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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de don Miguel. Il faut que cette princesse
soit puissamment riche pour s’entourer d’un luxe pareil. Et quand
je pense que ces trésors sont restés toute une nuit sans défense, à
la portée du premier malandrin venu, je me dis qu’il faut que cette
princesse soit singulièrement dédaigneuse de ces richesses… ou
qu’un mobile très puissant, que je ne devine pas, la guide à mon
endroit, puisque c’est pour m’être agréable, pour me permettre
d’arriver jusqu’à Giralda, qu’elle a consenti à laisser ces
merveilles à l’abandon. »
    En songeant de la sorte, il était parvenu au premier étage et
était entré dans une chambre confortablement meublée. C’était la
chambre de M. l’intendant à qui le laquais expliqua ce que
désirait le visiteur et se retira aussitôt après.
    M. l’intendant était un vieux bonhomme tout ridé, tout
courbé, tout confit en douceur, d’une politesse obséquieuse.
    – Le laquais qui vous a conduit à moi, dit cet important
personnage, me dit que vous vous appelez don César. Je pense que
ceci n’est que votre prénom… Excusez-moi, monsieur, avant de vous
conduire près de mon illustre maîtresse, j’ai besoin de savoir au
moins votre nom… Vous comprendrez cela, je l’espère.
    Très froid, le jeune homme répondit :
    – Je m’appelle don César, tout court. On m’appelle aussi le
Torero.
    À ce nom, l’intendant se courba en deux et tout confus
murmura :
    – Pardonnez-moi, monseigneur, je ne pouvais pas deviner… Je
suis au désespoir de ma maladresse ; j’espère que monseigneur
aura la bonté de me la pardonner… La princesse est menacée dans ce
pays, et je dois veiller sur sa vie… Si monseigneur veut bien me
suivre, j’aurai l’insigne honneur de conduire monseigneur auprès de
la princesse qui attend la visite de monseigneur avec impatience,
je puis le dire.
    Devant ce respect outré, sous cette avalanche de
« monseigneur » inattendue, le Torero demeura muet de
stupeur. Il jeta les yeux autour de lui pour voir si ce discours ne
s’adressait pas un autre. Il se vit seul avec M. l’intendant.
Alors il regarda celui-ci comme pour s’assurer s’il avait bien tout
son bon sens. Et il dit doucement, comme s’il avait craint de
l’exciter en le contrariant :
    – Vous vous trompez, sans doute. Je vous l’ai dit : je
m’appelle don César, tout court, et je n’ai aucun droit à ce titre
de monseigneur que vous me prodiguez si abondamment.
    Mais le vieil intendant secoua la tête et, se frottant les mains
à s’en écorcher les paumes :
    – Du tout ! du tout ! dit-il. C’est le titre
auquel vous avez droit… en attendant mieux.
    Le Torero pâlit et, d’une voix étranglée par
l’émotion :
    – En attendant mieux ?… Que voulez-vous donc
dire ?
    – Rien que ce que j’ai dit, monseigneur. La princesse vous
expliquera elle-même. Venez, monseigneur, elle vous attend et elle
sera bien contente… oui, je puis le dire, bien contente.
    – En ce cas, conduisez-moi auprès d’elle, dit le Torero qui
se dirigea vers la porte.
    – Tout de suite ! monseigneur, tout de suite !
acquiesça l’intendant qui se hâta de prendre son chapeau, son
manteau et se précipita à la suite du Torero.
    Hors la maison, l’intendant précéda don César et, trottinant à
pas rapides et menus, il le conduisit en ville, sur la place
San-Francisco, déjà encombrée d’une foule bruyante, avide
d’assister au spectacle promis.
    Si le pavé de la place était envahi par une masse compacte de
populaire, les tribunes, les balcons, les fenêtres qui entouraient
la place n’étaient pas moins garnis. Mais là, c’était la foule
élégante des seigneurs et des nobles dames.
    Tous et toutes, nobles et manants attendaient avec la même
impatience sauvage.
    Au centre de la place se dressait le bûcher, immense piédestal
de fascines et de bois sec sur lequel devaient prendre place les
sept condamnés. Autour du bûcher, un triple cordon de moines
sinistres, immobiles comme des statues, la cagoule rabattue,
attendaient, la torche à la main, que les victimes leur fussent
livrées pour communiquer le feu aux fascines. Et, en attendant, des
torches allumées, une fumée âcre s’échappait en volutes épaisses,
s’élevait en tourbillonnant et empestait l’air devenu difficilement
respirable.
    Nul ne s’en montrait incommodé, au contraire. Cette fumée,
c’était comme le prélude de la fête. Tout à l’heure,

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