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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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disloquer avec le fracas d’un monument qui tombe.
    Que se passait-il ?
    Rien au monde ne pouvait lui faire savoir… mais il devinait, il voyait avec une aveuglante clarté que ce devait être quelque chose de monstrueux, d’impossible et pourtant de certain, quelque chose d’énorme et de fabuleusement hideux…
    Catherine, les lèvres serrées, la figure marmoréenne, attendait.
    Le moine ne voyait qu’Alice… Alice seule !
    Cela ne dura pas en tout deux secondes…
    Mais ces deux secondes furent dans l’âme de Panigarola une éternité de désespoir. Il y avait dans l’attitude d’Alice un tel amour, si grand, si vrai, si pur, que dans l’ombre, elle en paraissait illuminée…
    Et ses yeux !…
    Ah ! ses grands yeux bruns tournés vers le moine ! Comme ils parlèrent ! Comme ils sanglotèrent ! Quelle ineffable et sublime supplication jaillit de leur double rayon de lumière infiniment triste et douloureuse !…
    « Tuez-moi ! disaient ces yeux, faites de moi ce que vous voudrez, infligez-moi les tortures qu’il vous plaira, mais lui ! lui ! mon fiancé, mon amant, mon amour, ah ! si vous n’êtes pas plus bourreau que le bourreau, ne lui faites pas de mal !… »
    Cette prière muette de l’amante, cette synthèse d’atroce douleur, cette intense supplication pénétraient dans l’âme du moine avec la même acuité, la même irrésistible force qu’un poignard eut pénétré dans ses chairs.
    Il était debout par un miracle de volonté.
    Tout se détraquait en lui. Amour, haine, vengeance, fureur, tous ces sentiments fuyaient à tire-d’aile comme une nichée d’oiseaux nocturnes dans une vieille tour où l’on entre tout à coup avec des flambeaux.
    Il était couleur de cendre.
    Et lorsqu’après ces deux secondes, il se retrouva, lorsqu’il put jeter en lui-même un regard d’étonnement, il n’y découvrit plus qu’une immense pitié… la pitié le noyait, le submergeait tout entier, comme, après un cataclysme, l’Océan submerge les monts, les forêts, les aspérités de toute une contrée.
    Il leva les bras vers les voûtes noires, comme s’il eût voulu prendre à témoin de son sacrifice d’invisibles puissances, puis ses yeux, avec une expression de miséricorde où il sembla que son âme entière fût passée : l’instant d’après, tandis qu’Alice de Lux étouffait une clameur de joie, d’espoir et de gratitude, le moine s’affaissa, évanoui.
    Le sacrifice avait brisé ses forces.
    Marillac éperdu, livide, s’arracha à l’étreinte d’Alice et fit deux pas vers Catherine.
    – Madame, fit-il d’une voix rude, que se passe-t-il ? Quel est cet homme ? Ah ! ce n’est pas un prêtre ! Voyez, voyez… sous sa robe de moine, c’est un gentilhomme qui apparaît !…
    La robe s’était en effet écartée. Le brillant costume de Panigarola se montrait en partie. Dans sa main crispée, le moine tenait encore un papier chiffonné.
    – Viens ! haletait Alice, viens, partons, fuyons !…
    – Madame, rugit le comte, quel est cet homme ?
    Catherine répondit :
    – Je ne sais… Mais tenez, ce papier nous le dira peut-être…
    Au même moment la reine s’écria :
    – Oh ! mais je le reconnais ! C’est le marquis de Pani-Garola ! Que fait-il ici à la place du prêtre qui m’attendait !…
    Marillac s’était penché ; de la main crispée du moine, il avait arraché le papier, ou du moins une partie du papier, et d’un geste fébrile, de ses doigts qui tremblaient, il le dépliait, le défripait…
    – Panigarola ! grommela-t-il. Panigarola ! Bon ! que me veut-il, celui-là ?
    Ses deux poignets, à cet instant, furent saisis comme dans deux étaux par deux mains frêles, glacées, douces, satinées, mais convulsivement serrées. Le visage d’Alice lui apparut à quelques lignes du sien. Leurs regards échangèrent des sentiments de folie, obscurs, intraduisibles, terribles. Elle se colla à lui, et haletante, murmura d’une voix à peine distincte :
    – Ne lis pas…
    – Alice, tu sais ce qu’il y a là !
    – Ne lis pas !… Viens… fuyons… la mort est sur nous…
    – Alice, la vérité est là ! La vérité que Jeanne d’Albret connaissait ! la vérité que ma mère m’a cachée !
    Il parlait sans savoir. Un cercle de feu étreignait sa tête.
    – Ne lis pas !… Donne-moi cette preuve d’amour ! Regarde-moi ! Je t’aime, tu ne peux savoir combien je t’aime ! Ne lis pas, mon amant, mon époux ! Ne lis pas

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