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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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les catholiques ; au nom de la Bonté, j’ai déchaîné la haine… Les huguenots vont être détruits parce qu’ils ont eu horreur du mensonge et de la simonie… Parce que j’ai déclaré qu’ils étaient l’hérésie, l’imposture et la trahison… parce que j’ai voulu atteindre Marillac ! Oui, oui ! Pour moi, tout est là. Je veux ignorer la politique de Catherine et de Charles et de Guise. Ils veulent tuer comme je veux tuer. Pourquoi ? Peu m’importe ! Ce qui importe, c’est que nous avions tous besoin les uns des autres pour assouvir nos passions et que nous avons fait d’effroyables alliances… Que ces alliances servent les secrets desseins de la sainte Inquisition de Rome, que l’esprit impur de la domination nous ait suscités, que nous soyons de misérables instruments aux mains de la puissance occulte qui veut asservir le monde, là n’est pas la question pour moi… J’ai voulu tuer Marillac. Voilà ma vérité à moi ! J’ai voulu emporter cette femme ! J’ai voulu conquérir un baiser, et pour ce baiser, j’ai mis le feu aux quatre horizons du monde !… Or, où en suis-je maintenant ? Il s’agit de préciser : je ne peux plus m’échapper par quelque argument ; me voici en présence de l’inévitable. Voici : aujourd’hui, l’envoyée de Catherine m’est venue dire : « Ce soir, un peu avant minuit, soyez à Saint-Germain-l’Auxerrois : Alice vous attend. » Oui, voilà bien ce qui m’a été dit… Et lorsque j’arrive, ayant oublié Marillac, lorsque j’arrive chercher de l’amour, c’est encore à ma haine que je me heurte, et Catherine est là pour me dire que Marillac va se trouver devant moi !… O sombre génie ! ô ténébreuse conspiratrice ! qu’attends-tu de moi ?… Ce que tu attends de moi, reine, c’est que je mette dans l’âme de cet homme autant de douleur, autant de haine qu’il y en a dans la mienne ! Et c’est cela que j’ai promis ! Cette lettre, ce papier qui se tord dans ma main, je dois le faire lire à cet homme ! Et voilà à quoi aboutit ma vengeance !… à cette chose ignoble et basse, vile et hideuse, que moi, marquis de Pani-Garola, moi, qu’au-delà des monts on appelait le loyal, le fier, le probe gentilhomme, moi qui rêvais de pitiés souveraines, oui, moi, je vais lâchement tuer un homme non pas en combat singulier comme jadis, non pas au soleil, l’âme forte et la pensée riante, mais dans l’ombre, après l’avoir attiré au plus infâme guet-apens, non pas les armes à la main, mais par un papier, par une forfaiture !… Voilà ce que je vais faire ! Et cela pour qu’une femme qui ne m’aime pas soit à moi ! Pour que deux êtres qui s’adorent soient à jamais séparés !…Le ferai-je ?…Et si je le fais, voyons ?… J’emporte cette femme. Elle est à moi… Supposons la chose faite… me voici avec elle, au loin, où cela ? Peu importe… je m’approche d’elle… la voici qui pleure… où vais-je trouver les paroles de consolation ? Alice, Alice, écoute-moi. Ecoute l’amour… l’amour !… Ah ! quelle révolte la met debout ! quel mépris dans ses yeux !… Et cette bouche de la femme adorée, cette bouche où je viens chercher un baiser… ah !…
    Une main s’appesantit sur l’épaule du moine.
    Il frissonna.
    – L’heure terrible est venue ! murmura-t-il.
    Telle fut la prière du moine Panigarola, telle fut sa pensée suprême à l’instant où le comte de Marillac et Alice de Lux, les mains enlacées, l’âme ravie, pâles de bonheur, s’approchaient à pas lents et s’arrêtaient au pied de l’autel.
    Catherine anxieuse, attentive, sans un geste de trop, concentrée dans l’attente, dit d’une voix calme :
    – Voici celui qui va vous unir…
    Les fiancés levèrent leur regard vers le moine qui lentement se redressait, rabattait son capuchon sur ses épaules et se tournait vers eux…
    L’angoisse de cet instant fut inexprimable.
    Alice vit Panigarola. Ses lèvres devinrent blanches. Un tremblement convulsif la saisit. Ses yeux rivés à ceux du moine exprimèrent une surhumaine horreur.
    Dans cette inappréciable seconde, elle comprit l’affreux guet-apens.
    Son regard de folle se détacha du moine, se posa sur Catherine avec une telle intensité d’épouvante que la reine recula d’un pas, puis sur son fiancé, et cette fois, avec une si profonde pitié, que Marillac chancela, puis, enfin, à nouveau sur le moine.
    Marillac sentait ses pensées se

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