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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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insoutenable sur Fausta, qui assistait impassible à
cette lutte gigantesque d’un homme aux prises avec des centaines de
combattants.
    Quand elle vit qu’il était bien pris, bien et dûment ficelé des
pieds jusqu’aux épaules, réduit enfin à l’impuissance, elle
s’approcha lentement de lui, écarta d’un geste hautain ceux qui le
masquaient à sa vue, et s’arrêtant devant lui, si près qu’elle le
touchait presque, elle le considéra un long moment en silence.
    Elle triomphait enfin ! Enfin elle le tenait à sa
merci ! Cette prise longuement et savamment préparée, cette
prise ardemment souhaitée, était enfin effectuée. De ce long et
tragique duel, qui datait de sa première rencontre avec lui, elle
sortait victorieuse. Il semblait qu’elle dût exulter et elle
s’apercevait avec une stupeur mêlée d’effroi qu’elle éprouvait une
immense tristesse, un étrange dégoût et comme le regret du fait
accompli.
    En la voyant s’approcher, Pardaillan avait cru qu’elle venait
jouir de son triomphe. Malgré les liens qui lui meurtrissaient la
chair et comprimaient sa poitrine au point de gêner la respiration,
malgré la pesée violente de ceux qui le maintenaient avec la
crainte de le voir leur glisser entre les doigts, il s’était
redressé en songeant :
    « M me  la papesse veut savourer toutes les
joies de sa victoire… Jolie victoire !… Un abominable
guet-apens, une félonie, une armée lâchement mise sur pied pour
s’emparer d’un homme !… Vraiment joli… et comme il y a de quoi
être glorieux ! Je ne lui donnerai certes pas la satisfaction
de lui montrer un visage abattu ou inquiet. Et si la langue lui
démange, comme elle a oublié de me faire bâillonner, je lui
servirai quelques vérités qui la piqueront au vif, ou je ne
m’appelle plus Pardaillan. »
    En secouant frénétiquement la grappe humaine pendue à ses
épaules, il s’était redressé, avait levé la tête, l’avait fixée
avec une insistance agressive, une pointe de raillerie au fond de
la prunelle, la narguant de toute son attitude en attendant qu’elle
lui donnât l’occasion de lui décocher quelqu’une de ces mordantes
répliques dont il avait le secret.
    Fausta se taisait toujours.
    Dans son attitude rien de provoquant, rien du triomphe insolent
qu’il s’attendait à trouver en elle. Autant il était hérissé et
provocant, autant elle paraissait simple et douce. On eût dit qu’il
était, lui, le vainqueur arrogant ; elle, la vaincue
désemparée et humiliée.
    Dans ses yeux, qu’il s’attendait à voir brillants d’une joie
insultante, Pardaillan déconcerté ne lut qu’indécision et
tristesse. Et l’impression qu’il ressentit fut si forte que son
attitude se modifia, sans même qu’il s’en rendit compte, et qu’il
murmura :
    « Pourquoi, diable, m’a-t-elle poursuivi avec tant
d’acharnement, si elle devait éprouver une peine aussi vive de son
succès ! Car il n’y a pas à dire, elle est vraiment peinée de
me voir en si fâcheuse posture. La peste étouffe les femmes au
caractère compliqué que je ne saurais comprendre ! Il sera dit
que celle-ci, jusqu’au bout, trouvera moyen de me déconcerter. Et
maintenant qu’elle s’est donné un mal inouï pour s’emparer de moi,
va-t-elle défaire ces cordes de ses blanches mains et me rendre la
liberté ? Hou ! Elle en est, ma foi, bien capable !
Mais non, je me suis trop hâté de lui croire un cœur accessible à
la générosité. Voici la tigresse qui reparaît. Mordieu !
j’aime mieux cela, du moins je reconnais ma Fausta.
    Il fallait en effet que Fausta fût extraordinairement troublée
pour s’oublier au point de laisser lire en partie ses impressions
sur son visage qui n’exprimait habituellement que les sentiments
qu’il lui plaisait de montrer.
    C’est que ce qui lui arrivait là dépassait toutes ses
prévisions.
    Sincèrement elle avait cru que la haine, chez elle, avait tué
l’amour. Et voici que, au moment où elle tenait enfin l’homme
qu’elle croyait haïr, elle s’apercevait avec un effarement
prodigieux que ce qu’elle avait pris pour de la haine c’était
encore de l’amour. Et dans son esprit éperdu elle râlait :
    « Je l’aime toujours ! Ce que j’ai cru de la haine
n’était que le dépit de me voir dédaignée… car il ne m’aime pas… il
ne m’aimera jamais !… Et maintenant que je l’ai livré
moi-même, maintenant que j’ai préparé pour lui le plus

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