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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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échevelée, hagarde, ses vêtements en lambeaux, presque nue, en criant d’une voix déchirante : Grâce ! Grâce !…
    Une douzaine de forcenés la poursuivaient.
    La femme, jeune et belle, alla heurter Orthès, tomba à genoux et pantela, les mains tendues :
    – Grâce ! Ne me tuez pas ! Pitié !
    Un effroyable sourire contracta les lèvres d’Orthès. Il leva un fouet et toucha la femme, puis, à grands coups, il fit claquer son fouet en hurlant :
    – Taïaut, Pluton ! Taïaut, Proserpine ! Taïaut ! Pille ! Pille !…
    Au même instant, deux chiens énormes, à la gueule rouge de sang, se jetèrent sur la femme ; elle jeta une horrible clameur d’épouvante et tomba à la renverse, les deux chiens sur elle.
    Un coup de croc de Pluton lui ouvrit la gorge ; la gueule de Proserpine s’implanta sur un des seins… Pendant quelques secondes, les Pardaillan, pétrifiés par l’horreur, ne virent qu’un amas de chairs pantelantes d’où fusaient des jets de sang, n’entendirent que les grognements sourds des deux chiens occupés à l’horrible besogne.
    Alors, le chevalier, pâle comme un mort, la lèvre soulevée par l’étrange sourire qu’il avait à de certaines minutes épiques, la moustache hérissée, tremblante, marcha sur Orthès.
    Orthès levant les yeux aperçut les deux Pardaillan et poussa un hurlement de joie infernale… il commença un geste, ce geste ne s’acheva pas… le chevalier venait de le saisir par un poignet, celui qui tenait le fouet… le hurlement de joie devint un cri de terreur : le chevalier lui arracha le fouet, continua à tenir l’homme par le poignet…
    Alors le fouet se leva, siffla dans les airs, et s’abattit sur Orthès.
    Une large zébrure rouge balafra la face du tigre humain.
    Une deuxième fois, le fouet se leva, le fouet des chiens s’abattit sur la face d’Orthès, puis encore, et encore !… il écumait ! il bondissait ! Sa figure n’était plus qu’une plaie rouge !… Cela avait duré deux secondes à peine…
    D’un effort désespéré, Orthès s’arracha à l’étreinte et, les yeux sanglants, vociféra à ceux qui le suivaient :
    – Sus ! Sus ! Ils en sont !… Pille ! Tue ! Pluton, Proserpine, taïaut ! Taïaut !…
    Les deux chiens lâchèrent les restes sanglants de la femme et se dressèrent, tout hérissés, les babines retroussées, l’un devant le vieux Pardaillan, l’autre devant le chevalier…
    – Taïaut ! Taïaut ! hurlèrent les démons d’Orthès.
    Et la figure des deux lions était si terrible, leur rugissement si effrayant que tous reculèrent en continuant de hurler !…
    – Taïaut ! Taïaut !…
    Orthès, délirant de rage et de souffrance, râla encore :
    – Pille, Pluton ! Pille, Proserpine ! Hardi, mes dogues ! Tue ! Taïaut ! Taï…
    Il tomba soudain, renversé, en proférant une horrible imprécation : un chien, non l’un des siens, un chien berger à poil roux, maigre et subtil, avait bondi sur lui… Pipeau ! C’était Pipeau ! Pipeau, l’amant de Proserpine, qui avait suivi sa maîtresse d’étape en étape.
    D’un coup sec, d’un seul coup, les mâchoires de fer de Pipeau entrèrent dans la gorge d’Orthès…
    Le vicomte d’Aspremont demeura immobile, tué net, près des restes sanglants de la femme… Les deux Pardaillan n’avaient rien vu de cette scène…
    Pluton s’était dressé devant le vieux Pardaillan.
    Proserpine, devant le chevalier.
    Ils hésitèrent pendant un laps de temps inappréciable, puis, ensemble, avec un aboi sauvage, ils bondirent cherchant la gorge…
    Dans le même instant, Pluton retomba en arrière, éventré par le coup de dague du vieux routier…
    Proserpine avait sauté sur le chevalier…
    Au moment où elle avait bondi, lui, des deux mains, l’avait empoignée au cou ; il serra frénétiquement de ses dix doigts convulsés par l’effort ; la chienne râla, sa voix s’éteignit… son cadavre retomba près de celui de Pluton :
    Dix secondes ne s’étaient pas écoulées depuis l’instant où les Pardaillan avaient vu les chiens bondir sur la huguenote.
    Ils jetèrent autour d’eux des regards flamboyants, ne voyant même pas Pipeau qui bondissait autour d’eux, délirant de joie, avec des contorsions frénétiques, ne voyant que les visages des compagnons d’Orthès, de la foule qui houlait, roulait autour d’eux, aboyant à la mort, avançant, reculant, n’osant approcher des deux lions.
    – En route, dit le

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