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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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paraissait pas très bien
comprendre ce qu’ils disaient.
    Voyant cela, Bautista le prit par un bras, Zacarias par l’autre
et ils l’entraînèrent doucement. On lui fit traverser quelques
couloirs et descendre deux étages. Une porte s’ouvrit, les moines
le poussèrent, et il obéit docilement au geste et pénétra dans le
nouveau local qui lui était assigné. Les moines posèrent par terre
ce qui restait de pain et d’eau, qu’ils avaient eu la précaution
d’emporter, et se retirèrent silencieusement. Bautista s’en fut
droit chez le supérieur du couvent.
    – Eh bien ? fit laconiquement ce personnage.
    – C’est fait, répondit non moins laconiquement le frère
Bautista.
    – Il n’a pas fait de difficultés ?
    – Aucune, révérendissime père. D’ailleurs, je ne sais si
c’est l’effet du jeûne prolongé, mais il ne paraît pas avoir toute
sa conscience. Ah ! ce n’est plus le fringant cavalier qu’il
était lorsqu’il est entré ici !
    – Est-il réellement si bas ? Faites attention, mon
frère, que ceci est d’une importance capitale.
    – Révérendissime père, je crois sincèrement que si on le
soumet encore quelques jours à un régime aussi dur, il perdra la
raison… à moins qu’il ne tombe d’inanition.
    – Nous enverrons le père médecin vérifier sans qu’il puisse
s’en douter. Vous êtes bien sûr qu’il avait avalé le contenu de la
bouteille de saumur que nous vous avions recommandé de placer bien
en évidence le jour de son entrée au couvent ?
    – Absolument… Il ne restait pas une goutte de vin au fond
de la bouteille. Frère Zacarias et moi nous nous en sommes
assurés.
    Le prieur eut un sourire sinistre :
    – S’il en est ainsi, il doit être, en effet, à point.
N’importe, pour plus de sûreté, j’enverrai le médecin. Allez, mon
frère. Vous voilà déchargé de votre prisonnier. Vous avez accompli
votre mission avec zèle et intelligence, monseigneur sera content
de vous. Allez.
    Bautista s’inclina profondément devant son supérieur et sortit,
fier du témoignage de satisfaction reçu.
    La cellule dans laquelle on venait de conduire Pardaillan
pouvait avoir environ dix pieds de long et autant en largeur. Elle
était parfaitement obscure. Il n’y avait aucun meuble, pas un
siège, pas même une botte de paille, et le chevalier, qui,
décidément, n’avait plus de forces, dut s’accroupir sur le
plancher, le dos appuyé à une des cloisons de son cachot.
    Combien de temps resta-t-il ainsi accroupi ? Des heures ou
des minutes ? Il n’aurait su dire, car il paraissait avoir
perdu conscience de l’état misérable dans lequel il se
trouvait.
    Il est probable que le temps qu’il passa ainsi fut assez long,
car il eut faim, et, en un geste machinal, il finit la miche de
pain et vida presque entièrement la provision d’eau.
    À ses tortures vint s’en ajouter une nouvelle : la chaleur.
Cette chaleur allait sans cesse en augmentant et paraissait
provenir du plafond de son cachot. Il lui semblait qu’un immense
brasier était allumé au-dessus de sa tête et laissait tomber sur
lui des bouffées de chaleur intolérable, et sans doute sous l’effet
de cette chaleur anormale, l’air se faisait de plus en plus rare,
et sa respiration devenait plus pénible.
    Il était ruisselant de sueur et il haletait. Par là-dessus un
silence de tombe, une obscurité compacte à tel point que si la
cruche, à laquelle il se désaltérait de temps en temps, n’avait été
sous sa main, il n’aurait pu la retrouver.
    Et voici que le milieu de ce brasier insupportable que
paraissait être le plafond s’ouvrit soudain, un flot de lumière
inonda le cachot et vint l’aveugler de son éclat insoutenable.
    C’était à croire qu’on venait d’allumer brusquement, au-dessus
de sa tête, un soleil dont les éclats fulgurants lui brûlaient les
yeux. Et en même temps, par un phénomène inexplicable, la chaleur
diminuait, une douce fraîcheur lui succédait. Mais cette fraîcheur
ne fit que s’accentuer et se changea rapidement en un froid
glacial. Si bien que, après avoir été en nage, il grelottait dans
son coin.
    Avec le froid intense succédant à la chaleur torride, un autre
phénomène se produisit : des émanations délétères envahirent
son cachot, une puanteur insupportable vint le suffoquer. Et
toujours cet infernal soleil qui lardait ses prunelles de milliers
de coups d’épingle atrocement douloureux chaque fois qu’il

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