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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vous
prier d’ouvrir cette fameuse porte secrète, et que vous êtes seul
au monde à connaître, et qui nous permettra de sortir de ce lieu,
qui n’a rien de bien plaisant.
    – Et si je refuse ? demanda d’Espinosa sans
sourciller.
    – Nous mourrons ensemble ici, dit Pardaillan avec une
froide résolution.
    – Soit, dit d’Espinosa avec non moins de résolution,
mourons ensemble. Au bout du compte, le supplice sera égal pour
tous les deux, et si la vie mérite un regret, vous aurez ce regret
au même degré que moi.
    – Vous vous trompez, dit froidement Pardaillan. Le supplice
ne sera pas égal. Je suis plus vigoureux que vous et j’ai ici des
provisions qui dureront quelques jours, en les rationnant
convenablement. Il est clair que vous succomberez par la faim et la
soif. J’ai tâté de ce genre de supplice, je puis vous assurer qu’il
est assez affreux. Quand vous ne serez plus qu’un cadavre, moi,
avec le fer que voici, je pourrai abréger mon agonie.
    Si fort, si maître de lui qu’il fût, d’Espinosa ne put réprimer
un frisson. Le ton sur lequel Pardaillan disait ces mots prouvait
qu’il avait longuement médité son acte et que nulle puissance
humaine ne l’empêcherait d’exécuter les choses comme il les avait
arrangées.
    – Nous n’aurons pas les mêmes regrets en face de la mort,
continua Pardaillan de sa voix implacablement calme. Le seul regret
que j’éprouverai sera de ne pouvoir, avant de m’en aller, dire deux
mots à M me  Fausta. C’est une satisfaction que
j’aurais voulu me donner, je l’avoue. Mais bah ! on ne fait
pas toujours comme on veut. Je partirai donc sans regret, avec la
satisfaction de me dire que j’ai accompli, avant, jusqu’au bout, la
mission que je m’étais donnée : arracher au roi Philippe ce
document qui lui livrait la France, mon pays. Vous, monsieur,
êtes-vous sûr qu’il en soit de même pour vous ?
    – Que voulez-vous dire ? haleta d’Espinosa, qui se
redressa comme s’il avait été piqué par un fer rouge.
    – Ceci que je vous ai entendu dire à vous-même : le
grand inquisiteur ne saurait mourir avant d’avoir mené à bien la
tâche qu’il s’est imposée pour le plus grand profit de notre sainte
mère l’Église.
    – Démon ! rugit d’Espinosa, douloureusement atteint
dans ce qui lui tenait le plus au cœur.
    – Vous voyez donc bien, continua Pardaillan, implacable,
que nous ne sommes nullement logés à la même enseigne. Je m’en irai
sans regret. Vous, monsieur, vous mourrez désespéré de laisser
votre œuvre inachevée. Ceci dit, monsieur, j’attendrai que vous
reveniez vous-même sur ce sujet. Quant à moi, je suis résolu à ne
plus vous en parler. Quand vous serez décidé, vous me le direz.
Bonsoir !
    Et Pardaillan, sans plus s’occuper de d’Espinosa s’accota contre
le mur, s’arrangea le mieux qu’il put avec son manteau et parut
s’endormir.
    D’Espinosa le considéra longuement, sans faire un mouvement. La
pensée de sauter sur lui à l’improviste, de lui arracher la dague,
de le poignarder avec et de s’enfuir ensuite l’obsédait. Mais il se
dit qu’un homme comme Pardaillan ne se laissait pas surprendre
aussi aisément. Il comprit que le sommeil du chevalier n’était pas
aussi profond qu’il voulait le laisser croire et que, s’il se ruait
sur lui, il viendrait certainement se jeter sur la pointe de la
dague qu’il lui présenterait.
    Il renonça donc à cette idée, qu’il reconnaissait impraticable.
Mais en écartant cette idée il lui en vint une autre. Pourquoi ne
profiterait-il pas du sommeil apparent ou réel de Pardaillan pour
ouvrir la porte secrète et d’un bond se mettre hors de toute
atteinte ? En y réfléchissant bien, ceci lui parut peut-être
réalisable. C’était une chance à courir. Que risquait-il ?
Rien. S’il réussissait, c’était sa délivrance et la mort certaine
de Pardaillan.
    Que fallait-il pour cela ? Ramper un instant dans une
direction opposée précisément à celle où se trouvait Pardaillan.
Celui-ci ne pourrait pas croire à une agression soudaine et
peut-être le laisserait-il approcher suffisamment de l’endroit où
était placé le ressort qui ouvrait la porte.
    Ayant décidé de tenter l’aventure, avec des précautions infinies
il se mit en marche. Il avait avancé de quelques pieds et
commençait à espérer qu’il pourrait mener à bien sa tentative,
lorsque Pardaillan, sans bouger de sa place, lui

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