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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tuerie devenait plus furieuse, les clameurs de mort montaient, les cloches mugissaient, les sourdes détonations répercutaient leurs échos.
    Tel fut le miracle de l’aubépine…
    q

Chapitre 44 « … QUE DES CHIENS DEVORANTS SE DISPUTAIENT ENTRE EUX. »
    L es deux Pardaillan avaient essayé de mettre à exécution leur projet de gagner le Port des Barrés pour descendre la Seine en s’emparant de l’une des nombreuses barques attachées à quai.
    Cette halte dans le cimetière, cette émotion qu’ils avaient éprouvée devant le pauvre petit orphelin venant en pareil jour fleurir la tombe solitaire, les avaient reposés et comme rafraîchis.
    Ils s’élancèrent donc.
    Mais à peine furent-ils sortis de cette sorte d’oasis que formait la tranquillité du cimetière et des environs qu’ils furent repris par les tourbillons des foules déchaînées : ils voulaient remonter le fleuve, un coup d’aile de la tempête humaine les renvoya vers le Louvre. Là, les masses de peuples se heurtaient dans les rues étroites, comme sur ces côtes déchiquetées où l’Océan, parmi les rochers, se hérisse, gronde, siffle avec plus de rage ; dans une rapide vision, une porte du Louvre apparut aux deux Pardaillan ; une porte grande ouverte, par delà le pont-levis baissé, et sous la voûte, deux canons braqués, et près des canons, des gens d’armes, la mèche allumée… puis tout cela disparut, de violentes poussées les entraînèrent jusqu’à un carrefour… là, on dansait !…
    Oui ! on dansait ! Des furieux sanglants, des femmes hurlantes, des couples épileptiques… et les yeux exorbités du chevalier tombèrent sur un de ces couples autour duquel on riait, on battait des mains… l’homme était un colosse à barbe fauve, avec une face sans expression humaine…
    Or la femme… la danseuse, effrayant cauchemar, cette danseuse avait des traits rigides, livides, les yeux blancs, un corps tout raidi, tandis que la tête retombait à droite, à gauche, au caprice de la danse macabre…
    Cette danseuse, c’était un cadavre !
    L’homme dansait avec le cadavre d’une huguenote qu’il avait poignardée !…
    Le chevalier, défaillant d’horreur, recula, entraînant le vieux Pardaillan, et ils tombèrent alors au milieu d’une horde qui courait avec des abois terribles… Le bruit venait de se répandre qu’au pied de la Montagne-Sainte-Geneviève, on avait découvert un temple huguenot, où une centaine de réformés s’étaient réfugiés… et la horde courait à la rescousse, entraînant tout sur son passage… Et, soudain, les Pardaillan, au milieu de ce torrent qui se précipitait, se trouvèrent à l’entrée du pont de bois, puis sur le pont, puis sur la rive gauche…
    Ce fut ainsi qu’ils passèrent la Seine.
    Le torrent tournait vers la gauche.
    Comment en sortirent-ils ? Comment se retrouvèrent-ils descendant le bord de la Seine ? Ils ne le surent jamais.
    De l’autre côté de l’eau, du fleuve rouge où des cadavres semblaient se livrer à un jeu fantastique, se heurtant, se poussant, se distançant, se rattrapant, au-delà de la Seine, Paris leur apparut dans une buée noire et rouge, au milieu de laquelle le Louvre se dressait formidable, noir, silencieux, hérissé de ses canons chargés…
    Alors ils s’enfoncèrent dans le dédale des rues qui les conduisit à l’hôtel Montmorency.
    Là, des clameurs de mort, le hurlement des cloches, les plaintes des victimes s’entrechoquaient comme sur la rive droite dans les airs embrasés…
    Où étaient-ils ?
    Ils ne savaient pas.
    Quelle heure ?
    Ils ne savaient pas.
    La tête perdue, obstinés, hérissés, déchirés, le bec ouvert et l’œil étincelant comme les grands albatros qui piquent droit dans le vent furieux, ils allaient, guidés seulement par une sorte d’instinct… Ils poursuivaient le cours de l’épique ruée à travers le carnage, dans le sang et les flammes, tragiques, effrayants.
    Soudain, sur une petite place, le vieux Pardaillan saisit son fils par le bras, l’arrêta net et lui désigna quelque chose qui devait être effroyable, car le chevalier fut saisi d’un frisson convulsif.
    Le vieux, de sa voix devenue rauque, avait grondé :
    – Orthès ! Orthès d’Aspremont !… Damville rôde par ici !…
    – Malédiction ! râla le chevalier.
    C’était Orthès, le premier lieutenant de Damville ! son âme damnée !…
    A ce moment, une femme, une huguenote d’une maison voisine, bondit

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