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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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réparerai mes forces… ou je serai
mort… Ah ! par ma foi ! j’ai fait ce que j’ai pu !
Arrive qu’arrive, demain je mangerai.
    Le lendemain, l’heure du petit déjeuner arriva, et les moines ne
parurent pas.
    – Diable ! songea Pardaillan déçu, aurais-je trop
attendu ? M. d’Espinosa aurait-il changé d’idée et,
renonçant au poison, voudrait-il me prendre par la faim ?
Enfin, attendons. Peut-être n’est-ce qu’un retard ?
    Et il attendit sans trop de regret, ce petit déjeuner étant un
repas frugal, très léger, qui n’eût pu le satisfaire après le long
jeûne qu’il venait d’endurer.
    L’heure du grand déjeuner arriva à son tour. Et les moines ne
parurent toujours pas.
    Cette fois, Pardaillan commença de s’inquiéter pour de bon.
    – Il n’est pas possible que ce soit un oubli, songeait-il
en arpentant nerveusement sa chambre. Il doit y avoir quelque
chose… Mais quoi ?… D’Espinosa aurait-il deviné qu’aujourd’hui
j’étais résolu à affronter son poison ?… C’est impossible. Et
puis, s’il en était ainsi, ce serait le moment, plus que jamais, de
me servir ce fameux poison… Le Chico aurait-il fait quelque
tentative imprudente ?… Se serait-il laissé prendre ?… Si
je m’informais ?…
    Il se dirigea vers la porte. Mais au moment de frapper au judas,
il s’arrêta, indécis.
    – Non, fit-il en s’éloignant lentement, je ne veux pas leur
laisser voir que j’attends ma pitance avec impatience… quoique, à
tout prendre… Patientons encore.
    L’heure de la collation passa. Puis l’heure du dîner vint à son
tour, Les moines demeurèrent invisibles. Enfin, l’heure du souper
vint et passa sans amener les moines.
    – Morbleu ! fit rageusement Pardaillan, je veux savoir
à quoi m’en tenir !
    Résolument il se dirigea vers le judas et frappa. On ouvrit
aussitôt.
    – Vous avez besoin de quelque chose ? fit une voix
doucereuse qui n’était pas celle de ses gardiens ordinaires.
    – Je veux manger, fit brutalement Pardaillan. À moins que
vous n’ayez résolu de me laisser crever de faim, auquel cas je vous
prierai de me le faire savoir.
    – Vous voulez manger ! fit la voix sur un ton de
surprise manifeste. Et qui vous en empêche ? N’avez-vous pas
tout ce qu’il vous faut dans votre chambre ?
    – Je n’ai rien, mort de tous les diables ! Et c’est
pourquoi je vous demande de me dire si vous avez résolu de me
laisser périr de faim !
    – Vous laisser mourir de faim, bonté divine ! Y
pensez-vous ? Les frères Zacarias et Bautista ont dû garnir
votre table, je présume.
    – Je n’ai rien, vous dis-je, gronda Pardaillan, qui se
demandait si on ne se moquait pas de lui, pas le plus petit morceau
de pain, pas une goutte d’eau.
    – Ah ! mon Dieu !… les deux étourdis vous ont
oublié !
    La voix paraissait sincèrement navrée. Quant à étudier la
physionomie pour se rendre compte si on ne jouait pas la comédie,
il ne fallait guère y songer. À travers les étroites lamelles de
cuivre et dans la demi-obscurité d’un couloir éclairé par quelques
veilleuses, l’œil perçant de Pardaillan lui-même ne percevait guère
que des contours indécis.
    – Enfin, s’écria-t-il, comment se fait-il que je ne les ai
pas vus aujourd’hui ?
    – Ils ont demandé et obtenu la permission de sortir du
couvent. Oh ! pour la journée seulement ! Mais on pensait
qu’ils auraient eu la précaution de vous fournir les provisions
nécessaires à la journée avant de s’absenter. Ah ! si
monseigneur apprend de quelle négligence ils se sont rendus
coupables… je ne voudrais pas être à leur place… Mais vous,
monsieur, pourquoi avoir attendu si longtemps ? Pourquoi
n’avoir pas prévu dès le déjeuner ? On vous aurait servi à
l’instant… Tandis que, à présent…
    – À présent ? fit Pardaillan.
    – À présent, tout dort au couvent, le père pitancier comme
les autres. Impossible de vous donner la moindre des choses. Quel
malheur !
    – Bah ! fit Pardaillan, qui commençait à se rassurer,
un jour d’abstinence de plus ou de moins, je n’en mourrai pas. Si
j’avais seulement un peu d’eau pour humecter mes lèvres. Enfin,
n’en parlons plus. J’attendrai jusqu’à demain… si toutefois il est
bien vrai qu’on n’ait pas décidé de me laisser mourir de faim.
    – Oh ! monsieur le chevalier ! Comment
pouvez-vous nous croire capable de pareille cruauté !
N’avez-vous pas

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