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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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parole de
gentilhomme.
    Et aussitôt, pour témoigner que lui aussi il avait pleine
confiance, il ouvrit la porte secrète sans chercher à cacher où se
trouvait le ressort qui actionnait cette porte. Ce que voyant,
Pardaillan eut un sourire indéfinissable.
    Quelques instants plus tard, le grand inquisiteur et Pardaillan
se trouvaient sur le seuil d’une maison de modeste apparence. Pour
arriver là, il leur avait fallu ouvrir plusieurs portes secrètes.
Et toujours d’Espinosa avait dévoilé sans hésiter le secret de ces
ouvertures, alors qu’il lui eût été facile de le dissimuler.
    Remontant à la lumière, ils avaient traversé des galeries, des
cours, des jardins, de vastes pièces, croisant à tout instant des
moines qui circulaient affairés.
    Aucun de ces moines ne s’était permis le moindre geste de
surprise à la vue du prisonnier, paraissant sain et vigoureux, et
s’entretenant familièrement avec le grand inquisiteur. Et au sein
de ce va-et-vient continuel, à d’Espinosa qui l’observait du coin
de l’œil, Pardaillan montra le même visage calme et confiant, la
même liberté d’esprit qui lui permettait de se maintenir sans
effort apparent au niveau de la conversation. Seulement,
dame ! lorsqu’il se vit enfin dans la rue, le soupir qu’il
poussa en dit long sur les transes qu’il venait d’endurer. Encore
eut-il la force de s’arranger de manière à ce que d’Espinosa ne
surprît pas ce soupir. Au moment où Pardaillan allait le quitter,
d’Espinosa demanda :
    – Vous comptez continuer à loger à l’auberge de
La
Tour
jusqu’à votre départ ?
    – Oui, monsieur.
    – Bien, monsieur.
    Il eut une imperceptible hésitation, et brusquement :
    – J’ai cru comprendre que vous portiez un vif intérêt à
cette jeune fille… la Giralda.
    – C’est la fiancée de don César pour qui je me sens une
vive affection, expliqua Pardaillan qui fixait d’Espinosa.
    – Je sais, fit doucement celui-ci. C’est pourquoi je pense
qu’il vous importe peut-être de savoir où la trouver.
    – Il m’importe beaucoup, en effet. À moins, reprit-il en
fixant davantage d’Espinosa, à moins qu’on ne l’ait arrêtée… avec
le Torero, peut-être ?
    – Non, fit d’Espinosa avec une évidente sincérité. Le
Torero n’a pas été arrêté. On le cache. J’ai tout lieu de croire
que maintenant que vous voilà libre, ceux qui le séquestrent
comprendront qu’ils n’ont plus rien à espérer puisque nous sommes
d’accord et que vous emmenez le prince avec vous, en France. En
conséquence, ils ne feront pas de difficulté à lui rendre la
liberté. Si vous tenez à le délivrer, orientez vos recherches du
côté de la maison des Cyprès.
    – Fausta ! s’exclama Pardaillan sur un ton qui eût
fait frissonner l’ancienne papesse, si elle avait pu
l’entendre.
    – Je ne l’ai pas nommée sourit doucement d’Espinosa.
    Et, sur un ton indifférent, il ajouta :
    – Ce vous sera une occasion toute trouvée de lui dire ces
deux mots que vous regrettiez si vivement de ne pouvoir lui dire
avant votre départ pour l’éternel voyage. Mais je reviens à cette
jeune fille. Elle aussi, elle est séquestrée. Si vous voulez la
retrouver, allez donc du côté de la porte de Bib-Alzar, passez le
cimetière, faites une petite lieue, vous trouverez un château fort,
le premier que vous rencontrerez. C’est une résidence d’été de
notre sire le roi qu’on appelle le Bib-Alzar, à cause de sa
proximité de la porte de ce nom. Soyez demain matin, avant onze
heures, devant le pont-levis du château. Attendez là, vous ne
tarderez pas à voir paraître celle que vous cherchez. Un dernier
mot à ce sujet : il ne serait peut-être pas mauvais que vous
fussiez accompagné de quelques solides lames, et souvenez-vous que
passé onze heures vous arriverez trop tard.
    Pardaillan avait écouté avec une attention soutenue. Quand le
grand inquisiteur eut fini, il lui dit, avec une douceur qui
contrastait étrangement avec le ton narquois qu’il avait eu
jusque-là :
    – Je vous remercie, monsieur… Voici qui rachète bien des
choses.
    D’Espinosa eut un geste détaché, et avec un mince sourire, il
dit :
    – À propos, monsieur, remontez donc cette ruelle. Vous
aboutirez à la place San Francisco, c’est votre chemin. Mais sur la
place, détournez-vous un instant de votre chemin. Allez donc devant
l’entrée du couvent San Pablo… vous y trouverez quelqu’un

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