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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qu’aurait son neveu.
    Il était sinistre.
    Dehors, la tempête faisait rage autour de l’hôtel et par moment s’engouffrait en gémissant dans les couloirs.
    Le vieillard écoutait ces plaintes en frissonnant, puis se remettait à rire.
    Tout à coup, Gillot rouvrit les yeux.
    Les hésitations de Gilles cessèrent à l’instant même. Gillot n’eut pas le temps de pousser jusqu’au bout le cri de terreur et de supplication que déjà l’horrible vieux lui enfonçait sa tenaille dans la bouche, ou plutôt, il cherchait à lui enfoncer.
    Le malheureux, les yeux sanglants, les veines du front gonflées par l’effort, serrait les dents, en une crise de désespoir.
    Cette lutte muette était effroyable.
    Gillot eut soudain une sorte de grognement bref, puis une longue, une hideuse clameur stridente, frénétique : la tenaille avait saisi la langue ! La tenaille venait de couper cette langue !
    – Tant pis ! murmura Gilles. S’il ne s’était pas débattu, j’eusse coupé proprement la chose avec mon couteau.
    Et comme il commençait son ricanement de démon, comme un coup de vent furieux ouvrait soudain sa fenêtre et éteignait le flambeau sur la table, Gilles, lui aussi, se mit tout à coup à hurler d’épouvante. Gillot venait de le saisir à la gorge !
    Dans le paroxysme de souffrance, Gillot s’était raidi d’un effort étrange, Gillot avait cassé la corde qui attachait son bras, Gillot, à demi-mort, mais rendu fou furieux par l’atroce douleur, s’était levé et se laissant lourdement retomber sur son oncle, Gillot râlant, Gillot proférant des moignons de paroles, Gillot épouvantable, sanglant, monstrueux, enlaça le vieillard, ses doigts s’incrustèrent dans sa gorge, tous deux roulèrent sur le carreau…
    Pendant quelques minutes, l’obscurité fut pleine de râles, de secousses, de grognements…
    Puis tout s’apaisa…
    Lorsque le jour vint, lorsque le soleil pénétra par la fenêtre ouverte, il éclaira deux cadavres enlacés, dont l’un, la figure rouge de sang, serrait encore l’autre à la gorge.
    q

Chapitre 22 DIEU LE VEUT !
    P anigarola priait, agenouillé, prostré sur les marches du maître-autel de Saint-Germain-l’Auxerrois. Il priait, c’est-à-dire qu’il discutait avec lui-même, dans un tragique et silencieux corps-à-corps. Il semblait de pierre. Les plis de sa robe n’avaient pas un tressaillement. La prière au pied des autels, chez ce moine incrédule, prenait la forme la plus pure, la plus idéale, la plus auguste de la prière. Il ne s’adressait pas à un être surnaturel, il s’adressait à lui-même. Il n’implorait ni la bonté, ni la puissance de la divinité : il cherchait dans son âme tourmentée une lueur de vérité.
    Voici quelle fut la prière du moine dans la silencieuse église, que la tempête extérieure battait de ses ailes géantes, tandis que Catherine de Médicis, embusquée à la petite porte, guettait l’arrivée d’Alice de Lux, l’arrivée du comte de Marillac, tandis que les cinquante nobles ribaudes, les cinquante belles demoiselles, là-bas, au fond, attendaient, pétrifiées, le poignard à la main.
    – Christ a souffert. Socrate a souffert. Mais tous deux étaient soutenus par une idée sublime. Moi qui ai l’âme vaste d’un Christ, l’âme lucide d’un Socrate, je souffre comme eux, et je ne trouve pour me soutenir qu’une idée basse, malingre et d’étroite envergure : la vengeance. Christ et Socrate étaient des hommes comme moi. Et toute l’histoire, tous les écrits, tous les témoignages des contemporains prouvent qu’ils sont morts en pleine sérénité. Moi qui ai rêvé de larges fraternités comme Christ, moi qui ai conçu une république plus belle que la république de Platon, je ne trouve en moi que haine et passion déchaînées… Pourquoi ? Est-ce parce qu’une femme s’est dressée sur ma route ? Est-ce parce que j’ai aimé cette femme ?… Tâchons à voir clair en moi-même… Pourquoi suis-je ici ? Que viens-je faire ? Et qu’ai-je fait ?… Ce que j’ai fait est terrible : pour atteindre un homme, j’ai fait passer ma haine dans l’âme des multitudes à qui j’ai parlé au nom de Dieu, c’est-à-dire au nom de ce qui est pour les hommes, la Bonté, le Pardon, la Justice. Donc, au nom de la Justice, j’ai indiqué qu’il fallait être injuste envers une foule de malheureux ; au nom du Pardon, j’ai soutenu qu’il fallait exterminer ceux qui ne croient pas comme

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