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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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écoutait gravement, approuvait ou désapprouvait, donnait un
conseil, soufflait une idée. Après quoi, pour clore l’entretien,
elle s’informait immuablement de l’état de don Almaran.
    La veille de ce jour, où nous avons vu Pardaillan arracher la
Giralda aux griffes de Barba-Roja, elle était allée, dans la
soirée, faire sa visite au grand inquisiteur. À ses questions,
d’Espinosa, sur un ton étrange, avait répondu :
    – Les tourments du sire de Pardaillan sont terminés.
    – Dois-je comprendre qu’il est mort ? avait demandé
Fausta.
    Et le grand inquisiteur, sans vouloir s’expliquer davantage,
avait répété sa phrase :
    – Ses tourments sont terminés.
    En ce qui concernait don Almaran, elle avait appris que,
complètement remis, il avait projeté d’aller le lendemain au
château de Bib-Alzar, où l’appelait il ne savait quelle
affaire.
    Fausta avait souri. Elle savait, elle, quelle était cette
affaire qui appelait Barba-Roja à la forteresse de Bib-Alzar. Et
elle était rentrée chez elle.
    Or, ce jour, une heure environ après le moment où nous avons vu
Pardaillan s’éloigner en murmurant : « À nous deux,
Fausta ! », la princesse se trouvait dans ce petit
oratoire de sa maison de campagne qui, on ne l’a pas oublié sans
doute, communiquait par une porte secrète avec les sous-sols
mystérieux de la somptueuse demeure.
    Au moment où nous pénétrons dans cette petite pièce, très
simplement meublée, Fausta terminait un long entretien qu’elle
venait d’avoir avec le Torero.
    – Madame, disait le Torero d’une voix très triste, croyant
m’amener à accepter vos propositions et levant certains scrupules
que j’avais, vous avez eu la cruauté de me faire connaître la
douloureuse et sombre vérité sur ma naissance. Peut-être eût-il été
plus humain de me laisser ignorer cette fatale vérité !…
N’importe, le mal est fait, il n’y a plus à y revenir… Mais votre
but n’est pas atteint. À quoi bon vous obstiner inutilement ?
Je ne suis pas le frénétique ambitieux que vous avez souhaité. Je
n’éprouve aucune jouissance malsaine à la pensée de dominer mes
semblables et, maintenant plus que jamais, je suis résolu à ne pas
me dresser contre celui qui est et restera, pour moi, le roi… pas
autre chose. Mon ambition, madame, est de me retirer dans ce beau
pays de France avec mon ami M. de Pardaillan, et de
tâcher de me faire ma place au soleil. Le rêve de ma vie est de
finir mes jours avec la compagne que j’ai choisie. Celle-là n’a pas
votre incomparable beauté, elle n’a ni titres ni richesses, elle
n’a même pas un nom à elle… Mais je l’aime… et cela suffit.
    – Oh ! gronda Fausta avec rage, aurai-je donc toujours
cette cruelle déception, croyant m’adresser à des hommes, de ne
rencontrer que des femmes… de misérables et faibles femmes, qui ne
vivent que de sentiments !… Pourquoi ne suis-je pas un homme
moi-même ?…
    – Eh ! madame, ne faites pas fi du sentiment. Il nous
aide diantrement à trouver la vie supportable.
    Comme si elle n’avait pas entendu, Fausta continua :
    – Ce Pardaillan que tu veux suivre, misérable insensé, ce
Pardaillan, l’homme du sentiment par excellence, sais-tu seulement
ce qu’il est devenu ?
    – Que voulez-vous dire ? s’exclama le Torero qui
ignorait l’arrestation du chevalier.
    – Mort ! dit Fausta d’une voix glaciale. Mort, ce
Pardaillan dont la pernicieuse influence t’a soufflé ta stupide
résistance. Mort fou… fou furieux… Ah ! ah ! ah ! un
fou furieux était tout désigné pour servir de modèle à cet autre
fou que tu es toi-même ! Et c’est moi, moi Fausta, qui l’ai
acculé à la folie, moi qui l’ai précipité dans le néant.
    – Par le Christ ! madame, si ce que vous dites est
vrai, votre…
    D’un geste violent, Fausta l’interrompit.
    – Tu m’écouteras jusqu’au bout, gronda-t-elle. Et n’oublie
pas qu’au moindre geste que tu feras, tu tomberas pour ne plus te
relever… Ces murs ont des yeux et des oreilles… et je suis bien
gardée… César… puisque tu t’appelles César. Quant à ta bien-aimée…
cette misérable bohémienne pour qui tu refuses le trône que je
t’offre… eh bien !… sache-le donc, misérable fou, elle est
morte… morte, entends-tu ?… morte déshonorée, salie par les
baisers de Barba-Roja… Sois donc fidèle à son souvenir… Peut-être,
toi aussi, à l’imitation de Pardaillan

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