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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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combattants. Dans la mêlée, le prisonnier
pouvait recevoir quelque coup mortel, et nous savons que d’Espinosa
tenait essentiellement à le garder vivant. Il pouvait encore – ce
qui eût été plus fâcheux encore – être délivré par les rebelles qui
pouvaient le prendre pour l’un des leurs. La nécessité d’une
imposante escorte se trouvait donc amplement justifiée.
    Par surcroît de précautions, le chef de l’escorte fit faire à sa
troupe une infinité de détours par des petites rues qui
avoisinaient la place, évitant avec soin toutes celles où il
percevait les bruits de la bagarre. En outre, comme le chevalier,
entravé par des liens très serrés, ne pouvait avancer qu’à tout
petits pas, il se trouva qu’il fallut une grande heure pour arriver
à ce couvent San Pablo qu’on eût pu atteindre en quelques
minutes.
    En ce qui concerne l’émeute, nous dirons qu’elle tourna
rapidement en lamentable échauffourée et qu’elle fut réprimée avec
cette impitoyable cruauté que Philippe II savait montrer quand il
était sûr d’avoir le dessus.
    Et ce fut là une des plus grandes erreurs de Fausta, chef
occulte de cette vaste entreprise qui échoua piteusement et fut
noyée dans le sang.
    Les troupes dont elle disposait étaient nombreuses, bien armées,
et bien organisées. À ces troupes disciplinées s’ajoutait la masse
imposante du populaire qui sans savoir, suivait docilement
l’impulsion qui lui était donnée.
    Si Fausta avait poussé les choses, avec cette vigueur et cette
rapidité d’action qu’elle montrait en de certaines circonstances
graves, elle eût pu mettre les troupes royales en fâcheuse posture,
obliger le roi et son ministre à compter avec elle et – qui
sait ? – avec un peu de décision, sans leur laisser le temps
de se reconnaître et de s’organiser, acculer le roi à une
abdication. C’eût été le triomphe complet, la réalisation assurée
de ses rêves d’ambition.
    Ce plan, qui consistait à pousser activement les événements
jusqu’au succès final, avait été primitivement le sien. Il pouvait
réussir. Malheureusement pour elle, Fausta devant les hésitations
du Torero, de celui qui, pour elle, était le prince Carlos, Fausta
avait commis la faute impardonnable de modifier son plan.
    Elle se croyait sûre de voir le prince venir à elle résolu à lui
donner son nom et à partager avec elle le trône pourvu qu’elle le
hissât sur ce trône. Elle se croyait sûre de cela. Elle n’en eût
pas juré cependant. C’est alors qu’elle eut cette idée malheureuse,
qui devait consommer la ruine de ses ambitions, de modifier ses
idées premières.
    Que lui servirait-il de pousser son succès à fond et de
consommer la ruine de Philippe II si le prince dédaignait ses
propositions ? Elle pensait bien que le prince ne pousserait
pas la folie jusque-là. C’était possible, après tout.
Qu’arriverait-il alors ?
    Ceci simplement : que n’ayant pas un prince royal espagnol
à présenter aux mécontents, ses partisans auraient tôt fait de se
séparer d’elle et de se retourner vers leur ancien roi, dans
l’espoir de se faire pardonner leur trahison.
    Il arriverait que le roi déchu se retrouverait comme par
enchantement à la tête de partisans d’autant plus dévoués qu’ils
avaient plus à se faire pardonner, à la tête aussi de troupes
nombreuses et aguerries, et que l’effort gigantesque qu’elle aurait
fait deviendrait inutile et vain.
    Non. Mieux valait n’agir qu’à bon escient et, puisqu’elle avait
un doute sur les intentions du prince, la prudence commandait
d’agir comme si elle ne devait pas compter sur lui.
    Fallait-il renoncer ?
    Non pas. Mais au lieu d’aller de l’avant et de s’engager à fond,
il fallait montrer à ce prince de quoi elle était capable et de
quelles forces elle disposait. Nul doute que lorsqu’il aurait vu et
compris, il ne revînt humble et soumis. Alors il serait temps
d’entreprendre en toute assurance l’action définitive.
    Ce plan ainsi modifié fut exécuté à la lettre. Le Torero fut
enlevé par ses partisans sans qu’il fût possible aux troupes
royales de l’approcher. Et l’émeute se déchaîna dans toute son
horreur.
    Le but que Fausta se proposait se trouva atteint. Alors les
chefs du mouvement, qui étaient dans la confidence, firent circuler
l’ordre de la retraite et s’éclipsèrent bientôt, suivis de leurs
hommes.
    Alors, il ne resta plus en présence des troupes

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