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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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traduire plus haut, il avait trouvé que, tout
compte fait, la mort de Pardaillan lui coûterait cher. C’était un
petit pas vers la capitulation.
    Pour un esprit froid, méthodique comme le sien, le sentiment ne
comptait pas, tout se pesait, se calculait à sa juste valeur et,
suivant les avantages à en retirer, sa conduite se trouvait toute
tracée. Il ignorait le dépit, le faux amour-propre et la crainte de
l’humiliation, qui font que, tout en le déplorant, tout en pestant
intérieurement, on s’obstine néanmoins dans une voie qu’on sait
sans issue.
    D’Espinosa était un homme trop supérieur pour ne pas s’élever
au-dessus de ces mesquineries excusables chez le commun des
mortels. Après s’être dit que la mort de Pardaillan entraînant sa
propre mort ne pouvait lui être d’aucune utilité, il voulut
envisager la question sous une autre face et se posa ce point
d’interrogation : « Est-il bien sûr que, moi mort, il
mourra aussi ? »
    Il n’était pas éloigné de partager l’avis de Fausta, qui
prétendait que Pardaillan était invulnérable. Il se disait que cet
être exceptionnel était de force à attendre patiemment qu’il fût
mort de faim, lui d’Espinosa, ainsi qu’il l’en avait menacé, après
quoi il chercherait et trouverait la porte secrète.
    Il avait commis l’impardonnable faute de limiter ses recherches.
Certes la découverte du ressort caché n’était pas besogne facile.
Elle n’était cependant pas impossible. Pour un observateur sagace
comme cet aventurier, cette besogne se simplifiait beaucoup.
    Évidemment, la porte ouverte, il fallait sortir. D’Espinosa
savait quels obstacles rendaient la route infranchissable pour qui
ne savait pas comment les surmonter. L’instant d’avant, la pensée
que quelqu’un, perdu dans les souterrains qu’il faudrait franchir
pour arriver au jour, saurait tourner toutes les difficultés, l’eût
fait sourire.
    Maintenant il croyait Pardaillan capable de renverser tous les
obstacles. Il le voyait libre et joyeux, chevauchant avec
insouciance vers la France, rapportant à Henri de Navarre, ce
précieux parchemin qu’il avait conquis de haute lutte. Et lui,
d’Espinosa, aurait accepté la mort, ce qui n’était rien, aurait
abandonné le pouvoir avant d’avoir assuré à jamais la suprématie de
l’Église, ce qui était tout à ses yeux, ce qui seul comptait, pour
arriver à ce résultat.
    Serait-il dément à ce point ? Non, cent fois non !
Mieux valait le prendre lui-même par la main et le conduire hors de
cette tombe, mieux valait au besoin lui donner une escorte pour le
conduire hors du royaume, et s’il l’exigeait, pour sa sécurité,
l’accompagner lui-même, mais rester vivant et continuer l’œuvre
entreprise. Sa résolution prise, il ne différa pas un instant la
mise à exécution et, s’adressant à Pardaillan :
    – Monsieur, dit-il, j’ai réfléchi longuement et s’il vous
convient d’accepter certaines conditions, je suis tout prêt à vous
tirer d’ici à l’instant.
    – Un instant, monsieur, fit Pardaillan sans montrer ni joie
ni surprise, je ne suis pas pressé, nous pouvons causer un peu, que
diable ! Moi aussi, j’ai mes petites conditions à poser. Nous
allons donc, s’il vous plaît, les discuter, avant les vôtres… que
je devine, au surplus.
    D’Espinosa avait peut-être pensé que Pardaillan bondirait de
joie à la pensée de sa mise en liberté immédiate. S’il en était
ainsi, il dut s’avouer qu’avec ce diable d’homme, il n’était pas
possible d’avoir le dernier mot.
    Il montrait si peu d’empressement que, après avoir si longtemps
hésité à lui rendre la vie et la liberté, il sentait naître en lui
une nouvelle inquiétude. Est-ce que cet homme, qui ressemblait si
peu aux autres hommes, allait se raviser ? Est-ce qu’il allait
dire que, sûr de sortir de là par ses propres moyens, il ne s’en
irait que lorsque lui, d’Espinosa, serait bel et bien
trépassé ?
    À tout prendre, il comprenait qu’il fût animé d’un désir de
vengeance bien légitime. Cette pensée lui donna le frisson de la
malemort. Mais il ne laissa rien paraître de ses appréhensions, et
ce fut de sa voix calme et assurée qu’il demanda :
    – Voyons vos conditions ?
    – Ma mission, dit paisiblement Pardaillan, étant accomplie,
je quitterai l’Espagne… aussitôt que j’aurai terminé certaines
petites affaires que j’ai à régler. Vous voyez, monsieur, que

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