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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Barrés, et qui se trouvait derrière Saint-Paul. Là, ils sauteraient dans une barque et descendraient le cours du fleuve jusqu’au bac, où ils aborderaient non loin de l’hôtel du maréchal.
    Ce plan reçut l’approbation du vieux Pardaillan.
    Comme ils allaient se mettre en route, ils virent venir à eux un petit enfant.
    L’enfant marchait lentement, courbé sous un volumineux paquet enveloppé d’une serge – courbé d’ailleurs plutôt par une habituelle attitude que par le poids du paquet, qui semblait léger malgré son volume.
    – Où ai-je vu cet enfant-là ? murmura le chevalier.
    Et comme le porteur arrivait près deux :
    – Où vas-tu, petit ?…
    L’enfant déposa son paquet avec précaution, désigna le cimetière, et dit :
    – Je vais là… Ah ! je vous reconnais bien… c’est vous qui m’avez parlé un jour, comme je travaillais près du couvent… et vous m’avez dit que mes aubépines étaient magnifiques ; vous avez dit ainsi, je ne l’ai pas oublié… voulez-vous les voir ? Elles sont finies…
    Lestement, il défit son paquet et avec un naïf orgueil montra son ouvrage : des touffes d’aubépine artificielle toute fleurie de boutons et de fleurettes blanches.
    – C’est très beau, dit sincèrement le chevalier.
    – N’est-ce pas ?… C’est pour ma mère…
    – Ah ! oui, je me rappelle, dit le chevalier ému. Tu te nommes ?…
    – Jacques Clément, je vous l’ai dit. C’est que j’ai de la mémoire, moi. Bon ami me le disait toujours… Voulez-vous me faire ouvrir la porte du cimetière ?
    Le chevalier alla heurter à la porte de la cabane. Le fossoyeur apparut, tremblant du tumulte qu’il entendait se déchaîner. Cependant, lorsqu’on lui eut expliqué de quoi il s’agissait, il parut se rassurer, examina attentivement l’enfant, se frappa le front et dit :
    – Est-ce que tu ne t’appelles pas Jacques Clément ?
    – Oui-dà.
    – Eh bien, viens ! Je vais te montrer la tombe de ta mère…
    Les deux Pardaillan étaient stupéfaits de cette reconnaissance. Mais le petit n’en paraissait pas étonné. Il reprit son paquet.
    – Et tu viens de loin ainsi ? fit le chevalier.
    – Du couvent… vous savez bien ! Ah ! j’ai eu du mal à passer, par exemple ! Il y en a du monde dans les rues ! Ce doit être une grande fête… mais pourquoi est-ce qu’on tue des hommes et des enfants ? Pan ! J’en ai entendu, des coups d’arquebuses ! J’avais bien peur, mais j’ai passé tout de même… vous savez, quand on est petit, on ne fait pas attention à vous… Enfin, me voilà, je suis bien content, allez…
    Il parlait posément, gravement même. Puis il suivit le fossoyeur. Le chevalier, machinalement, en proie à une émotion qu’il ne pouvait calmer, suivit et entra dans le cimetière.
    Au moment où le groupe disparaissait parmi les tombes, deux moines arrivèrent par le même chemin qu’avait suivi Jacques Clément et s’arrêtèrent près de la porte d’entrée.
    – Mon frère, dit l’un, soufflons un instant et laissons à nos hommes le temps de nous rejoindre.
    –Et le temps à l’enfant de préparer le miracle, dit l’autre… Que de meurtres ! Que de sang, frère Thibaut ! Croyez-vous vraiment qu’il ne vaudrait pas mieux répandre du vin,
bonum
vinum
 ?…
    – Frère Lubin, ce sang est agréable à Dieu, songez-y !
    – Oui, je ne dis pas non. Mais j’avoue que j’aimerais mieux être à la
Devinière
, sans compter qu’une balle égarée…
    – Les balles ne s’égarent pas ! Dieu reconnaît les siens.
    Pendant que les moines, l’un sévère et l’autre dolent, devisaient ainsi, le groupe formé par les deux Pardaillan, le fossoyeur et le petit Jacques Clément s’arrêtait près d’une tombe où la terre était fraîchement remuée.
    – C’est là ! dit le fossoyeur.
    Une minute, l’enfant parut troublé. Il murmura :
    – Ma mère… comment était-elle, quand elle vivait ?
    – Pauvre petit, dit le chevalier, tu ne l’as donc pas connue ?
    – Non… mais elle va être contente. Sa tombe sera une des plus belles…
    Alors, avec une habileté qui témoignait qu’il avait dû s’exercer à cette opération, il se mit à planter sur la tombe les touffes d’aubépine artificielle qu’il tirait de son paquet…
    Et cela finit par former un gros buisson fleuri, comme si, par miracle, de l’aubépine se fût mise à fleurir en plein mois d’août. Le chevalier regardait le petit travailleur aller

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