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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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plus sensible, on les distribuait aux autres.
    – C’est donc cela que vous mettiez tant d’insistance à me
faire goûter à ces mets ?
    – Dame !… puisque les restes devaient nous
revenir !
    – Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit ? Je ne suis pas
mauvais diable. Si vous m’aviez averti, je me fusse laissé faire,
uniquement pour vous être agréable.
    – Hélas ! on l’avait prévu. Aussi nous avait-on
formellement interdit de vous prévenir.
    – Pourquoi avez-vous refusé de goûter à ces mets avant moi,
ainsi que je vous l’ai offert à différentes reprises ?… C’eût
été autant d’attrapé.
    – Ceci surtout nous était défendu, par-dessus tout. Nous
n’aurions eu garde de nous laisser tenter, puisque, ce faisant,
nous eussions été privés du reste… sans compter le châtiment sévère
qui nous était promis.
    – Ah ! vous m’en direz tant ! fit Pardaillan qui,
ayant tiré du moine ce qu’il en voulait, le quitta sans façon.
    Quand il vit que le judas s’était refermé, il éclata d’un rire
silencieux et murmura :
    – Bien joué, ma foi ! Je me suis laissé berner comme
un sot !… Le souvenir du séjour que je fis dans certain caveau
des « morts-vivants » et des péripéties qui le
précédèrent et le suivirent aurait dû cependant me mettre en garde
contre les procédés de M. d’Espinosa. La leçon ne sera pas
perdue.

Chapitre 16 LE PLANCHER MOUVANT
    Le lendemain, il se leva à son heure habituelle, il avait adopté
une embrasure de sa fenêtre. Il y poussait le fauteuil, et là,
abrité par le renfoncement de la fenêtre, caché par le large et
haut dossier du fauteuil, il était à peu près certain d’échapper à
la surveillance occulte qu’il sentait peser sur lui.
    Ce fut là qu’il se réfugia et qu’il resta de longues heures,
immobile, paraissant sommeiller et réfléchissant profondément. Et
sans doute croyait-il avoir percé le but mystérieux poursuivi par
le grand inquisiteur, car parfois une lueur malicieuse brillait au
fond de ses prunelles, un sourire narquois errait sur ses lèvres.
Il savait qu’il était condamné à jeûner durant quelque temps,
puisque le frère Zacarias l’avait prévenu la veille ; donc il
pensait que ses gardiens ne pénétreraient pas dans sa chambre. Il
ne se trompait pas. La matinée se passa sans qu’on lui apportât la
moindre nourriture. Vers une heure de l’après-midi, il se leva
languissant et s’en fut au coffre à habits, d’où il tira un petit
paquet qu’il cacha dans son pourpoint, s’enveloppa soigneusement
dans les plis de son manteau qu’il ne quittait pas depuis quelque
temps, et péniblement, car il se sentait très faible, il regagna
son fauteuil où il disparut.
    Que fit-il là ? Nous ne saurions dire au juste. Mais il
remuait les mâchoires comme quelqu’un qui mastique un aliment.
Peut-être avait-il imaginé ce moyen de tromper la faim.
    Pendant trois jours, on le laissa ainsi seul, sans lui apporter
un morceau de pain, un verre d’eau. Il était devenu d’une faiblesse
extrême, il paraissait avoir une grande peine à se tenir debout et
il lui fallait de longs et pénibles efforts pour arriver à traîner
le fauteuil dans son coin favori.
    Car, chose bizarre, il s’obstinait à se réfugier là. Il y avait
exactement treize jours qu’il était enfermé dans ce couvent-prison
et il n’était plus reconnaissable. Hâve, les traits tirés, une
barbe naissante envahissait ses joues et son menton, les yeux
brillant d’un éclat fiévreux, il n’était plus que l’ombre de
lui-même. Il passait la plus grande partie de son temps dans le
fauteuil où il restait prostré de longues heures.
    Le quatrième jour, au matin, ses gardiens lui apportèrent une
boule de pain noir et un alcarazas rempli d’eau en lui recommandant
de ménager ces maigres provisions, attendu qu’on ne lui en
donnerait d’autres que dans deux jours.
    C’est à peine s’il parut entendre ce qu’on lui disait. Il faut
croire cependant qu’il avait entendu et compris, car deux heures
plus tard le pain était diminué de moitié et l’alcarazas s’était
vidé dans les mêmes proportions. Il faut croire aussi qu’il était
surveillé de près, car peu de temps après les moines reparurent et
le prièrent de les suivre.
    Le maigre repas qu’il venait de faire lui avait rendu un peu de
forces, car il se leva sans trop de difficulté. Mais ce qui étonna
les deux gardiens, c’est qu’il ne

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