
vous êtes de ces cinglés qui ont bravé Diwrnach pour rapporter une coupe en
Dumnonie. Une terrine, si je ne m’abuse ?
    — Un
chaudron, Seigneur Prince. »
    Ses lèvres
pincées se détendirent en un rapide sourire. « Vous ne croyez pas,
Seigneur Derfel, que nos forgerons auraient pu vous en façonner une bonne
douzaine dans le même temps ?
    — La
prochaine fois, je saurai où chercher mes casseroles, Seigneur Prince. » L’affront
le fit se raidir, mais Agricola sourit.
    « Vous y
comprenez quelque chose ? me demanda Agricola quand Meurig fut parti.
    — Je ne
sais pas le latin, Seigneur.
    — Il se
plaignait qu’un chef n’avait pas payé ses impôts. Le malheureux nous doit
trente saumons fumés et vingt charretées de bois coupé, et nous n’avons reçu de
lui aucun saumon et juste cinq charretées de bois. Mais ce que Meurig ne veut
pas comprendre, c’est que les pauvres gens de Cyllig ont été frappés par la
peste cet hiver et qu’ils ont braconné en vain dans la Wye. Et malgré tout,
Cyllig m’apporte deux douzaines de lanciers. » Agricola cracha de dégoût. « Dix
fois par jour ! Dix fois par jour, le prince rapplique ici avec un
problème que n’importe quel demeuré du trésor public pourrait résoudre en une
vingtaine de secondes. Mon seul désir est que son père se remette et remonte
sur le trône.
    — Tewdric
est si mal en point ? »
    Agricola
haussa les épaules. « Il est las, non pas malade. Il veut abandonner son
trône. Il dit qu’il va prendre la tonsure et se faire prêtre. » Il cracha
à nouveau par terre. « Mais je vais circonvenir notre Edling. Je vais m’assurer
que ses dames partent en guerre.
    — Ses
dames ? demandai-je, intrigué par le ton ironique d’Agricola.
    — Il a
beau être myope comme une taupe, Seigneur Derfel, il n’en repère pas moins une
fille comme un faucon une musaraigne. Il aime ses dames, notre Meurig, et il
lui en faut beaucoup. Et pourquoi pas ? Ainsi font les princes, pas vrai ? »
Il défit son ceinturon et le suspendit à un clou enfoncé dans

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