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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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votre commission vous mène trop loin, vous comprenez…
    – C’est juste. Eh bien, je vais au Temple.
    – A la prison ?
    – Non ! dans les environs.
    Pardaillan tressaillit. Il continua de marcher quelques pas en ruminant une idée qui venait de lui traverser la cervelle.
    – Camarade, dit-il tout à coup, voulez-vous que je vous dise ?… Vous portez une lettre à l’hôtel de Mesmes.
    – Comment le savez-vous ? s’écria le soldat stupéfait.
    – Tenez, voici la lettre qui dépasse et sort de votre justaucorps ; elle va tomber, prenez garde.
    En même temps, Pardaillan saisit entre le pouce et l’index le bout du papier qu’il tira. Rapidement, il jeta un coup d’œil sur la suscription. Elle était ainsi libellée :
    – A monsieur le maréchal de Damville, en son hôtel.
    Pardaillan jeta un coup d’œil autour de lui, Ils se trouvaient dans la rue Saint-Antoine, pleine de passants. A vingt pas, arrivait une patrouille du guet à cheval. Il n’y avait pas moyen de se sauver en emportant la lettre. Il la rendit donc au soldat. Mais il avait pu remarquer qu’elle était assez mal cachetée, comme par une personne qui eût été très pressée.
    Ils se remirent en marche, Pardaillan résolu à ne plus lâcher son homme d’une semelle, le soldat devenu très méfiant.
    – Excusez-moi, mon gentilhomme, reprit tout à coup ce dernier, cette lettre doit arriver le plus tôt possible. Il faut que je coure. Adieu donc et merci.
    Là-dessus, le soldat prit le pas de course.
    Mais il avait affaire à plus entêté que lui : Pardaillan se mit aussi à courir.
    – Camarade, dit-il, voulez-vous gagner cent livres ?
    – Non ! fit le soldat, en précipitant sa course.
    – Cinq cents ! reprit Pardaillan.
    – Laissez-moi, monsieur, ou j’appelle !
    – Mille !…
    Le soldat s’arrêta court et devint cramoisi.
    – Que me voulez-vous ? dit-il d’une voix tremblante.
    – Vous donner mille livres en or, si vous me laissez lire la lettre que vous portez.
    – Pour mille livres, je serais pendu. Allons donc !
    – Oh ! oh ! C’est donc bien grave, ce que vous portez ? En ce cas, je vous offre deux mille livres.
    Le soldat chancela. Il était hagard. Pardaillan reprit rapidement :
    – Nous entrons au premier cabaret, et tandis que vous videz une bonne bouteille, je décachette la lettre, je la lis, puis, je remets le cachet en place. Personne ne saura.
    – Non ! murmura le soldat d’une voix sourde ; mon officier m’a dit que je serais pendu si la lettre s’égarait !….
    – Imbécile ! Qui te parle de l’égarer !
    – Adieu !…
    – Trois mille livres ! dit Pardaillan.
    Et prenant le soldat par le bras, il l’entraîna au fond d’un cabaret voisin. Le soldat suait à grosses gouttes. Il pâlissait, il rougissait.
    – Est-ce bien vrai ? murmura-t-il quand ils furent installés devant une bouteille.
    Pardaillan vida sa ceinture, et dit :
    – Compte !
    Le soldat ébloui étouffa un rugissement. Jamais il n’avait vu tant d’or. C’était une fortune qu’il avait là devant lui. Haletant, il remit la lettre à Pardaillan, et sans compter, remplit d’or ses poches. Puis, comme dans un coup de folie, il se leva, gagna la porte et disparut.
    Pardaillan haussa les épaules, et tranquillement décacheta la lettre dont il était dès lors le maître.
    Elle contenait ces mots :
    « Monseigneur, une voiture de voyage fermée s’est présentée à la porte Saint-Antoine, escortée par une douzaine de cavaliers. Le maréchal de Montmorency était là. Il a paru très contrarié de ne pouvoir passer. Je crois avoir reconnu les deux aventuriers que vous m’avez signalés. Je fais suivre la voiture qui, je suppose, regagne l’hôtel de Montmorency. J’ose espérer, monseigneur, que vous brûlerez ce billet aussitôt reçu et que vous n’oublierez pas celui qui vous envoie cet avis. »
    – Ah ! ah ! fit Pardaillan. Je sais maintenant ce que signifie l’ordre du roi de faire fermer toutes les portes de Paris !… Oui, mais voilà les trois mille livres de maître Landry envolées… Bah ! il est riche et peut attendre !
    Là-dessus, Pardaillan se mit en chemin pour regagner l’hôtel de Montmorency.
    Dans cette soirée, le maréchal de Damville reçut autant de billets qu’il y avait de portes à Paris. Tous contenaient la même indication en peu de mots : « Rien de nouveau » ou bien : « Le maréchal ne s’est pas présenté pour sortir » ou bien encore : « Les

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